Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Fausta

Titel: La Fausta
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
étais, monseigneur ! dit Belgodère qui dissimula un sourire. J’y étais avec toute ma troupe, y compris la merveille des merveilles, la chanteuse Violetta, qui charme jusqu’aux rochers, comme le sieur Orpheus [1] , jusqu’aux bêtes sauvages, que dis-je ! jusqu’aux princes ! Monseigneur va la voir ! Violetta ! Violetta mia ! Arrive, par l’enfer ! Ah ! la voilà !…
    Une jeune fille de quinze ans apparut toute tremblante sur le devant de la voiture :
    — Me voici, maître… me voici !…
    Un murmure d’admiration parcourut les cinquante cavaliers rangés autour de Henri de Guise. Le duc demeura ébloui.
    « Oui, c’est elle ! fit-il en lui-même. J’éprouve le même trouble que lorsque je la vis pour la première fois. Par les saints ! Qu’ai-je donc à m’émouvoir ainsi !… Cette fille de bohème sera à moi, si je veux ! »
    Ah ! C’est que cette fille de bohème était vraiment une merveille, comme disait Belgodère. Elle était une magie de grâce, avec ses cheveux d’or — étrangement semblables à ceux de la bohémienne Saïzuma — épandus sur ses épaules demi-nues, ses yeux d’un bleu intense où semblait se refléter la pureté des aubes d’été, cette fierté timide qui la faisait comparer à une fleur sauvage.
    Voyant ces étrangers qui fixaient sur elle des yeux étincelants, elle baissa la tête. Alors son regard rencontra celui du duc de Guise, et un geste de terreur lui échappa. Elle se recula, s’effaça derrière les rideaux de cuir et courut à une femme qui, étendue sur un matelas, la tête près d’une petite fenêtre ouverte au ras du plancher, livide comme une mourante, respirait péniblement.
    — Mère ! Mère ! murmura Violetta, l’homme d’Orléans ! Il est là ! Oh ! j’ai peur ! Le malheur rôde autour de moi !
    Et ce mot de mère semblait inexact, de cette fille exquise à cette femme aux traits communs quoique pleins de bonté, à peine affinée par la phtisie.
    — Pauvre enfant ! râla-t-elle… bientôt… je n’y serai plus… pour te protéger… Puisse le ciel avoir pitié de toi… et te faire rencontrer… un sauveur…
    — Un sauveur, mère ? Hélas ! Hélas !
    — Espère. Violetta… ce jeune homme… qui n’osa jamais t’adresser la parole… je crois avoir lu dans son âme… il t’aime !…
    Violetta poussa un cri, se couvrit le visage des deux mains…
    — Violetta ! Violetta ! hurlait le bohémien. Attends ! je vais te chercher…
    — Laisse cette enfant tranquille, ordonna le duc de Guise en se baissant vers Belgodère. Et réponds-moi. Tu vas à Paris ?
    — Oui, monseigneur, et dès demain, jour du grand marché aux fleurs, je serai en place de Grève… avec Violetta.
    — C’est bien, ramasse !
    Le bohémien happa au vol la bourse pleine d’or que le duc laissa tomber. Henri de Guise se pencha davantage :
    — Cette bourse contient dix ducats [2] d’or. Dix bourses pareilles, tu entends, si tu exécutes fidèlement tout ce que quelqu’un viendra demain te dire de ma part.
    Belgodère s’inclina jusqu’à terre. Quand il se releva, il vit le duc qui s’étant mis à la tête de ses cavaliers, reprenait au grand trot le chemin de Paris… Alors, il se redressa de toute sa hauteur, jeta un coup d’œil oblique sur la voiture où avait disparu Violetta, et gronda :
    — Je tiens ma vengeance !
    q

Chapitre 2 LA PLACE DE GREVE
    A u fond d’une vaste salle aux majestueuses tentures, aux meubles solennels, dans l’ombre d’un dais de soie brochée d’or, immobile en un fauteuil d’ébène précieusement sculpté, se tenait une femme.
    Une femme !… un être de beauté prodigieuse, éblouissante et fatale : peut-être une sainte extatique, ou peut-être une étincelante magicienne, ou peut-être une somptueuse courtisane orientale. Des yeux larges et profonds, tantôt d’une angoissante douceur de fleurs de deuil, tantôt d’un funeste éclat de diamants noirs. Dans la suprême harmonie de ses traits et de ses attitudes, la violente poésie d’une âme excessive, la majesté d’une souveraine, la noble volupté d’une hétaïre antique, la dignité d’une vierge, l’audace d’une guerrière des temps barbares.
    Un homme entra : opulent et sévère costume de cavalier, tout en velours noir, figure livide, pétrifiée lentement par une douleur qui ne pardonne jamais. Il s’arrêta devant la splendide inconnue et fléchit le genou.
    Elle ne parut pas étonnée de cet
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher