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La Marquis de Loc-Ronan

La Marquis de Loc-Ronan

Titel: La Marquis de Loc-Ronan
Autoren: Ernest Capendu
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patience de mon ami, et, tout gentilhomme que vous êtes, vous pourriez bien être accroché à une branche de chêne.
    – Messieurs ! messieurs ! s’écria le marquis blême de colère, il faut que l’un de vous me rende raison de tant d’insolence !
    – Assez ! fit Boishardy.
    Il appela Fleur-de-Chêne en entr’ouvrant la porte. Le paysan accourut.
    – Tu vas prendre dix hommes avec toi et escorter monsieur, continua-t-il en désignant le marquis. Tu le mèneras à La Roche-Bernard, et là monsieur s’embarquera pour aller où bon lui semblera.
    Le marquis se leva brusquement et sortit sans dire un mot.
    – Tonnerre ! s’écria Marcof, on ose nous envoyer de pareils hommes avec des brevets dans leur poche.
    – Les émigrés sont fous, dit Chantereau.
    – Pis que cela, répondit Boishardy, ils sont ridicules ! Mais oublions cette scène et reprenons notre conversation au moment où cet imbécile empanaché est venu nous interrompre. Vous, Cormatin, quelles nouvelles de la Vendée ?
    – Mauvaises, répondit le chouan en s’avançant. Depuis la bataille de Cholet, Charette s’est tenu isolé dans l’île de Noirmoutier, dont il a fait son quartier général. Il y a quelques jours seulement, il apparut dans la haute Vendée pour y recruter des hommes. Un conseil tenu aux Herbiers l’a confirmé dans son commandement en chef.
    – Mais, dit Boishardy, n’a-t-il pas vu La Rochejacquelein ? Celui-ci est passé ici se rendant en Vendée cependant ; et, depuis, je n’en ai pas eu de nouvelles.
    – Si ; ils se sont vus à Maulevrier.
    – L’entrevue a été mauvaise. Ils ne s’aiment pas.
    – Oh ! s’écria Marcof ; toujours la même chose donc ; ici comme parmi les bleus ! Quoi ! Charette et La Rochejacquelein ne réunissent pas leurs forces ? Ils font passer l’intérêt personnel avant le salut de la royauté, les causes particulières avant la cause commune ? De stupides rancunes, de sots orgueils l’emportent sur le bien de la patrie ?
    – La Rochejacquelein a repassé la Loire, continua Cormatin.
    – Et, ajouta Chantereau, il marche sur le Mans.
    – Où il trouvera Marceau, Kléber et Canuel avec des forces triples des siennes ! dit Marcof. Enfin, espérons en Dieu, messieurs.
    – Et attendons ici les résultats de cette marche nouvelle, ajouta Boishardy. La Rochejacquelein m’a ordonné de garder à tout prix ce placis, qui renferme d’abondantes munitions et offre une retraite sûre en cas de revers. Vous, Cormatin, et vous Chantereau, regagnez vos campements et tenez-vous, prêts à agir et à vous replier sur moi au premier signal. Adieu, messieurs ! fidèles toujours et quand même, c’est notre devise. Que personne ne l’oublie !
    Les deux chefs prirent congé et s’éloignèrent. Marcof et Boishardy demeurèrent seuls. Il y eut entre eux un court instant de silence. Puis, Boishardy s’approchant vivement du marin :
    – Vous avez donc été à Nantes ? dit-il.
    – Oui, répondit Marcof.
    – Si vous aviez été reconnu ?
    – Eh ! il fallait bien que j’y allasse, aurais-je dû affronter des dangers mille fois plus terribles et plus effrayants.
    – Vous vouliez tenter de revoir Philippe, n’est-ce pas ?
    – Oui.
    – Avez-vous réussi ?
    – Malheureusement non.
    – Ainsi, il est toujours dans les prisons ?
    – Toujours.
    – Et cet infâme Carrier continue à mettre en pratique son système d’extermination ?
    – Plus que jamais.
    – Philippe est perdu, alors ?
    – Perdu, si je ne parviens à le sauver avant huit jours.
    – Le sauver ! Est-ce possible ?
    – Je n’en sais rien.
    – Mais vous le tenterez ?
    – Je partirai pour Nantes demain même.
    – C’est une folie ! C’est tenter le ciel par trop d’imprudence.
    – Folie ou non, je le ferai. Je sauverai le marquis de Loc-Ronan, ou nous mourrons ensemble.
    – Quels sont vos projets ?
    – Tuer Carrier, répondit Marcof sans la moindre hésitation.
    – Mais vous ne parviendrez jamais jusqu’à lui !
    – Peut-être.
    Boishardy se promena avec agitation dans la chambre, puis revenant se poser en face de Marcof :
    – Vous partez demain ? dit-il.
    – Oui.
    – Vous pensez qu’avant huit jours d’ici vous aurez sauvé Philippe ?
    – Ou que nous serons morts tous deux.
    – Bien !
    – Vous m’approuvez, n’est-ce pas ?
    – Je fais mieux.
    – Comment cela ? dit Marcof étonné.
    – Je vous aide.
    – Je
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