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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg
Autoren: Walter Scott
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dit à sir Georges, en apercevant ce bâtiment : – Vous ne sauriez croire combien j’ai de peine à persuader à mes pauvres paroissiens que la contrebande est un trafic criminel. Ils ont pourtant sous les yeux tous les jours ses funestes conséquences. Je ne connais rien qui produise de plus pernicieux effets sur leurs principes de morale et de religion.
    Sir Georges s’efforça de dire quelques mots à voix basse sur l’esprit d’entreprise naturel aux jeunes gens, qu’on doit s’attendre à voir avec le temps plus prudens et plus sages.
    – C’est ce qu’on voit rarement, monsieur, répliqua Butler. Ceux qui consacrent leur jeunesse à ce fatal commerce, surtout quand ils ont pris part aux scènes de violence et de sang qui n’en sont que trop fréquemment la suite, périssent tôt ou tard misérablement. J’ai eu plus d’une occasion de m’en convaincre. L’expérience et l’écriture nous apprennent, sir Georges, que l’homme qui a répandu le sang ne vivra pas la moitié de ses jours. Prenez mon bras pour vous aider à descendre à terre.
    Sir Georges l’accepta, et il en avait besoin, car son corps se ressentait de l’agitation qu’éprouvait son esprit en se rappelant combien de fois il était descendu en cet endroit avec des sentimens bien différens de ceux qui ranimaient en ce moment.
    À peine étaient-ils à terre qu’un grand coup de tonnerre se fit entendre à quelque distance.
    – Est-ce quelque présage, M. Butler ? dit sir Georges.
    – Un présage favorable, sir Georges, répondit Butler en souriant : intonuit lœvum {142} .
    Ils prirent alors un sentier qui traversait un petit bois situé au pied d’une montagne, et qui devait les conduire à la manse de Knocktarlity, où ils étaient attendus avec impatience.
    D’après la lettre de sir Georges, les deux sœurs avaient cru que leurs maris arriveraient la veille. Le séjour des voyageurs à Calder avait occasioné leur retard, et les habitans de la manse commençaient même à douter qu’ils arrivassent ce même jour. Lady Staunton ne savait trop si elle devait s’affliger de ce délai, car elle craignait pour son époux l’impression pénible que son orgueil souffrirait en revoyant une belle-sœur qui connaissait toute l’histoire des égaremens dans lesquels une jeunesse fougueuse l’avait plongé, et dont il rougissait alors ; et elle n’ignorait pas que, quelque empire qu’il pût avoir en public sur ses passions, elle était destinée à le voir s’y abandonner en secret devant elle avec une violence qui lui inspirait en même temps la terreur et la compassion. Elle recommanda cent fois à sa sœur de ne laisser paraître aucune marque d’émotion quand il arriverait, et de l’accueillir comme un homme qu’elle n’aurait jamais vu : elle reçut sa promesse qu’elle se conformerait à ses désirs.
    Jeanie elle-même ne voyait pas approcher sans une espèce d’inquiétude le moment de cette entrevue ; mais sa conscience ne lui reprochait rien, et l’impatience où elle était de revoir Butler après une si longue absence lui faisait désirer que les voyageurs arrivassent le plus promptement possible. Et pourquoi dissimulerais-je la vérité ? Elle avait fait des préparatifs extraordinaires pour recevoir sir Georges Staunton, et elle pensait quelquefois, avec une sorte de regret, que si deux ou trois plats, qui avaient été préparés pour la veille, ne servaient pas le second jour, il ne serait guère possible de les faire paraître le troisième, et alors qu’en pourrait-elle faire ? Elle fut tirée de tout embarras à ce sujet par l’apparition subite du capitaine à la tête d’une demi-douzaine de vigoureux montagnards, armés comme lui de pied en cap.
    – J’ai l’honneur de vous saluer, lady Staunton ; j’espère que j’ai le plaisir de vous trouver en bonne santé. Bonjour, ma bonne mistress Butler ; voulez-vous bien faire donner à ma troupe quelque chose à manger, quelques pots d’ale, quelques verres d’eau-de-vie ? Dieu me damne ! depuis la pointe du jour nous courons les bois et les montagnes, et sans résultat.
    En parlant ainsi, il s’assit, ôta sa toque, et, repoussant sa perruque en arrière, s’essuya la tête d’un air d’aisance et d’importance, sans faire attention à l’air de surprise par lequel lady Staunton tâchait de lui faire comprendre qu’il prenait un peu trop de liberté.
    – Quand on a une mauvaise commission à exécuter, dit
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