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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne
Autoren: Donna Cross
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avoir été renversé, mais jeté en prison.
Anastase mourut en 878, pas en 897. Ces erreurs volontaires restent, j’ose le
croire, des exceptions. Dans l’ensemble, je me suis efforcée de respecter l’exactitude
historique.
    Certains
événements décrits dans ce roman pourront paraître choquants de notre point de
vue, mais ils ne l’étaient pas aux yeux des gens de l’époque. L’effondrement de
l’Empire romain, en entraînant la disparition de la loi et de l’ordre, avait
marqué l’avènement d’une ère de barbarie et de violence sans précédent. Ainsi qu’a
pu l’écrire tristement un chroniqueur contemporain, on vivait alors « l’âge
du glaive, l’âge des vents, l’âge des loups ». La population de l’Europe
avait été réduite de moitié par une désastreuse succession de famines, d’épidémies,
de guerres civiles et d’invasions « barbares ». L’espérance de vie
moyenne était courte : moins d’un quart de la population atteignait
cinquante ans. Il n’existait plus vraiment de villes : les plus grandes
accueillaient tout au plus deux ou trois mille habitants. Rome en comptait une
vingtaine de milliers. Les voies romaines étaient délabrées, les ponts s’étaient
effondrés.
    L’ordre
socio-économique que nous appelons aujourd’hui féodalisme n’avait pas encore
émergé. L’Europe était un seul pays : la France n’existait pas en tant que
nation, pas plus que l’Allemagne, l’Espagne ou l’Italie. Les langues romanes ne
s’étaient pas encore détachées du latin ; on ne parlait ni le français, ni
l’espagnol, ni l’italien, mais un éventail de dialectes issus du bas latin. Le
neuvième siècle, en résumé, marque une société de transition entre une forme de
civilisation morte depuis longtemps et une autre en gestation  – avec tous
les tâtonnements et tous les excès que cela implique.
    La vie, en ces
temps troublés, était plus dure encore pour les femmes. L’époque était
profondément misogyne, influencée par les véhémentes diatribes des pères de l’Église
comme saint Paul ou Tertullien :
     
    Et ne sais-tu
pas que tu es Ève ? [...] Tu es la porte du diable, le traître de l’arbre,
le premier déserteur de la Loi divine ; tu es celle qui a séduit celui que
le diable n’osait approcher. [...] À cause de la mort que tu méritais, le Fils
de Dieu Lui-même a dû mourir.
     
    Le sang
menstruel, disait-on, faisait tourner le vin à l’aigre, stérilisait les
plantations, émoussait le fil des couteaux, rouillait le fer, infectait les
morsures de chien au point de les rendre mortelles. À quelques exceptions près,
les femmes étaient traitées comme d’éternelles mineures, dénuées de tout droit
légal. La loi autorisait leurs maris à les battre. Le viol était traité comme
une forme de menu larcin. On réprouvait leur éducation, car toute femme
instruite était considérée comme une créature contre nature, et même
dangereuse.
    Il n’y a rien d’étonnant,
dans ces conditions, à ce qu’une femme ait choisi de se déguiser en homme afin
d’échapper à cette misérable condition. Outre Jeanne, plusieurs autres ont mené
à bien une telle imposture. Au troisième siècle, Eugénie, la fille du préfet d’Alexandrie,
entra dans un monastère travestie en homme et finit par accéder à la dignité d’abbé.
Son déguisement passa inaperçu jusqu’au jour où elle fut forcée de révéler son
sexe pour s’innocenter de l’accusation d’avoir défloré une vierge. Au douzième
siècle, sous le nom de Joseph, sainte Hildegonde devint moine à l’abbaye de Schönau,
où elle vécut sans être découverte jusqu’à sa mort, bien des années plus tard [11] .
    La lueur d’espoir
allumée par ces femmes pouvait certes paraître bien ténue dans les ténèbres
ambiantes, mais jamais elle ne s’éteignit tout à fait. Une porte restait
entrouverte aux femmes assez courageuses pour rêver. Ce livre conte l’histoire
de l’une d’elles.

CHRONOLOGIE
DES PRINCIPAUX ÉVÉNEMENTS HISTORIQUES
     814 :
Charlemagne meurt le 28 janvier. Jeanne naît le même jour. Louis le Pieux est
couronné empereur.
     
    823 : À
Rome, le primicerius Théodore et le nomenclator Léon sont assassinés en plein
palais. Le pape Pascal prend la défense des meurtriers et frappe d’anathème les
victimes, en considérant leur mort comme un acte de justice.
     
    824 : La Constitutio Romana confère à l’empereur franc le droit
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