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La Marquis de Loc-Ronan

La Marquis de Loc-Ronan

Titel: La Marquis de Loc-Ronan
Autoren: Ernest Capendu
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commençons à être fatigués de cette émigration qui ne fait rien, qui parle sans cesse, et qui, lorsque nous aurons prodigué notre sang pour rétablir la monarchie, viendra, sans nous honorer d’un regard, reprendre les places qu’elle dira lui appartenir ! Morbleu ! qu’elle les garde donc ces places, ou tout au moins qu’elle les défende ! Pourquoi a-t-elle pris la fuite, cette émigration qui doit tout abattre ? Est-ce le devoir d’un gentilhomme d’abandonner son roi lorsque le danger menace ? Répondez, monsieur le marquis ! Vous prétendez que les émigrés veulent venir en Bretagne. Qui les en empêche ? qui s’oppose à leur venue parmi nous ? qui les retient de l’autre côté du Rhin, où il n’y a rien à faire ? Pourquoi ces retards ? Est-ce d’aujourd’hui, d’ailleurs, qu’ils devraient songer à combattre dans nos rangs et à donner leur sang comme nous avons donné le nôtre ? Leur place n’est-elle pas auprès de nous ? Encore une fois, monsieur, répondez !
    Boishardy s’arrêta. Cormatin et Chantereau approuvaient tacitement. Marcof reprit la parole sans laisser le temps au marquis d’articuler un mot.
    – Quand monsieur de Jausset a parlé d’hommes de naissance pour commander, dit-il, il a dirigé ses regards vers moi.
    – Après ?… fit dédaigneusement le marquis.
    – Je lui demanderai donc ce qu’il avait l’intention de dire.
    – C’est fort simple. Il y a ici une confusion de rangs incroyable, vous avez obéi à un Cathelineau. Vous avez pour chefs des gens nés pour pourrir dans les grades inférieurs.
    – Comme moi, n’est-ce pas ?
    – Comme vous, mon cher.
    Marcof pâlit. Boishardy voulut s’interposer, le marin l’arrêta.
    – Ne craignez rien, dit-il ; je traite les hommes suivant leur valeur, et je ne me fâche que contre les gens qui en valent la peine.
    Puis, se tournant vers le marquis :
    – Monsieur, continua-t-il, vos amis de Gand et de Coblentz nous considèrent, nous, les vrais défenseurs du trône, comme des laquais qui gardent leurs places au spectacle. Si vous leur écrivez, rappelez-leur ce que je vais vous dire ; et, si vous ne leur écrivez pas, faites-en votre profit vous-même.
    – Qu’est-ce donc, je vous prie ?
    – C’est que, n’ayant rien fait, ils n’ont droit à rien, et qu’ils ne pourront être désormais quelque chose qu’avec notre permission et notre volonté.
    – Très bien ! dirent les autres chefs.
    – Et quant à vous, monsieur, vous n’aurez le droit de parler ici, devant ces messieurs, devant moi, que quand vous aurez accompli seulement la moitié de ce que chacun de nous a fait. Je ne vous en demande que la moitié, attendu que je vous crois incapable d’en essayer davantage.
    – Et moi, répondit le marquis, je vous préviens qu’à partir de ce jour vous n’êtes qu’un simple soldat.
    – En vertu de quoi ?
    – En vertu de ceci.
    Et le gentilhomme posa un papier plié sur la table.
    – Qu’est-ce que cela ? demanda Boishardy.
    – Une commission de monseigneur le régent du royaume, Son Altesse Royale le comte de Provence.
    – Un brevet de maréchal de camp, fit Boishardy en lisant froidement le papier et en le rendant au marquis.
    – Vous comprenez ?
    – Je comprends que ce grade vous sera accordé quand nous aurons vu si vous en êtes digne.
    – En doutez-vous ?
    – Certainement.
    – Vous m’insultez ! s’écria le marquis en portant la main à la garde de son épée.
    – Il ne peut y avoir de duel ici, répondit Boishardy avec dédain.
    – Pardon ! je croyais être entre gentilshommes. Mais répondez nettement. Refusez-vous oui, ou non, de m’obéir ?
    – Oui, mille fois oui !
    – Je me plaindrai ; j’en appellerai aux royalistes.
    – Faites.
    – On vous retirera vos troupes, monsieur de Boishardy.
    – Si vous demandez cela, priez Dieu de ne pas réussir, monsieur le marquis de Jausset.
    – Et pourquoi ?
    – Parce que, s’écria Boishardy avec véhémence, je vous ferais fusiller avec votre brevet sur la poitrine.
    – Vous oseriez ?
    – N’en doutez pas.
    – Et M. de Boishardy a parfaitement raison, ajouta Cormatin. Jusqu’ici, monsieur le marquis, nous nous sommes passés de l’émigration, et nous saurons nous en passer encore. Je vous engage à retourner à Gand : c’est là qu’est votre place. Mais gardez-vous de pareilles rodomontades devant d’autres chefs. Tous n’auraient pas la
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