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La dernière nuit de Claude François

La dernière nuit de Claude François

Titel: La dernière nuit de Claude François
Autoren: Bertrand Tessier
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vexations qu’il n’a jamais réussi à oublier. Et, chez lui, l’humiliation a toujours été source de rancune tenace.

    C’était en 1962, il avait décroché une audition avec Jean-Jacques Tilché, directeur artistique des disques Fontana. Verdict : « Ce que vous faites ne marchera jamais, c’est démodé ! Allez voir ce que les jeunes aiment actuellement. » Et il lui avait offert deux places pour le concert de Johnny à l’Olympia ! Quelques mois plus tard, Claude deviendra lui aussi une « idole des jeunes », mais sa jalousie exacerbée le poussera à sortir, la nuit, lors de ses tournées en province, pour recouvrir les affiches de Johnny des siennes. Plus tard, c’est encore à cause de son concurrent qu’il rachètera Podium  : il trouvait Salut les copains trop acquis à la cause du rocker. Toute sa vie, quand il sortira en boîte, chez Castel ou au Saint-Hilaire de François-Patrice, il enverra un « éclaireur » vérifier que Johnny n’y est pas déjà. Il interdira même à ses collaborateurs d’assister à ses concerts, fussent-ils invités : il se sentirait trahi, comme si, en ces temps de guerre froide, ils passaient de l’autre côté du mur de Berlin. De son côté, Johnny déclarera un jour : « Je continue à chanter pour emmerder Claude François. »
    En fait, les deux hommes n’ont qu’un dénominateur commun : Gill Paquet, leur attaché de presse, qui avait tenté de les réunir, à défaut de les réconcilier, quelques mois plus tôt. Grand seigneur, Claude convie Johnny sur ses terres, au moulin de Dannemois, celui-ci devant participer
à un ball-trap dans les environs. Il l’invite même à dormir, mais la rencontre tourne court. La soirée se déroule dans les strictes normes de la politesse, et Johnny n’attend pas le réveil de son hôte pour repartir. Pis, il ne l’appelle même pas pour le remercier : c’est à Lucia qu’il passe un coup de fil.
    Un camouflet aux yeux de Claude.

    Trois taxis s’élancent de l’aéroport de Genève et foncent dans la nuit. Claude est dans le premier, avec Marie-Thérèse Dehaeze, son attachée de presse, et Sylvie Mathurin, son habilleuse, les Clodettes sont dans les deux autres, avec le photographe de Podium , Jean Lebreton.
    La route est dégagée, la vitesse est limitée, mais la nuit tombée, il n’y a pas de contrôles. On n’a pas encore inventé les radars automatiques. Dans deux heures à peine, ils seront à Leysin.
    Situé à 1 263 mètres d’altitude, ce petit village perdu du comté de Vaud, en Suisse romande, a longtemps été un lieu de cure pour les tuberculeux mais, depuis la découverte des antibiotiques, les quatre-vingts sanatoriums ont été reconvertis en hôtels pour touristes en mal de sports d’hiver. Malgré son vaste panorama sur
l’Eiger, le mont Blanc et les Dents du Midi, la station ne sera jamais aussi chic que Gstaad ou Crans-Montana, où l’on fréquente autant les boutiques de luxe que les pistes, mais son côté authentique attire les touristes. Il lui manque un peu de notoriété et, justement, l’émission de la BBC est une bonne occasion de se faire connaître.
    Le producteur Richard Armitage est là pour accueillir Claude. Il porte un costume prince-de-galles bleu de bonne coupe, une chemise à rayures, une cravate, des boutons de manchette et des lunettes en écaille : l’élégance british dans toute sa splendeur. C’est l’homme qui croit au potentiel international de Claude François.
    Leur rencontre est une de ces belles histoires qui façonnent les légendes du show business. Tout a commencé une dizaine d’années plus tôt, alors qu’il se baladait boulevard des Capucines avec son poulain, David Frost, roi des talk-shows britanniques, aussi à l’aise avec les hommes politiques qu’avec les personnalités du spectacle. Devant l’Olympia, qui affiche en grosses lettres rouges le nom de Claude François, ils décident d’entrer. Ils en ressortent sidérés par son charisme, son dynamisme, sa manière de tournoyer sur la musique tel un derviche tourneur. Richard Armitage lui propose un contrat, mais c’est trop tôt : Claude a d’autres engagements,
son entourage a peur de perdre la mainmise sur lui. En 1977, Claude le rappelle. Trois heures après, Richard Armitage débarque à Paris.
    Un an plus tard, Claude enregistre son premier album en anglais, à Londres, aux mythiques studios Abbey Road, là où les Beatles ont mis en boîte leurs albums.
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