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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium
Autoren: Jose Frèches
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leur avait suffi de bousculer la dizaine d’eunuques affolés qui tentaient de leur barrer le passage pour y entrer.
    Et les pillages avaient commencé, de façon allègre, à la gauloise et avec force rasades de cognac pour se donner du cœur à l’ouvrage.
    On trouvait dans ce palais, outre les collections d’antiquités traditionnellement détenues par les empereurs de Chine, tous sortes de cadeaux offerts par les ambassades étrangères, depuis les horloges offertes par un roi d’Angleterre jusqu’aux tapisseries des Gobelins envoyées par Louis XVI, en passant par les miroirs en cristal de Bohême du roi de Prusse, sans oublier les innombrables objets précieux en or et en argent, vases de jade, de porphyre ou de jaspe, brûle-parfums de bronze, couverts et échiquiers en ivoire, vaisselle de porcelaine dont l’empereur se servait quotidiennement.
    Bowles avait réussi à accompagner Grant lorsque le généralissime anglais, furieux d’avoir été doublé par son homologue, avait à son tour lancé ses troupes. Il avait même été le témoin direct de la violente algarade entre Grant et Cousin-Montauban, le premier reprochant vertement au second le non-respect de la parole donnée et les pillages auxquels ses hommes s’étaient livrés.
    Heureusement pour Cousin-Montauban, craignant l’incident diplomatique, il avait fort opportunément empêché ses hommes de démurer hors de la présence du général Grant la cache humide bourrée de colliers précieux H et de lingots d’or dont ses hommes avaient découvert l’entrée dans la deuxième cour du pavillon réservé à l’impératrice.
    En parcourant les salles dévastées des pavillons impériaux, Grant n’avait cessé d’agresser le commandant en chef du corps expéditionnaire français, lequel protestait mollement de sa bonne foi.
    —  Vos soldats se comportent comme d’horribles bêtes sauvages   ! avait lâché l’Anglais alors que les deux hommes étaient tombés nez à nez avec un artilleur français qui sortait du vaisselier impérial.
    Dans sa main noire aux doigts boudinés et gluants, le bougre tenait un de ces bols de porcelaine jaune fabriqués en moins de dix exemplaires à l’usage exclusif de l’empereur, et le remplissait de cognac.
    Pour Grant, et sans mauvais jeu de mots, la coupe était pleine devant le contraste entre cette rareté hors de prix tournée par les meilleurs artisans de Jingdezhen, si fine qu’elle devenait translucide lorsqu’on la plaçait devant une source lumineuse, et la vulgarité de celui qui avait osé s’en emparer.
    —  Disgusting   ! Ces diables de bookmakers de la guilde du coton de Canton qui avaient parié de 10000 à 50000 dollars que nos troupes entreraient facilement à Pékin ne s’y étaient pas trompés… S’ils avaient su, les diantres, que ladite offensive déboucherait sur un tel pillage, nul doute qu’ils auraient triplé leur mise   ! avait jeté le généralissime anglais.
    —  Je suis confus. Malgré mes ordres, mes hommes n’en font qu’à leur tête… Mes sous-officiers prétendent qu’il existe une règle non écrite selon laquelle chaque soldat a droit à sa prise de guerre   !
    —  Les autochtones ne perdent pas leur temps non plus… avait ajouté le colonel de Bentzmann, un des plus valeureux adjoints du commandant français, en désignant les habitants des villages alentour qui avaient profité des échelles anglaises et françaises pour franchir le mur d’enceinte du palais d’Été où ils n’avaient jamais mis les pieds et faisaient main basse à leur tour sur tout ce qui traînait.
    Bowles, stupéfait, avait aperçu un groupe de coolies qui couraient vers lui à vive allure depuis le fond d’un long couloir aux murs éclaboussés par la lumière des claustras. Leurs bras étaient chargés de corbeilles où ils avaient entassé les coupons de soie qu’ils venaient de dérober dans la garde-robe impériale.
    Derrière les deux généralissimes, John, de plus en plus révolté devant les meubles en miettes et les objets qui jonchaient le sol, avait voulu empêcher les pillages mais cela avait été peine perdue. Sous les ricanements des soudards qui voyaient en lui un méchant empêcheur de danser en rond, il avait dû battre promptement en retraite.
    Pendant qu’il se livrait à cette tâche inutile, les deux militaires s’étaient employés à sauver la face avant qu’il ne fût trop tard.
    —  Il n’y a rien de pire que les règles non
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