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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour
Autoren: Michel Zévaco
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il y a un mois, jour pour jour ! – Et elle ? Elle ? haleta Armand en désignant Jeanne. – Elle ! répondit le médecin… Dans une heure, elle sera morte !
    Un sanglot déchira la gorge de M. de Tournehem.
    Et, comme s’il eût craint de ne pouvoir achever, il se hâta de continuer :
    – Le médecin se retira. Armand se jeta à genoux, saisit la main de sa maîtresse, pleura, cria, supplia, demanda pardon… Jeanne revint enfin à elle… Lorsqu’elle vit Armand, un ineffable sourire illumina ses pauvres yeux… Elle voulut parler… la voix expira sur ses lèvres flétries… Alors, rassemblant ses dernières forces, elle se souleva, et d’un geste tragique montra à Armand l’enfant qui s’était endormi dans son berceau et souriait doucement… Puis elle retomba pour jamais !…
    – Mon oncle ! mon oncle ! murmura la jeune fille palpitante d’angoisse. Qui dort sous cette tombe ? Je veux le savoir !…
    – Ecoute, écoute encore, enfant !… Armand, sur le corps de la pauvre morte, fit un serment solennel. Et celui-là, du moins, il espère l’avoir tenu… Deux jours plus tard, il emporta le bébé, pauvre créature innocente qui, vaguement, lui tendait ses petites menottes comme pour crier au secours… Puis il revint et fit enterrer Jeanne dans un petit terrain qu’il acheta dans les bois… Sur la tombe, simple dalle de marbre blanc, il renouvela son serment… tu sauras tout à l’heure les termes de ce serment… L’enfant fut confié à une famille de braves gens qui reçurent les instructions nécessaires. Armand voulait en effet que, plus tard, son enfant ne fût pas considérée comme une fille naturelle… une bâtarde…
    – C’était une fille ! balbutia Jeanne d’une voix mourante.
    – La fillette fut donc enregistrée à la paroisse de Saint-Jacques-de-la-Boucherie… comme fille légitime de… mais qu’importe le nom !… Quant à Armand, Paris et la France même lui devinrent insupportables. Chacun de ses pas se heurtait à un remords… Il fit de longs voyages… Mais à chaque fois qu’il toucha la terre de France, il revint sur la tombe de Jeanne pleurer et renouveler son serment. Ce serment, le voici… écoute !…
    M. de Tournehem se leva et fit un pas vers la tombe.
    La jeune fille, debout aussi, la figure dans les deux mains, frissonnante, éperdue, bégaya :
    – Que vais-je apprendre en ce jour !… quelle vérité terrible et douce va descendre en moi !…
    M. de Tournehem étendit la main au-dessus de la dalle de marbre… de la tombe sans nom, et prononça :
    – Pour la sixième fois, moi Armand Le Normand de Tournehem, je renouvelle la parole que je t’engageai sur ton lit de mort. O toi que j’ai aimée… que j’ai tuée… dors en paix ! Je jure que notre enfant sera à l’abri du malheur. Je jure que jamais, par ma faute, une larme ne coulera de ses yeux. Je jure que ma vie, ma fortune, mon intelligence, ma volonté seront par moi jonchées sous ses pas, afin que la route de sa vie, à elle, lui soit plus douce… afin que tout le bonheur dont tu as été sevrée s’accumule sur sa tête !… Dors en paix !… »
    A ces paroles de M. de Tournehem, répondit un cri déchirant :
    – Ma mère ! Ma mère ! Ma mère !…
    Et ce cri, c’était Jeanne qui le poussait.
    Elle s’abattit à genoux, laissa tomber son front sur la dalle, et, toute secouée de sanglots, avec une infinie douceur, elle répéta :
    – Ma mère !… Ma mère !…
    – Et maintenant, continuait Armand de Tournehem, maintenant, ô morte adorée, en présence de notre enfant qui m’écoute, je te demande humblement si je suis pardonné !… Si mon exil a assez duré, si la punition a racheté le crime, parle, ô ma Jeanne, dicte à ta fille la parole de paix et de pardon que, depuis vingt ans, mon cœur espère !…
    – Ma mère !… Ma mère !… Ma mère !…
    Longtemps, la jeune fille demeura prosternée, les genoux sur la terre, les lèvres collées au marbre, répétant le mot sublime qui enferme en soi toute la joie et toute la douleur humaine, le redisant avec une sorte de douloureux ravissement, comme si elle eût voulu payer d’un seul coup à cette morte inconnue toute la tendresse, toutes les caresses, toutes les effusions de son cœur.
    Armand de Tournehem s’était reculé de deux pas, et il attendait, sans un geste.
    Seulement, il eut fait pitié à qui l’eût vu en ce moment…
    Et lorsque Jeanne se releva
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