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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg
Autoren: Walter Scott
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perdue, M. Butler et sa femme ne jugèrent pas à propos de faire connaître à lady Staunton une histoire si pleine d’horreurs, et jamais elle ne sut rien de tout ce qu’on vient de lire relativement à son fils. Elle resta à la manse plus d’un an. Sa douleur fut d’abord excessive, elle fit place à une affliction plus calme, et à une mélancolie que la vie paisible qu’elle menait chez sa sœur n’était pas faite pour dissiper. Un bonheur tranquille n’avait jamais eu d’attraits pour Effie, même dans sa plus tendre jeunesse. Bien différente de Jeanie, elle éprouvait le besoin de la dissipation. Elle quitta donc la solitude de Knocktarlity en versant des larmes qui prenaient leur source dans une affection sincère, après avoir comblé ses hôtes de tous les présens qu’elle pouvait croire utiles et agréables pour eux.
    La famille de Knocktarlity apprit dans sa retraite paisible que la belle et riche veuve lady Staunton avait repris sa place dans le grand monde. On ne tarda même pas à recevoir des preuves de son souvenir. Elle envoya à son neveu David Butler une commission pour l’armée, et comme l’esprit militaire de son bisaïeul Bible Butler semblait revivre en lui, sa bonne conduite fit taire la jalousie de cinq cents cadets montagnards de bonne famille, qui ne pouvaient concevoir la rapidité de son avancement. Reuben suivit la carrière du barreau, et s’y distingua aussi, quoique plus lentement. Les charmes et les bonnes qualités d’Euphémie Butler firent la conquête d’un laird montagnard qui ne s’informa jamais quels étaient ses aïeux : la générosité de sa tante en cette occasion ajouta beaucoup à sa fortune ; elle la combla de présens qui rendirent la jeune mariée l’objet de l’envie de toutes les belles des comtés de Dumbarton et d’Argyle.
    Après avoir brillé encore dix ans dans le grand monde ; après avoir, comme tant d’autres, caché les chagrins de son cœur sous le masque de la dissipation et de la félicité ; après avoir refusé plusieurs offres avantageuses qui lui furent faites pour rentrer sous le joug de l’hymen, lady Staunton partagea entre la famille de sa sœur la plus grande partie de ses biens, passa en France, et se retira dans le couvent où elle avait reçu son éducation après son mariage. Elle ne prit jamais le voile, mais elle embrassa la religion catholique, vécut et mourut dans la retraite et dans la pratique des vertus et des bonnes œuvres.
    Jeanie avait trop de l’esprit de son père pour ne pas regretter amèrement l’apostasie de sa sœur. Butler la consola en lui remontrant que toutes les religions étaient préférables au froid scepticisme, et au tourbillon d’une dissipation frivole qui conduit à l’oubli de tous les devoirs.
    Enfin, ces époux estimables, heureux l’un par l’autre, heureux du bonheur, de leur famille, vécurent aimés et respectés, et moururent regrettés par tous ceux qui les avaient connus.
    * *
    *
    Lecteur,
    Je ne vous aurai pas fait lire inutilement cette histoire, si elle sert de preuve à cette grande vérité, que le crime, quoiqu’il puisse atteindre une splendeur temporelle, ne conduit jamais au véritable bonheur ; que les fâcheuses conséquences de nos fautes subsistent long-temps encore après qu’elles ont été commises, et, comme les fantômes des victimes, poursuivent sans cesse le malfaiteur ; – enfin que le sentier de la vertu, s’il ne mène pas aux grandeurs du monde, mène toujours à la douce paix du cœur.
    JEDEDIAH CLEISHBOTHAM.
    L’ENVOI PAR JEDEDIAH CLEISHBOTHAM.
    Ainsi finit le conte du Cœur de Midlothian, qui a rempli plus de pages que je ne pensais. Le Cœur de Midlothian {145} n’existe plus, ou plutôt il est transporté à l’extrémité de la ville, ce qui me rappelle la phrase du sieur Jean-Baptiste Poquelin, dans son amusante comédie intitulée le Médecin malgré lui, où le docteur prétendu, accusé d’avoir placé le cœur à droite et non à gauche, répond :
    « Cela était autrefois ainsi, mais nous avons changé tout cela. »
    Si quelque lecteur demande la traduction de cette ingénieuse réplique, tout ce que je puis répondre, c’est que j’enseigne le français aussi bien que les langues classiques, au prix modéré de cinq shillings par trimestre, comme mes prospectus périodiques le font connaître au public.
    FIN DE LA PRISON D’ÉDIMBOURG.

À propos de cette édition électronique
    Texte libre de
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