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La Fausta

Titel: La Fausta
Autoren: Michel Zévaco
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cardinal. Agissez. Et en même temps, faites tenir cette lettre au duc de Guise.
    Le gentilhomme saisit le pli cacheté, puis, plus morne encore, il sortit et descendit en râlant au fond de son cœur :
    — Ah ! la malédiction pèse sur moi, toujours !… Marche, maudit ! Un crime de plus ! Qu’importe dans la funèbre série !…
    Sur la Grève, à travers la foule qui formait cercle, le visage redevenu rigide, il marcha vers Belgodère. Sur l’avant de la voiture attendait Violetta, tremblante. Près du cheval, Saïzuma, immobile, énigmatique. A ce moment, le duc de Guise se penchait vers le sacripant et murmurait :
    — Chien de bohème, tout à l’heure, un gentilhomme t’apportera mes ordres. Exécute-les, si tu ne veux avoir les os rompus.
    — Je suis prêt, monseigneur. Ordonnez !
    — Bien ! en ce cas, à toi les ducats… à moi la fille !… Et maintenant fais-la chanter afin que ma présence ait ici un prétexte.
    — A l’instant même. Violetta ! Violetta !
    La jeune fille tressaillit, arrachée à un rêve d’extase. Elle n’avait pas vu Guise, qui, le visage pourpre, la contemplait… Au loin, du fond de la place, un jeune seigneur s’avançait, les yeux fixés sur elle… Leur double regard chargé d’effluves magnétiques se cherchait, se croisait. Et ce gentilhomme, tout radieux de sa jeunesse et de son amour, c’était le fils du roi Charles IX, le duc d’Angoulême !
    — Violetta ! vociféra Belgodère.
    Un cri terrible l’interrompit… Un cri d’agonie ou d’épouvante qui jaillissait de la roulotte.
    — Ma mère ! ma mère se meurt ! balbutia Violetta qui se rejeta dans l’intérieur.
    L’agonisante, celle qu’elle appelait sa mère, les mains crispées sur le matelas pour se soulever, les yeux exorbités, tenait son visage collé à la petite fenêtre, comme fascinée par une effroyable apparition…
    — Ma mère ! ma mère ! sanglota Violetta.
    — Messeigneurs ! criait dehors Belgodère, un instant de patience, et je vous ramène la chanteuse. En attendant, la célèbre Saïzuma va vous dire la bonne aventure !
    Saïzuma demeurait immobile. Ses yeux flamboyants du fond du masque rouge se rivaient sur le cardinal Farnèse… sur l’homme envoyé pour préparer la mort de Violetta… La bohémienne avait aperçu ce seigneur habillé de noir qui pénétrait dans le cercle à la seconde où, dans la voiture, la clameur de la mourante avait soudain retenti… Le cardinal avait vu cette femme masquée de rouge… Et tous les deux se regardaient, pareils à deux spectres qui s’interrogent sur des choses lointaines, effrayantes et mystérieuses.
    — Violetta ! Violetta ! arrive à l’instant ! hurlait Belgodère en montant les marches.
    — Mère ! mère ! balbutiait Violetta à genoux près de l’agonisante. Cette femme, alors, tourna vers elle un visage empreint d’une immense pitié :
    — Ta mère ! râla-t-elle. Violetta, je vais mourir. Il faut que tu saches… je ne suis pas ta mère !…
    — Oh ! sanglota la jeune fille éperdue, c’est un affreux vertige qui vous saisit. Revenez à vous, mère !
    — Je ne suis pas ta mère !… Et ton père, Violetta, tu crois que ce fut maître Claude, dis ?… Tu le crois !… Eh bien, maître Claude n’est pas ton père !…
    — C’est l’agonie ! murmura Violetta épouvantée. C’est le délire de la mort !…
    — Ta mère, reprit la mourante dans un râle effrayant… je ne sais où elle est… Mais ton père, Violetta !… ton père !… veux-tu le connaître ?… Veux-tu le voir ?… Eh bien… tiens… regarde !…
    Dans une effrayante convulsion, la mourante essaya de désigner l’homme sur qui elle dardait son regard.
    — Saints et anges ! balbutia Violetta éperdue, prenez pitié de ma mère !
    A cet instant, une sauvage imprécation éclata sur cette scène poignante, et Belgodère apparut, ramassé sur lui-même, serrant ses poings énormes. Il se jeta sur la jeune fille, l’empoigna par les deux épaules, et d’un geste furieux la remit debout.
    — Dehors ! gronda-t-il. Au travail, la chanteuse !
    — Regarde ! cria l’agonisante. Regarde ! Et souviens-toi !…
    — Enfer ! vociféra le bohémien. Voici la Simonne qui s’en mêle maintenant ! Attends un peu, toi !
    D’une violente poussée, il rejeta Violetta dans le fond de la roulotte et se rua sur celle qu’il appelait la Simonne — sur la mourante ! Il la renversa sur la couchette et
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