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La dernière nuit de Claude François

La dernière nuit de Claude François

Titel: La dernière nuit de Claude François
Autoren: Bertrand Tessier
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sort une nouvelle fois : il choisira d’intervertir chambre et salle de bains. Mais, quelques années plus tard, il mourra d’une crise cardiaque dans son lit, situé précisément à la place de l’ancienne baignoire.
    Comme si ces quelques mètres carrés étaient porteurs d’une véritable malédiction.

Mercredi
8 mars 1978

    Souvent, Kathalyn Jones, sa fiancée, l’accompagne dans ses déplacements professionnels. Ils n’ont pas d’enfant, elle n’a pas d’attaches à Paris, à part lui. Mais, cette semaine, elle l’a prévenu, elle ne sera pas disponible pour le suivre en Suisse, où il doit enregistrer une émission de télévision. Elle a un shooting. Elle n’a pas abandonné sa carrière de mannequin depuis qu’ils se sont rencontrés – non pas dans un avion, comme les gazettes l’ont d’abord affirmé, sans doute parce que cette notion de hasard avait quelque chose d’autrement plus romanesque, pour ne pas dire romantique, que la réalité : une histoire d’amour née d’une rencontre professionnelle. Il a d’abord été son patron…
    Tout a commencé un an plus tôt, en septembre 1976. Blonde aux yeux azur, un petit nez retroussé, le minois parsemé de taches de rousseur, incarnation de la beauté idéale à ses yeux, cette Américaine originaire de Los Angeles vient d’être repérée par Martine Diacenco, la tête chercheuse de Girl’s, l’agence de top models
créée par Claude François. Le chanteur tient à ce qu’on lui présente les dernières recrues : quand ils déjeunent ensemble pour la première fois, à la brasserie Lorraine, avec vue sur le marché aux fleurs de la place des Ternes, Kathalyn n’a pas la moindre idée de la star qu’il est en France. D’une certaine manière, cela l’arrange : il veut être aimé pour lui-même et non pour sa notoriété.
    Il n’avait pas tardé à lui demander :
    — Quel est votre type d’hommes ?
    — Les bruns à lunettes, avait-elle répondu.
    Il n’en fallait pas davantage pour qu’il ait envie de la séduire : il ne s’intéressait qu’aux femmes qui lui résistaient. « En amour, le meilleur moment, c’est la conquête », disait-il souvent. Quelques jours plus tard, il l’invite donc dans sa résidence secondaire, le moulin de Dannemois. On racontera que, pendant une semaine, le domestique répondait invariablement à son équipe qui cherchait désespérement à le joindre : « On ne peut pas déranger monsieur. » En quelques semaines, elle lui fait oublier Sofia, sa précédente fiancée, d’origine finlandaise, dont le départ l’avait laissé groggy. Il l’avait aimée passionnément, de manière presque fusionnelle, mais elle lui en avait fait voir de toutes les couleurs, avec son caractère bien trempé.
    Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour : Claude va réserver à Kathalyn un
cadeau qu’il n’a jamais offert à aucune de ses compagnes : un duo, « C’est comme ça que l’on s’est aimé », qu’il devait à l’origine interpréter avec Mireille Mathieu. Ils ont seize ans d’écart, ils se parlent uniquement en anglais, sauf lorsqu’ils chantent ensemble, mais ils se comprennent à merveille. Avec elle, tout semble simple.
    Pour le moment, c’est pour la vie.
    « Je n’ai jamais été aussi heureux », pense-t-il en quittant son appartement du boulevard Exelmans, sur les coups de 14 h 30.
    Il sourit à l’idée de retrouver Kathalyn vendredi soir.
    L’amour lui a toujours donné des ailes.

    Comme d’habitude, il est en retard. Tout est prêt quand il déboule à 15 heures au Studio 44, rue Legendre, pour une séance photos. Il porte une chemise bleue à fines rayures, un pantalon marine et des boots marron. Cinq Clodettes sont autour de lui sur fond blanc : Dany, Julie, Sandra, Béatrice et Prisca. Le photographe, Leonard Bremi, lui a réservé une surprise : la présence de « Clodinettes  », les élèves de l’école de danse lancée par Prisca, avec son aval. Une quinzaine de jeunes filles
de huit à dix-huit ans, habillées comme les Clodettes, même si elles portent des baskets blanches et des chaussettes assorties là où les vraies sont chaussées de bottes à talons argentées.
    Il est ravi de cette idée : c’est une belle manière de dire qu’il est le chanteur des familles. Les enfants ont toujours eu un faible pour lui. Il les fait rêver avec ses habits de lumière, ses mélodies simples et son univers féerique.
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