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La dernière nuit de Claude François

La dernière nuit de Claude François

Titel: La dernière nuit de Claude François
Autoren: Bertrand Tessier
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Norman Newell, collaborateur de Shirley Bassey et Cliff Richard, en assure la direction artistique, Emi, la plus puissante des majors, la distribution. Devant le bon accueil, il décide de franchir un pas supplémentaire : un concert le 16 janvier 1978 à l’Albert Hall de Londres, la plus prestigieuse salle du Royaume-Uni. Pour roder ce show spécifique qui a tant d’importance à ses yeux, il a effectué une tournée en Afrique francophone où les Sénégalais et les Camerounais ont eu la surprise de le voir chanter en… anglais. Le concert dans la capitale britannique sera un triomphe. Un vrai : il n’y avait pas que des Français dans la salle, loin s’en faut. Même la presse s’est enthousiasmée pour le Frenchy .
    Entouré de quatorze musiciens, sept choristes et six Clodettes, costume bleu à paillettes, Claude a l’idée de génie de commencer son récital par « My Way », la version anglaise de « Comme d’habitude », dont Paul Anka, Frank Sinatra et déjà plus de cinq cents interprètes ont fait un tube mondial : les six mille spectateurs exigent
aussitôt qu’il bisse la chanson. D’emblée, c’est gagné. Le prompteur, actionné par Kathalyn, tombe en panne quelques instants plus tard, mais qu’importe : seul son perfectionnisme l’avait poussé à l’exiger. Mieux, le spectacle se finit sur huit rappels. Le public scande « Clody, Clody » : ça le change de « Cloclo », mais la ferveur est la même. Tout se présente bien.
    Pour l’heure, il va dîner avec Richard Armitage.
    Puis dormir.
    Une longue nuit s’annonce car, depuis quelques semaines, malgré la petite veilleuse qu’il laisse allumée, il fait un rêve récurrent aux allures de cauchemar : une femme vêtue de longs voiles blancs vient s’asseoir au pied de son lit.
    Que veut ce spectre ? L’effrayer ? Ou le prévenir d’un danger imminent ?
    Chaque fois, il se réveille en sursaut et Kathalyn rivalise de douceurs pour qu’il se rendorme. Elle aussi finit par sentir comme une présence autour d’eux la nuit…
    Il en a parlé à sa sœur Josette. Catholique pratiquante, elle lui a donné une bouteille d’eau bénite, lui recommandant d’en asperger son lit tous les soirs.
    Il a pris soin d’emporter le flacon à Leysin. Il a l’impression que cette maudite vision fantomatique a tendance à s’estomper depuis qu’il suit les conseils de Josette – du moins veut-il
le croire. Mais une vieille croyance lui revient à l’esprit : quand il était gamin, on lui avait dit que le diable habitait en Suisse.
    Depuis toujours, sa mère lui coud dans la doublure de ses vestes une pierre bleue. Un grigri pour conjurer le mauvais œil, comme on dit en Égypte, là où il est né, là où il a grandi, là d’où il n’aurait jamais imaginé partir un jour.
    Tout en regagnant sa chambre d’hôtel, il plonge la main dans sa poche, à la recherche du fétiche.
    Il sourit : le caillou est bien là.
    On n’échappe jamais à son enfance.

    Il a sûrement idéalisé ses jeunes années. Tout paraît toujours plus grand quand on observe la vie des adultes de sa hauteur d’enfant : la maison de ses parents en Égypte n’était pas le palais oriental qu’il a décrit. Mais les années passées au bord du canal de Suez resteront la grande affaire de sa vie.
    « Mon enfance, des années de rêve sous un soleil éclatant », dira-t-il souvent.
    Le soleil d’abord : intense, chaud, brûlant, été comme hiver. Le ciel toujours bleu. La lumière, rayonnante, radieuse, qui donne
l’impression que le monde a été créé pour le bonheur.
    Le lieu : Ismaïlia, une petite cité blanche, là où le canal s’élargit pour devenir le lac Timsah. Un des points stratégiques de la société qui en gère l’exploitation : la Compagnie universelle du canal maritime de Suez. Une ville dans la ville. Une sorte de cocon, où les employésbénéfi - cient de conditions idéales et d’équipements qui leur sont réservés : hôpitaux, écoles, magasins, terrains de sport, coopérative, où l’on trouve tout et où l’on paie avec une monnaie spécifique comme au futur Club Med. À une époque où personne ne remet en question la colonisation, ils habitent dans de belles résidences confortables, au milieu d’allées plantées de bougainvillées, de jasmins et de palmiers, servis par des hordes de domestiques locaux.
     
    Issu d’une famille lyonnaise, son père, Aimé, est né là-bas. Il s’y est épris
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