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La dottoressa

La dottoressa

Titel: La dottoressa
Autoren: Graham Greene
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quelques petits épisodes.
    27.         Desiderio à Capri.
    28.        Brunetti, l’instituteur, également à Capri.
    29.         Le pharmacien.
    Entre 1939 et 1946,
en Suisse, je ne me suis occupée que d’Andréa.
    30.        Et puis, il y a quelques années, un paysan d’Anacapri. Il voulait m’épouser,
et il avait un très joli jardin, ça je dois le dire en sa faveur… sauf que moi
je ne voulais pas.
    31.          Julius Kmachl était au Mozarteum de Salzburg. Il avait déjà voulu m’épouser
entre les guerres, et aussi par la suite. Ça n’en finissait plus. Il était très
grand, avec des cheveux ondulés ; cultivé, musicien ; mais il ne m’attirait
pas. Il avait beaucoup d’affection pour moi, mais je n’ai pas voulu. Naturellement,
il y a eu un petit quelque chose entre nous.
     
     
    Cette liste faite, elle y ajouta un bref complément, sous le
titre : « Des hommes en général. »
     
    « Les meilleurs liens ont toujours été ceux de l’amitié.
Avoir quelqu’un qui vous aime. Le côté érotique y entre pour une part, et ça je
l’ai compris. La passion, je n’en ai eu que pour Tutino. L’amour est plus
durable, plus fort, et embrasse beaucoup plus de choses. La passion, c’est le
présent. On peut fort bien détester l’homme en même temps.
    « L’histoire avec Tutino ne serait jamais arrivée, s’il
ne s’était trouvé qu’à l’époque je relevais tout juste de trois mois de fièvre
typhoïde. Après ça, je débordais d’envie de vivre.
    « Gigi était un-sauvage. Il me bouclait dehors et les
enfants criaient et pleuraient à l’intérieur. Les deux hommes se fuyaient. Quand
Gigi piquait sa crise, c’était affreux. Il devenait blanc comme craie, comme le
crépi du mur. Et de plus ses yeux lançaient des éclairs. Quand il n’avait pas
bu, ses colères brusques étaient pires encore. Ses parents étaient terrifiés
quand il est entré dans l’armée. Il y avait quelque chose de morbide en lui. Il
a eu tort de me quitter. Il allait pleurnicher dans le giron de ma mère. Ça
donnait des scènes de larmes. Pourquoi ne m’est-il jamais revenu ? Il
avait toujours quelqu’un d’autre.
    « Pour mon histoire avec Tutino, j’avais dans les
trente-cinq à quarante ans. Ça tenait de la manie, cette histoire, de l’envoûtement.
La tête n’y a jamais été pour rien. C’est égal, j’ai toujours fait ce que je
voulais.
    « Ma mère a tenu un jour à m’expliquer les réalités de
l’existence : jamais je ne devais embrasser un homme, jamais je ne devais
lui permettre de me toucher, jamais je ne devais m’enfermer seule avec lui dans
une chambre. En fait, je n’ai permis qu’une seule fois à ma mère d’avoir barre
sur moi : le jour où elle m’a tressé mes trois nattes, et ça s’est terminé
en bagarre. Il y avait déjà beau temps que j’étais allée faire un tour avec
Paul Pater dans les dépendances de l’hôtel.
    « Les femmes sont des machines à mentir. Il faut les
traîner par les cheveux, comme je le fis à ma seule amie d’enfance, Frieda. Je
ne l’ai jamais plainte un instant. J’aimerais vivre dans un pays où il n’y
aurait que des hommes, exclusivement. On devrait supprimer les femmes. »
     
    Des souvenirs que je garde d’elle, mon préféré est celui de
la visite qu’elle me fit à Londres. Je lui jouai sur mon phonographe la chanson
de Brecht mise en musique par Kurt Weill – Wie Man Sich Bett (Comme
on fait son lit). Elle écouta, ses grosses jambes écartées comme celles d’une
statue d’Henry Moore : « C’est vrai, c’est tout à fait ça… » Je
dus lui passer trois fois le disque, tandis qu’elle écoutait, ses yeux bleus
pleins de lumière, les lèvres ouvertes sur ses grandes dents.
     
    Comme on fait son lit, on se couche.
    Personne, ne peut rien pour personne.
    Si quelqu’un marche, ce sera moi,
    Mais c’est toi qui seras piétiné.
     
    Elle avait fait bien des lits et piétiné pas mal de gens. Il
y avait des moments où son anglais incorrect, mais expressif, frôlait la poésie,
comme lorsqu’elle parlait de son année noire de 1964, « où le froid du
monde alentour avait fini par être insupportable ». Elle avait l’art de
donner à un personnage une vie brève et intense, comme dans les contes de
Boccace ; à ses moments de paillardise, elle faisait penser à la Femme de
Bath des Contes de Canterbury et quand elle était heureuse et lancée
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