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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges
Autoren: Bernard Cornwell
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messire Guillaume ne l’intéressait en rien.
    — Allons à l’intérieur des terres, répéta le capitaine
des Génois.
    — Peut-être… mais pas très loin, répondit Guillaume.
    Il savait que les redoutables archers anglais finiraient par
venir à Hookton, mais pas avant midi, et il se demandait s’il y avait un autre
village, proche de celui-ci, qu’il vaudrait la peine de piller. Il regarda une
fille terrorisée – elle avait onze ans, peut-être – qu’un soldat
emportait vers la plage.
    — Combien de morts ? demanda-t-il.
    — Chez nous ? Aucun.
    Le capitaine paraissait surpris qu’on lui pose cette
question.
    — Non, chez eux.
    — Peut-être trente ou quarante hommes, quelques femmes.
    — Et nous n’avons même pas une égratignure, exulta
messire Guillaume. Il serait dommage de s’arrêter maintenant.
    Il jeta un coup d’œil vers celui qui l’avait engagé, mais
l’homme en noir ne leur prêtait aucune attention. À ce moment, le capitaine
poussa un grognement, ce qui surprit Guillaume car il pensait que l’homme était
désireux de prolonger l’expédition. C’est alors qu’il s’aperçut que ce
grognement n’était pas dû à un manque d’enthousiasme mais à une flèche à
empennage blanc qui s’était enfoncée dans sa poitrine. Elle avait transpercé la
cotte de mailles et la tunique capitonnée comme une aiguille traverse un tissu
et elle avait tué le Génois presque instantanément.
    Guillaume se jeta au sol et au même instant une autre flèche
siffla au-dessus de lui pour se planter dans le gazon. Saisissant la lance,
Harlequin courut vers la plage pendant que Guillaume rampait vers le porche de
l’église pour s’y abriter.
    — Arbalétriers ! Arbalétriers ! cria-t-il.
    Quelqu’un avait entrepris de riposter.
     
    De l’intérieur de l’église, Thomas avait entendu les cris.
Avec ses quatre compagnons, il était allé à la porte pour voir ce qui se
passait, mais à peine avait-il atteint le porche qu’un groupe d’hommes en
armes, dont les casques et les cottes de mailles avaient un aspect gris foncé
dans l’aube naissante, faisait irruption dans le cimetière. Edward referma
vivement la porte, plaça la barre et fit le signe de croix.
    — Doux Jésus, dit-il, frappé d’étonnement.
    Puis il tressaillit au bruit de la hache qui cognait contre
la porte.
    — Donne-moi ça ! dit-il en s’emparant de l’épée de
Thomas.
    Celui-ci le laissa faire. La porte de l’église s’était mise
à vibrer sous les coups de deux ou trois haches qui attaquaient le vieux bois.
Les villageois avaient toujours cru que Hookton était bien trop petit pour être
la proie des pillards, mais la porte de l’église était en train de se fendre
devant les yeux de Thomas et il fallait bien admettre que les Français étaient
venus. Tout au long de la côte, on parlait de ces débarquements et on disait
des prières pour en être préservé, mais à présent l’ennemi était là et l’église
retentissait de leurs coups de hache.
    Thomas était pris de panique, mais ne s’en rendait pas
compte. Il n’avait qu’une seule idée en tête : s’échapper de l’église.
Aussi se mit-il à courir. Il sauta sur l’autel pour atteindre le rebord de la
grande fenêtre, renversant au passage le calice en argent et le faisant tomber
à terre. Cognant sur les panneaux jaunes, il les fit basculer dans le
cimetière. Il aperçut des hommes, revêtus de tuniques rouges et vertes, qui
passaient au pas de charge devant la taverne, mais aucun d’entre eux ne le vit
sauter dans le cimetière et courir jusqu’au fossé. Il traversa la haie
d’épineux en lacérant ses vêtements, sauta par-dessus la barrière du jardin de
son père et tambourina à la porte de la cuisine, mais personne ne lui répondit.
À ce moment, un carreau d’arbalète se ficha dans le linteau de la porte à
quelques pouces de son visage. Thomas se mit à croupetons et traversa les
plants de haricots pour atteindre l’étable où se trouvait le cheval de son
père. Mais il était trop tard pour sauver l’animal, aussi Thomas préféra-t-il
grimper sur la plate-forme à fourrage où il cachait son arc et ses flèches.
Tout près, une femme se mit à pousser des cris. Les chiens aboyaient. Les
Français hurlaient en enfonçant les portes à coups de pied. Thomas saisit son
arc et son carquois, écarta les bottes de paille, se faufila entre elles et se
laissa tomber dans le verger du
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