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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges
Autoren: Bernard Cornwell
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où venait s’ajuster la
flèche. Il avait volé quelques pièces a son père pour pouvoir s’acheter des
pointes de flèche puis avait confectionné les tiges avec des rameaux de Irène
garnis de plumes d’oie. En ce matin de Pâques, il disposait dans son carquois
de vingt-trois bonnes flèches.
    Thomas ajusta la corde, prit une flèche à empenne blanche
puis regarda les trois hommes près de l’église. Ils étaient loin, mais l’arc
noir était le plus grand qu’on ait jamais fabriqué et son corps d’if possédait
une terrible puissance. L’un des hommes portait une simple cotte de mailles,
l’autre un surcot noir tandis que le troisième était revêtu d’une tunique rouge
et verte par-dessus sa cotte de mailles. Thomas se dit que l’homme qui portait
la tenue la plus voyante devait être le chef de l’expédition et que c’était lui
qui devait mourir.
    Sa main gauche tremblait tandis qu’il tendait l’arc. Sa
bouche était sèche, il avait peur. Il se rendit compte qu’il allait mal tirer,
alors il abaissa son bras et relâcha la tension de la corde.
« Souviens-toi de tout ce que tu as appris, se dit-il, un archer ne vise
pas, il tue. Tout est dans la tête, dans les bras, dans les yeux, et tuer un
homme n’est pas différent de tirer sur une biche. » Cela revenait à tendre
la corde, à la lâcher, c’était tout. C’est ainsi qu’il s’était entraîné pendant
plus de dix ans, de sorte que l’acte de tendre l’arc et de lâcher la corde
était devenu aussi naturel que la respiration, aussi aisé que le jaillissement
de l’eau d’une source. Regarder, lâcher la corde, ne pas penser. Tendre l’arc
et laisser Dieu guider la flèche.
    En voyant la fumée s’épaissir au-dessus de Hookton, Thomas
sentit une immense colère l’envahir comme une humeur noire. Il avança sa main
gauche, tira la corde de la main droite et à aucun moment ne quitta des yeux la
tunique rouge et verte. Il tira la corde jusqu’à ce qu’elle arrive près de son
oreille droite et la libéra.
    C’était la première fois que Thomas de Hookton lançait une
flèche sur un homme et dès qu’elle eut pris son envol il sut que le coup était
bon car l’arc n’avait pas tremblé. La flèche vola. Il en observa la trajectoire
courbe. Descendant depuis la colline, elle alla frapper en plein cœur l’homme
en vert et rouge. Thomas tira une deuxième flèche, mais celui qui était en
simple cotte de mailles se jeta à terre et alla se réfugier sous le porche
pendant que le troisième prenait la lance et courait en direction de la plage,
où il se perdit dans la fumée.
    Il restait à Thomas vingt et une flèches. Une pour chacun
des membres de la sainte trinité et pour chacune des années de sa vie. Mais sa
vie précisément était pour l’heure en danger car une douzaine d’arbalétriers se
dirigeaient en courant vers la colline. Il tira une troisième flèche et partit
à toutes jambes à travers les noisetiers. Il se sentait soudain en pleine
jubilation, envahi par un sentiment de puissance et de satisfaction. À
l’instant où sa première flèche était partie dans le ciel, il avait su qu’il
n’avait rien de plus à demander à la vie. Il était un archer. Oxford pouvait
aller au diable, il s’en moquait. Il avait trouvé ce qui lui donnait de la
joie. Dans son enchantement, il poussa un cri et courut vers le haut de la
colline. Des carreaux d’arbalète déchiraient les feuilles des noisetiers. Elles
faisaient en volant un bruit profond, presque semblable à un bourdonnement. Il
dépassa la crête de la colline puis revint sur ses pas. Il s’arrêta le temps de
tirer une autre flèche et repartit en courant.
    Thomas entraînait les arbalétriers dans une danse de mort,
depuis la colline jusqu’aux haies, le long de sentiers qu’il connaissait depuis
l’enfance et, comme des écervelés, ils le poursuivaient parce que, dans leur
fierté, ils ne voulaient pas admettre qu’ils étaient battus. Mais battus, ils
l’étaient bel et bien et deux d’entre eux périrent avant que, depuis la plage,
on sonne la trompette pour leur ordonner de revenir aux bateaux. Alors les
Génois firent demi-tour et ils ne s’arrêtèrent que pour récupérer les armes, la
bourse et la tunique de l’un de leurs morts, mais Thomas en tua un troisième
pendant qu’ils étaient penchés sur le corps et cette fois les survivants
s’enfuirent.
    Il les suivit jusqu’au village, qui était drapé dans un
suaire
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