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La nef des damnes

La nef des damnes

Titel: La nef des damnes
Autoren: Viviane Moore
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êtes assez intrépides pour braver tous les dangers.
    — Et toi, malgré ta taille et ton poids, tu as la langue aiguisée ! observa Magnus. Ce n’est pas en louant mes qualités que tu me feras oublier que nous faisons demi-tour.
    — Vous savez, ô jarl, que je suis l’homme du roi. Nous ferons vous et moi ainsi qu’il l’a décidé.
    Le jarl se détourna en pestant.
    Quelques instants plus tard, Fesnèque virait de bord.

 
    5
    Le cri de la vigie retentissait encore dans leurs oreilles. À tribord avait jailli de la brume ce que Tancrède prit d’abord pour une île.
    — Allez chercher nos sabres et nos arcs ! ordonna Hugues de Tarse à son protégé.
    — Nos sabres... Bien, maître.
    Le visage du Gréco-Syrien était si grave que Tancrède partit en courant. Quand il revint, l’« île » était plus proche. Sa forme se précisait, mais il fallut à Tancrède encore quelque temps avant de réaliser que ce qu’il prenait pour une terre était en mouvement.
    — Cela devait faire un moment qu’elle était derrière nous, cachée par la brume, remarqua calmement Hugues. Elle a dû essuyer la tempête, elle aussi.
    Tancrède écarquilla les yeux, doutant de lui-même. Un navire comme jamais il n’en avait vu venait sur eux, une galère sortie tout droit de La Guerre du Péloponnèse de Thucydide. Un dromon à la coque haute et longue comme la muraille d’une citadelle, avec deux rangs de rames, des mâts immenses, une proue recouverte de plaques de métal, des châteaux avant et arrière armés de machines de guerre. Hugues avait glissé son arc turquois en bandoulière et son sabre à sa ceinture. Comme dans un rêve, le jeune Normand entendit le cor qui sonnait l’alerte.

 
    LE NAVIRE DE MÉTAL

 
    6
    La brume se dissipait, et c’est dans un demi-jour blafard que les gardes jetèrent des seillées d’eau sur les esclaves enchaînés.
    Les marins avaient nettoyé le pont, s’activant sous les ordres des officiers à réparer ce qui pouvait l’être et à éliminer la poussière rouge qui s’était glissée partout. On avait jeté les cadavres à la mer et le dromon était reparti. Il fallait deux cents galériens et deux rangs de rames pour mouvoir l’énorme vaisseau quand il ne déployait pas ses voiles carrées.
    Le fouet frappait les échines courbées. Au rang supérieur, trois hommes étaient nécessaires pour manier chaque longue rame, le premier tenant la poignée, les deux autres les arceaux de manille qui couraient le long du fût. Les ordres du surveillant rythmaient la nage.
    — Passez le banc !
    Les galériens, debout sur la planche qui sépare les bancs, montaient sur le banc précédent afin que les pelles mordent dans l’eau avant de se jeter en arrière pour retomber de tout leur poids à leurs places. Au pied des tours de combat allaient et venaient marins et mercenaires. Sur le château central se tenaient les officiers supérieurs et le commandant de bord, le ra’is.
    Petit et trapu, enveloppé d’une luxueuse cape pourpre insigne de son commandement, le ra’is était le fils d’un calife almohade d’Oran. Moitié corsaire moitié pirate, il parcourait la Méditerranée à la recherche de galères marchandes. Pour l’instant, tout dans son attitude montrait sa colère.
    Partis d’Oran pour arraisonner un convoi de galées vénitiennes, ils avaient été déroutés par la tempête, avaient failli démâter, perdu des rameurs et des espars et enfin, pour comble, une voie d’eau avait été découverte dans la cale. Le fructueux butin que le commandant imaginait rapporter en triomphe vers leur port d’attache lui passait sous le nez.
    Il reposa la question à laquelle aucun de ses officiers n’avait su répondre et cette fois, il s’adressa à l’un d’entre eux, un Franc dont il louait fort cher les services :
    — Sommes-nous, oui ou non, obligés de faire escale pour réparer ?
    En bon marin, l’homme avait évalué la situation. La tempête les avait sérieusement endommagés, ils avaient perdu des galériens et oui, il était préférable de réparer. Par contre, tout comme les autres officiers, il savait aussi qu’être le porteur d’une nouvelle comme celle-là, c’était risquer de s’attirer le courroux du commandant, ce qu’il ne voulait à aucun prix.
    — Je n’aimerais pas tirer de conclusions hâtives devant un seigneur aussi avisé que vous, ô ra’is , fit-il en s’inclinant très bas. M’autorisez-vous à questionner
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