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La Fausta

Titel: La Fausta
Autoren: Michel Zévaco
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drapée dans son manteau, masquée de rouge, une main sur la bride du cheval, s’avançait, lente, raide, automatique, énigme vivante ; et près d’elle, Belgodère qui s’agitait, se démenait, vociférait :
    — On commence ! On commence ! Chacun est libre ! Chacun est libre ! Chacun peut voir ! Voir quoi ? me direz-vous. D’abord le grand léopard empaillé qui me vient de la reine de Nubie ! Plus fort ! Vous verrez le célèbre Croasse ici présent se nourrir de cailloux ! Plus fort ! Vous verrez l’illustre Picouic se désaltérer avec des étoupes de feu !… On commence ! Suivez ! Approchez !…
    Du haut de la fenêtre, le cardinal avait vu Guise marchant vers Belgodère, l’être terrible allant vers l’être grotesque… ou infâme ! Sans quitter son poste, il se tourna alors vers le fauteuil d’ébène, et dit :
    — Ils sont venus !…
    La mystérieuse inconnue qui s’appelait princesse Fausta se leva, et du pas d’une déesse de marbre qui descendrait de son socle, s’approcha.
    — Violetta ! Violetta ! clamait à ce moment Belgodère en apercevant le duc de Guise qui venait à lui.
    L’enfant, pareille à un rayonnement d’aurore, apparut sur le devant de la charrette, ses longs cheveux blonds épars sur ses épaules de neige, timide, craintive, effarouchée.
    La princesse Fausta darda sur le duc un regard où couvait une flamme d’incendie. Puis ses yeux se reportèrent, comme d’un pôle à l’autre de sa pensée, sur cette vision de charme intense et pur qu’était Violetta. Et alors elle sourit — comme peut sourire la foudre qui va frapper.
    — Henri, murmura-t-elle au plus profond d’elle-même, Henri de Guise, tu m’appartiens ! Tu seras roi parce que je veux être reine ! Tiare et couronne, ni mon front ni ma volonté ne faibliront sous ce double poids. Maîtresse de la France et de l’Italie, avec ces deux bras puissants, j’enlacerai l’univers… Henri, périsse donc tout ce qui t’empêche de m’aimer… moi, moi seule ! Périsse Catherine de Clèves, ta femme ! Périsse cette Violetta que tu adores !
    Et d’une voix brève, soudain devenue métallique et dure :
    — Cardinal, voici l’heure d’agir… Voyez cet homme sur qui reposent d’immenses espérances. Croyez-vous qu’il pense à ce trône qu’il touche enfin grâce à nous ? Aux engagements qu’il a pris pour le jour suprême ? Non, cardinal : depuis trois mois, depuis qu’à Orléans il a vu une pauvre fille de bohème dont il porte partout l’image, Guise soupire, Guise hésite : il nous échappe et il est perdu pour nous… si je ne lui arrache du cœur la racine même de cette passion ! Voyez-le. A l’heure même où sur toutes les routes nos courriers volent pour annoncer la chute de la dynastie de Valois, à l’heure où le monde attend le geste que va faire cet homme… regardez-le ! Frémissant, il s’arrête devant une voiture de bohémiens, prêt à s’agenouiller aux pieds d’une petite mendiante nomade, d’une Violetta !
    Le cardinal posa son regard sur l’adorable enfant, et il frissonna longuement.
    — Pauvre innocente ! murmura-t-il.
    — La pitié est un crime souvent, une faiblesse toujours, dit la princesse Fausta, glaciale. Je tiens dans mes mains de femme le glaive flamboyant des archanges : je frappe !… Descendez, cardinal, et faites en sorte que le bohémien Belgodère m’amène cette petite en mon palais de la Cité…
    Sans doute, le cardinal savait quelle effroyable sentence cachait cet ordre, car il baissa la tête, étendit les mains et balbutia :
    — Frappez-donc, puisque la mort de cette infortunée créature est nécessaire ! Mais épargnez-moi l’affreuse besogne de vous la livrer ! Hélas ! vous savez combien mon cœur s’émeut pour les jeunes filles de cet âge…
    — Cardinal, reprit-elle avec une terrible froideur, vous préviendrez maître Claude.
    — Le bourreau ! haleta le cardinal. Madame, madame ! vous êtes la toute-puissance et la souveraineté ! Soyez généreuse. Ne me condamnez pas au hideux supplice de revoir l’homme qui m’arracha l’âme en me volant et en laissant mourir ma…
    — Silence, cardinal Farnèse !…
    Il y eut cette fois un tel grondement de tonnerre dans l’accent, une telle fulguration d’éclair dans les yeux de la princesse, que l’homme chancela, haletant, ébloui, dompté. Alors, calmée soudainement, paisible :
    — Ce sera pour ce soir dix heures. Allez,
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