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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour
Autoren: Michel Zévaco
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enfin, appuyant ses lèvres sur le bout de ses deux mains réunies et envoyant un dernier baiser à la morte, il était pâle comme un mort…
    Ses yeux ne se levèrent point sur sa fille.
    Mais d’une voix humble et basse, il murmura :
    – J’attends votre arrêt… Ce que vous direz, c’est la morte qui l’aura dit… mon enfant !…
    Chancelante, à bout de forces, les bras ouverts, Jeanne s’avança vers Armand de Tournehem, et, par le même profond sentiment qui venait de faire cesser son tutoiement, à lui, elle se mit à lui dire « tu ».
    – Père, fit-elle d’une voix étouffée, tu veux donc que je pleure à la fois mon père et ma mère, puisque tu ne me tutoies plus ? Je ne suis donc plus ta petite Jeannette… ta petite Toinon… père… père chéri !…
    – Puissances du ciel ! rugit Armand de Tournehem. Elle m’a pardonné !… Jeanne ! Notre fille me pardonne !…
    Et cet homme, dans un tremblement convulsif de sa gorge, eut un effrayant sanglot.
    Sa fille s’était abattue dans ses bras.
    Il la saisit frénétiquement, l’enleva comme une plume, l’emporta en courant à travers le bois, comme jadis il l’avait emportée de son berceau, pauvre bébé qui lui tendait ses innocentes menottes…
    – Ma mère… mon père… murmurait Jeanne extasiée de cette vérité qui était descendue en elle et qui, selon son mot, était si terrible et si douce.
    Mais, comme Armand de Tournehem traversait la clairière dans une course éperdue, comme il passait à l’endroit où s’était arrêtée la chasse royale, brusquement, Jeanne ferma les yeux…
    Il lui sembla qu’en un tel moment, l’image qui entrait dans son cœur commettait un sacrilège…
    Elle voulait la repousser…
    Mais plus forte que sa piété pour la chère morte, que sa tendresse pour le père retrouvé, l’image, puissante, déjà maîtresse de ce pauvre cœur, y entra triomphalement… l’image d’un élégant cavalier qu’entourait le respect d’une foule de grands seigneurs… l’image du roi… de Louis XV…
    Et tout au fond de son être, avec un énigmatique sourire qui voltigea sur ses lèvres pâlies, avec la douceur de l’amour, avec l’obstination d’une grande volonté qui montait en elle, la fille de celle qui dormait sous la tombe sans nom murmura :
    – Le roi !… Le
Bien-Aimé…
mon bien-aimé !…
    q

Chapitre 3 LE SACRIFICE
    L e lendemain de l’émouvante scène sur la tombe au fond du parc royal…
    A Paris… Rue des Bons-Enfants.
    D’un somptueux carrosse, un homme vient de descendre et pénètre dans un hôtel de style Régence.
    Un homme jeune, certes, par l’âge, puisque à peine atteint-il vingt-six ans ; mais comme il est chétif, malingre dans son habit d’une élégance insolente ! Son visage est celui d’un vieillard, avec ses traits flétris par la débauche ou par les soucis d’ambition : seuls les yeux, d’un gris vitreux lorsqu’ils se sentent observés, ont parfois un éclair qui révèle d’indomptables volontés.
    Avec respect, les domestiques du petit hôtel Régence sont accourus à sa rencontre.
    Et lui, familièrement, en habitué, se dirige vers l’escalier qui conduit au premier étage, lorsque d’un petit salon d’attente, sort une femme qui, rapidement, saisit sa main, l’entraîne, et murmure :
    – Venez… il y a du nouveau.
    La femme, c’est M me  Poisson, la « Poison » !
    L’homme, nous allons le voir à l’œuvre…
    Presque au même moment, un piéton qui marche lentement, appuyé sur un bâton d’épine, est entré dans la rue, est arrivé à la hauteur du carrosse arrêté devant le portail du petit hôtel, a regardé avec attention autour de lui, puis, indécis, s’est adressé à l’un des valets de pied.
    – Excusez… monsieur. L’hôtel d’Argenson… connaissez-vous ?…
    Le valet, par reconnaissance d’avoir été appelé « monsieur », daigne répondre. Il étend la main vers un grand bâtiment, en face, de l’autre côté de la rue, et dit :
    – Là !…
    – Courage, François Damiens ! murmure le piéton en tressaillant.
    Une minute, il hésite, comme si sa pensée vacillait au souffle de quelque tempête.
    Puis, redressant sa taille, une flamme dans les yeux, il traverse la rue, s’enfonce, disparaît sous le vaste portail du grand bâtiment sombre : l’hôtel de M. le ministre d’Etat, marquis d’Argenson, chez qui, presque tous les jours, le roi venait conférer des affaires
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