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La Marquis de Loc-Ronan

La Marquis de Loc-Ronan

Titel: La Marquis de Loc-Ronan
Autoren: Ernest Capendu
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été assassiné dans les genêts.
    – Assassiné ! s’écria Jahoua ; par qui donc ?
    – Par les patriotes de Rosporden ! Un soir que le pauvre vieux revenait de Quimper, où il s’était rendu, espérant toujours recueillir quelques nouvelles de sa fille, il a été arrêté par une troupe de sans-culottes de Rosporden, qui rentraient en ville après avoir été fraterniser, comme ils disent, avec les brigands de Quimper. Ils ont voulu lui faire crier : «  Vive la République ! » Yvon n’a pas voulu. Les autres ont insisté. Tu connaissais le vieux pêcheur ; tu penses si on pouvait le faire céder facilement. Aux sommations des autres, il répondit invariablement par les cris de : «  Vive le roi ! » Les bandits exaspérés le contraignirent à se mettre à genoux, et comme Yvon ne se rendait pas à leurs ordres réitérés de crier comme eux et avec eux, trois patriotes se jetèrent sur lui, le terrassèrent, le garrottèrent, et, l’attachant ensuite à un arbre, le prirent pour cible. Les lâches déchargèrent en riant leurs fusils sur le vieillard. Le lendemain, on retrouvait son cadavre, et les trois patriotes se vantaient hautement dans le pays de leur expédition.
    – Ah ! dit Jahoua, nous saurons un jour le nom de ces infâmes.
    – Je les ai sus, moi, répondit Keinec.
    – Alors nous vengerons Yvon !
    – C’est fait !
    – Que dis-tu, mon gars ?
    – Je dis que je me suis rendu à Rosporden ; que je m’y suis caché trois jours de suite. Le deuxième jour, à la nuit tombante, je me suis glissé dans la maison qu’habitaient ensemble deux des assassins d’Yvon. L’un d’eux dormait, je l’ai poignardé. L’autre a voulu crier et se défendre, je lui ai brisé le crâne d’un coup de ma hache. Le lendemain, je m’embusquai en guettant le troisième, et la balle de ma carabine l’atteignit en pleine poitrine. Il est tombé sans pousser un soupir. Yvon était vengé. La mission que m’avait confiée M. de Boishardy avait été remplie quelques jours auparavant ; rien ne me parlait d’Yvonne ; je partis, et me voilà !
    Jahoua serra silencieusement la main de Keinec. Le jeune homme reprit :
    – Je suis allé aussi à la baie des Trépassés.
    – Et Carfor ?
    – Il n’a pas reparu.
    – Keinec, dit Jahoua, quand je pense comment cet homme nous a échappé, je suis tenté de croire à la vertu de ses sortilèges.
    – C’est étrange, en effet.
    – Quand nous l’avons forcé à nous dire ce qu’était devenue Yvonne, il était brisé par la douleur.
    – Je me souviens. Et même nous l’avions porté dans cette crevasse des falaises dont nous avions fermé l’ouverture.
    – Oui ; et nous devions l’y retrouver ! il devait mourir là !
    – Le lendemain, cependant, il n’y était plus.
    – Et personne ne l’avait vu dans le pays.
    – Qui a pu le délivrer ?
    – Oh ! c’est incroyable de penser qu’un autre ait été le découvrir dans cet endroit.
    – D’autant plus incroyable, que personne n’osait descendre dans la baie.
    – Et pourtant il n’y était plus.
    – Il aura appelé le diable à son aide !
    En ce moment Fleur-de-Chêne entra dans la cabane.
    – Viens ! dit-il à Keinec.
    Le jeune homme s’empressa de le suivre, après avoir promis à Jahoua de revenir promptement.

III – LA CONFÉRENCE
    Keinec et son guide traversèrent le placis, et pénétrèrent dans le réduit qui servait d’habitation au chef. Un paysan en gardait l’entrée.
    – Attends ! fit Fleur-de-Chêne en laissant Keinec sur le seuil, et en disparaissant dans l’intérieur.
    Mieux disposée que les autres, la cabane était divisée en deux compartiments. Fleur-de-Chêne reparut promptement dans le premier.
    – Faut-il entrer ? demanda Keinec.
    – Pas encore ; dans quelques minutes on t’appellera.
    Keinec s’appuya contre le tronc d’un arbre voisin. On entendait confusément un bruit de voix animées s’échapper de l’intérieur.
    La demeure du chef n’était pas mieux meublée que celle des soldats. Dans la première pièce, un banc de bois et une petite table. Dans la seconde, celle-ci était la chambre à coucher, une paillasse de fougère étendue dans un angle. Cinq ou six chaises et une vaste table en chêne composaient le reste de l’ameublement. Cinq hommes étaient assis autour de la table sur laquelle était étendue une carte détaillée de la Vendée et de la Bretagne. Quatre d’entre eux
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