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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges
Autoren: Bernard Cornwell
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voisin.
    Là, il se mit à courir comme s’il avait le diable à ses
trousses. Lorsqu’il eut atteint la colline de la Lipp, un carreau d’arbalète frappa
l’herbe tout près de lui et deux arbalétriers se mirent à sa poursuite. Mais
Thomas était jeune, grand, fort et rapide. Il traversa à flanc de colline une
pâture toute fleurie de primevères et de marguerites, franchit d’un bond une
barrière qui fermait la haie puis tourna à droite en direction du sommet de la
colline. Ayant dépassé la crête, il courut jusqu’à un petit bois sur l’autre
versant et là, il se laissa tomber sur le sol pour reprendre son souffle au
milieu des jacinthes. Seul lui parvenait le bêlement des agneaux qui paissaient
dans un pré voisin. Il tendit l’oreille. Personne ne venait vers lui. Les
arbalétriers avaient abandonné la poursuite.
    Thomas resta allongé un long moment puis il décida de
retourner vers le sommet en rampant avec précaution. De là, il aperçut au loin
une file de vieilles femmes et d’enfants qui s’éparpillaient sur la colline
voisine. Ceux-là avaient d’une manière ou d’une autre réussi à échapper aux
arbalétriers et fuyaient certainement vers le nord pour prévenir sir Giles
Marriott. Mais Thomas ne se joignit pas à eux. Il se fraya un chemin jusqu’à un
bosquet de noisetiers où fleurissaient des mercuriales vivaces. De ce poste, il
pouvait observer l’agonie du village.
    Les hommes transportaient leur butin jusqu’à quatre bateaux
tirés sur les galets du Hook. Les premiers toits de chaume commençaient à
s’enflammer. Deux chiens étaient étendus morts dans la rue auprès d’une femme
toute nue que des soldats maintenaient au sol tandis que d’autres relevaient
leur cotte de mailles en attendant leur tour. Thomas la reconnut. Peu de temps
auparavant, elle avait épousé un pêcheur dont la première femme était morte en
couche. Elle était si enjouée et heureuse alors ! À présent, c’était bien
autre chose. Elle essaya de s’échapper en rampant mais un soldat lui donna un
coup de pied dans la tête et se pencha vers elle avec un éclat de rire. Thomas
aperçut Jane que l’on traînait vers les bateaux et il eut honte d’éprouver du
soulagement à la pensée que son père n’apprendrait pas qu’elle était enceinte
de lui. D’autres maisons furent incendiées avec de la paille enflammée que les
Français jetaient sur les toits et Thomas vit la fumée tournoyer et s’épaissir.
Ensuite, il avança à travers les jeunes noisetiers jusqu’à un épais buisson
d’aubépines en fleur qui formait un écran blanc. Là, il tendit son arc.
    C’était le meilleur arc qu’il ait fabriqué. Il avait été
taillé dans du bois qui avait échoué sur la plage après le naufrage d’un navire
dans le chenal. Une douzaine de pièces avaient été poussées par le vent du sud
sur les galets de Hookton et le piqueur de sir Giles Marriott avait dit qu’il
s’agissait probablement d’ifs d’Italie car c’était le plus beau bois qu’il eût
jamais vu. Thomas avait vendu à Dorchester onze de ces piquets aux fibres si
denses, mais il avait conservé le meilleur. Il l’avait taillé, avait chauffé
les extrémités pour les incurver légèrement dans le sens contraire à celui des
fibres, après quoi il avait badigeonné l’arc avec un mélange de suie et d’huile
de lin. Il avait fait bouillir cette mixture dans la cuisine de sa mère pendant
que son père s’était absenté. Celui-ci n’en avait jamais rien su. À plusieurs
reprises, il s’était plaint de l’odeur et la mère de Thomas avait dû lui dire
qu’elle avait préparé du poison contre les rats. Il avait fallu badigeonner
l’arc avec ce mélange pour empêcher le bois de sécher, car sinon il serait
devenu cassant et fragile. En séchant, la potion avait donné au bois une belle
couleur dorée, exactement semblable à celle des arcs que son grand-père
fabriquait dans le Weald, mais Thomas avait souhaité qu’elle soit plus foncée.
Il avait incorporé une plus grande quantité de suie et avait frotté le bois
avec de la cire d’abeille pendant quinze jours, jusqu’à ce que l’arc soit aussi
foncé que la poignée de la lance de saint Georges. Il ajusta à ses deux
extrémités deux pièces de corne entaillées afin d’y fixer la corde qu’il avait
tressée avec du fil de chanvre puis trempée dans de la colle de sabot. Ensuite,
il avait ajouté un renfort de chanvre à l’endroit
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