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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler
Autoren: Thomas Keneally
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méticulosité qui trahissait leurs craintes.
    Pendant ce temps, Pfefferberg et Lisiek, l’ordonnance, s’acharnaient à faire disparaître la crasse de la baignoire de Goeth. De la salle de bains, ils pouvaient entendre la musique, les rires et des bribes de conversation. Lena, en bas, avait déjà servi le café et s’était éclipsée dans sa cuisine avant de subir de nouvelles avanies.
    Après avoir bu rapidement leur café, Madritsch et Titsch prirent congé de leur hôte. Schindler, malgré les protestations de la petite Polonaise, déclara qu’il n’allait pas tarder non plus. Il en savait trop sur la conduite des SS en Pologne pour ne pas éprouver un certain malaise à être là, dans cette maison, en train de boire et de plaisanter avec eux. Alors, l’amour, merci ! S’il était monté avec la fille, il n’aurait pas pu s’empêcher d’imaginer Bosch, Scherner et Goeth en train de faire la même chose au rez-de-chaussée, au premier étage ou même dans les escaliers. Herr Schindler, qui ne croyait guère à l’abstinence, préférait encore jouer les moines que se taper une fille chez Goeth.
    Il fit encore un brin de conversation avec Scherner, évoquant la guerre, les terroristes polonais, l’approche de l’hiver. Il ne voulait pas vexer la fille, et il cherchait à lui faire comprendre que Scherner, c’était comme un frère, et qu’on ne partage pas la compagne d’un frère… Il prit soin, toutefois, de lui baiser la main en la quittant. Goeth, pendant ce temps, complètement débraillé, était en train de s’esquiver avec la fille qui avait été sa compagne de table. Oskar salua à la ronde et rejoignit le commandant qu’il prit par l’épaule.
    — Oh ! déjà terminé, Oskar ? bredouilla celui-ci.
    — Les obligations, mon vieux…
    Goeth n’avait pas de mal à imaginer de quelles obligations il s’agissait : Ingrid, sa maîtresse allemande.
    — Vous êtes un sacré lapin, dit Goeth.
    — Allons, je ne vous arrive pas à la cheville, répliqua Oskar.
    — Puisque vous le dites, Oskar… Bon, on va… Mais oui, où va-t-on au fait ?
    Bien qu’il eût fait semblant d’interroger la fille, il répondit lui-même à la question :
    — Ah oui ! on va à la cuisine voir si Lena fait son boulot correctement.
    — Mais non, dit la fille en riant. On a d’autres choses à faire…
    Elle le poussa vers l’escalier, évitant ainsi à Lena, sans doute par solidarité féminine, de prendre une dernière correction. Schindler regarda le couple qui montait l’escalier en titubant un peu, la frêle jeune fille essayant de soutenir comme elle pouvait l’officier bedonnant. Goeth avait l’air mûr pour dormir vingt-quatre heures d’affilée, mais Oskar savait que l’étonnante constitution du personnage lui permettrait de récupérer très vite. Peut-être même, après s’être occupé de la fille, déciderait-il d’écrire une lettre à son père, à Vienne. Quoi qu’il en soit, ne devrait-il dormir qu’une heure, il serait très exactement à 7 heures du matin sur sa terrasse, fusil en main et prêt à faire un carton sur le premier prisonnier polonais qui ne travaillerait pas comme il l’entendait.
    Quand Goeth et la fille eurent disparu sur le palier du premier étage, Schindler, au lieu de se diriger vers la porte, traversa le vestibule dans la direction opposée.
    Pfefferberg et Lisiek entendirent le commandant pénétrer dans la chambre avec la fille. La tuile. Ils ne l’attendaient pas si tôt. Ramassant en hâte leur matériel, ils se glissèrent à pas de loup dans la chambre et tentèrent de s’esquiver par la porte la plus éloignée du lit. Goeth, encore debout, aperçut les deux silhouettes tenant à la main des objets qu’il ne parvenait pas à identifier. Il fut aussitôt sur ses gardes. Lisiek pressentant le danger, se mit au garde-à-vous pour faire un rapport approprié. Le commandant était rassuré : ce n’étaient que de vulgaires prisonniers.
    — Herr Commandant, balbutia Lisiek en pleine panique, la baignoire était sale et…
    — Je vois, dit Amon, vous avez fait appel à un expert. Approchez donc, mon mignon !
    Lisiek s’avança et reçut une baffe si monumentale qu’il alla s’étaler le long du lit. Amon réitéra l’ordre de s’approcher, pensant que cette petite scène pourrait amuser la fille. Lisiek se releva et fit quelques pas. Avec sa longue expérience de prisonnier, Pfefferberg s’attendait au pire. Allait-on les
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