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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan
Autoren: Michel Zévaco
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coups de langue. Pardaillan avec son air froid, éclairé de-ci de-là par son sourire railleur, Fausta avec son calme immuable, tous les deux avaient l’air de s’entretenir de choses de la plus grande banalité, auxquelles ni l’un ni l’autre n’attachait la moindre importance. A les voir, nul n’eût soupçonné qu’ils traitaient des questions mortelles, formidables, desquelles dépendait leur propre sort et celui d’une infinité de personnages, dont le premier se trouvait être l’enfant roi : Louis XIII.
    Cependant, avec le même calme souverain, sans que rien, dans sa physionomie et dans son attitude indiquât qu’elle fut contrariée, sans que rien dans sa voix harmonieuse laissât soupçonner la menace, Fausta reprenait :
    – Vous abandonnez donc votre petite-fille ?… Vous condamnez donc au désespoir votre fils et votre belle-fille ?…
    – Je n’abandonne personne. Je ne condamne personne, protesta Pardaillan sans s’animer.
    Et de cet air figue et raisin, si déconcertant chez lui :
    – Mais j’ai réfléchi que le sort de mes enfants dépendait de la lutte que vous me forcez, à entreprendre contre vous. Toute la question est de savoir qui de nous deux triomphera et combien de temps durera cette lutte. Ma conviction est, je vous l’ai dit et je vous le répète, que vous serez battue. Du même coup, le sort de mes enfants, se trouvera fixé. Quant à la durée de cette lutte, il est certain qu’elle sera brève. Il ne peut en être autrement.
    – Ainsi, vous espérez me reprendre la petite Loïse ?
    – Je ne l’espère pas, madame, j’en suis sur.
    Pardaillan disait cela avec tant d’assurance que, si forte si cuirassée qu’elle fût, Fausta ne put s’empêcher de tressaillir. Ce fut presque imperceptible, d’ailleurs, et elle se remit aussitôt.
    – Cherchez-la, fit-elle avec un sourire aigu.
    – Pardon, rectifia Pardaillan avec flegme, je n’ai pas dit que je la chercherais. Je n’ai même pas dit que je la reprendrais ; c’est vous qui l’avez dit.
    – Et vous avez ajouté que vous en étiez sûr. Pour la reprendre, il faudra la trouver. Pour la trouver, il faudra bien la chercher. Cherchez, Pardaillan, cherchez. Et vous verrez si vous trouvez.
    Pour la première fois, elle mettait un peu de sourde ironie dans son intonation. Il était clair qu’elle était très sûre d’elle-même. Pardaillan le comprit bien ainsi. Mais il n’était pas moins sûr de lui. A son tour, il sourit d’un sourire narquois et, très simplement :
    – Je ne la chercherai pas, je ne la trouverai pas, je ne la reprendrai pas. C’est vous-même qui me la rendrez.
    – Vous croyez, sourit Fausta.
    – J’en suis sûr, répéta Pardaillan en saluant cérémonieusement. Et, se redressant, insistant avec force sur chaque mot :
    – C’est vous-même qui me la rendrez… et qui vous estimerez trop heureuse de me la rendre.
    – C’est ce que nous verrons, répliqua Fausta en cachant sa rage sous un sourire.
    Et elle ajouta :
    – Je crois que nous n’avons plus rien à nous dire.
    – Je le crois aussi, confirma froidement Pardaillan.
    Ils se saluèrent cérémonieusement, comme au début de cette entrevue. Poliment, Pardaillan reconduisit les deux visiteurs jusqu’à la porte, dont ils franchirent le seuil après une dernière révérence.
    Avant de s’éloigner, Fausta se retourna, et d’une voix grave, comme attristée, laissa tomber ce suprême avertissement :
    – Gardez-vous bien, Pardaillan, car je vous jure que je ne vous ménagerai pas, vous et ceux qui seront avec vous.
    – Nous nous défendrons de notre mieux, répondit simplement Pardaillan.
    Fausta ramena les pans du manteau sur son visage et partit, faisant sonner haut les éperons d’or de ses hautes bottes souples, sur les carreaux luisants du large corridor. D’Albaran la suivit de son allure pesante de formidable colosse.
    Pardaillan ferma la porte sur eux et revenant à Odet de Valvert :
    – Et maintenant, mon jeune ami, dit-il, tenons-nous bien. La tigresse est déchaînée et elle va nous mener rondement et rudement je vous en réponds.
    Et Odet de Valvert, sans paraître autrement ému, répondit :
    – On se gardera, monsieur, soyez tranquille. Quand au reste, nous ne sommes pas, Dieu merci, gens à nous laisser dévorer ainsi, sans nous mettre un peu en travers.
    Et Pardaillan sourit d’un air satisfait.
    q

Chapitre 41 L’ALGARADE DE LA RUE DE LA COSSONNERIE
    T rois
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