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La Fausta

Titel: La Fausta
Autoren: Michel Zévaco
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chevalier, vous pouvez, vous devez…
    — Pardaillan ! Pardaillan ! que dites-vous ? murmura le jeune duc éperdu.
    — Je dis simplement qu’Henri de Valois n’est plus roi de France, qu’Henri de Guise n’est encore que roi de Paris ; qu’Henri de Navarre jette par ici son regard de faucon qui cherche une proie, je dis que cela fait trois larrons pour la même couronne… et que cette couronne, il serait beau qu’elle puisse me servir, en la posant sur votre tête, à payer ma dette de reconnaissance à votre mère !
    A ces mots, Pardaillan se lança sur un sentier qui courait autour de Paris et traversait les hameaux du Roule et de Monceaux pour aboutir au village de Montmartre.
    — Violetta ! murmura le jeune homme, que n’ai-je en effet un trône à t’offrir…
    Et palpitant, ébloui de ce qu’il entrevoyait dès lors, Charles d’Angoulême se jeta à la suite de son compagnon au moment où le gros de cavaliers qui était sorti de Paris montait les pentes de Chaillot. Celui qui marchait en tête de ces poursuivants était un homme de trente-huit ans, magnifique de costume et de taille, beau de visage, hautain de geste, sombre de physionomie, le front balafré par l’entaille d’une ancienne blessure, on ne sait quoi de majestueux, de rude et de violent dans l’attitude. C’était Henri de Lorraine, duc de Guise.
    — Messieurs, dit-il en s’arrêtant, le roi est déjà loin. Il nous faut renoncer à l’espoir de le ramener à ses sujets…
    — Dites un mot, fit un gentilhomme près de lui, à voix basse, donnez-moi dix bons chevaux, et je le ramène vif… ou mort !
    — Maurevert, es-tu fou ! dit le duc sur le même ton. Laissons faire ! Laissons fuir ! Allons, Messieurs, ajouta-t-il tout haut, nous avons fait ce que nous avons pu… Holà, quelle est cette figure d’enfer ?
    A ce moment, en effet, débouchait sur la hauteur, par un chemin de traverse, une longue et lourde voiture à demi détraquée, grinçante, geignante, déteinte par la pluie et le soleil, une façon de roulotte poussiéreuse traînée par un squelette de cheval…
    Et près de la bête poussive marchait d’un pas de spectre une bohémienne masquée de rouge, portant avec une étrange noblesse son costume bariolé, enveloppée dans un manteau sur lequel retombaient ses cheveux d’un blond magnifique, une coulée d’or en lave. Avec son port de reine, sa démarche raidie, son masque rouge, son allure automatique, fantomale, sans un geste, c’était une apparition à donner le frisson.
    — Qui es-tu ? demanda le duc de Guise en poussant vers elle son cheval ; sors-tu de chez Satan, ou bien retournes-tu à lui ?
    La bohémienne s’arrêta. Mais elle ne dit pas un mot.
    — Par le ciel ! s’écria le duc, je crois que cette gitane se moque…
    Il n’acheva pas : à cette seconde, de l’intérieur de cette chose innommable qu’était la voiture s’échappait une mélodie : une voix d’une incomparable pureté chantait doucement. Et elle s’accompagnait d’une guitare dont les sonorités assourdies faisaient vibrer de profondes émotions.
    Le duc de Guise, soudain pâli, frémissant, écoutait à demi penché, sous le charme :
    — Oh ! cette voix ! C’est la sienne ! C’est elle !… Sorcière, qui chante là ? Parle ! Es-tu donc sourde, ou muette ?
    Un homme, à cet instant, s’élança de la voiture et se courba en une pose de respect exorbitant et ironique.
    — Le bohémien Belgodère ! murmura Henri de Guise, dont le front s’empourpra.
    Et cherchant à cacher la violente émotion qui l’étreignait :
    — Dis-moi, bohème : quelle est cette femme masquée, plus silencieuse que la nuit, plus mystérieuse que la tombe ?…
    — Excusez-la, monseigneur ! C’est Saïzuma, une pauvre folle que j’ai recueillie un jour qu’elle sortait de prison… Sa folie c’est d’avoir le visage toujours couvert, afin, dit-elle, qu’on ne puisse voir sa honte… Elle vous dira pourtant la bonne aventure.
    — Inutile ! Qui es-tu toi-même ? D’où viens-tu ? Où vas-tu ?…
    Le bohémien se campa, se drapa :
    — D’où je viens, monseigneur ? Du bout du monde ! Où je vais ? A Paris, centre du monde ! Qui je suis ? Belgodère premier et dernier du nom, bateleur jongleur, avaleur de sabres et bon à tout métier. Vous faut-il le spectacle ? Je vous montrerai…
    — Il suffit, bohème !… Dis-moi, n’étais-tu pas à Orléans il y a trois mois ?
    — J’y
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