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La dernière nuit de Claude François

La dernière nuit de Claude François

Titel: La dernière nuit de Claude François
Autoren: Bertrand Tessier
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vacances. Il était avec eux comme avec tous ceux qui croisaient son chemin : excessif en tout. Autoritaire et envahissant, mais aussi d’une tendresse débordante. Quand il les retrouvait au moulin vers 4 ou 5 heures du matin, après un gala en province, il n’hésitait pas à les réveiller pour jouer avec eux pendant une heure. En même temps, les deux bambins avaient intérêt à filer droit. Claude, l’ancien gamin espiègle, farceur et bagarreur, n’appréciait pas que ses fils s’amusent à mettre du bain moussant dans la piscine ou collent des chewing-gums sur les portes vitrées.
    Soucieux de leur éducation, comme son père l’avait été de la sienne, il envisageait de les mettre en pension dès leur entrée au collège. Une pension près de Paris, ce qui lui permettrait de les voir plus souvent. Il les avait aussi poussés à apprendre la musique. De la batterie, avaient réclamé les enfants. Non, du piano, avait imposé Claude, oubliant sa tristesse d’avoir dû s’initier au violon durant son enfance. Un jour, dans une émission de Michel Drucker, il leur avait même demandé de jouer à la télévision. Mais les deux frères détestaient tant les cours de solfège qu’ils feront tout pour s’en retrouver exclus quelques mois avant la disparition de leur
père, qui n’en saura jamais rien : Isabelle n’osera jamais l’avouer à Claude…
    Ce samedi, Isabelle décide illico de prendre l’avion pour Paris, avec ses fils. Elle leur a parlé d’un accident, mais n’a pas voulu leur révéler tout de suite la vérité. C’est comme si elle voulait mettre le temps en suspension, offrir quelques heures supplémentaires d’insouciance à ses enfants, avant de leur assener une nouvelle qui détruira à jamais leur innocence.
    Arrivée à Paris, avant de rejoindre le boulevard Exelmans, elle dépose Coco et Marc à Montfort-l’Amaury, chez Jean-Pierre Bourtayre. Ils s’entendent bien avec ses enfants, ils ont l’habitude de jouer ensemble… Toute la subtilité consistera à expliquer à leurs copains de jeu qu’ils ne doivent ni évoquer la mort de Claude François, ni allumer la télévision.
    Isabelle attendra le lendemain pour annoncer la mort de leur père à ses enfants.
    Coco accueillera la nouvelle sans un mot et s’enfermera dans un placard pendant plusieurs heures.
    Marc extériorisera au contraire sa douleur : il brisera le carreau d’une porte-fenêtre puis frappera les arbres du jardin de ses mains.

    Ce samedi 11 mars 1978, Vline Buggy veut voir le dernier Monty Python, Sacré Graal ! Elle l’a raté, et seule une salle d’art et d’essai des Champs-Élysées le programme encore.
    Sans elle, peut-être Claude François ne serait-il jamais devenu Cloclo.
    Au début des années 1960, c’est elle qui lui avait permis de décrocher son premier tube, à l’époque où il errait de maison de disques en maison de disques. Il avait repéré une chanson des Everly Brothers, « Made To Love », dont Vline Buggy venait d’écrire une adaptation française sous le titre « Rien, rien, rien ». Lui n’accrochait pas au titre, mais il avait voulu la rencontrer, et Jean-Jacques Tilché, son directeur artistique, lui avait décroché un rendez-vous.
    — Vas-y mollo, c’est quelqu’un de connu qui écrit pour beaucoup de monde, lui avait-il conseillé.
    Au jour dit, une femme lui ouvre la porte.
    — Bonjour, puis-je voir M. Vline Buggy ?
    — Il n’y a pas de M. Vline Buggy ici. Vline Buggy, c’est moi.
    — Excusez-moi…
    — Alors, qu’est-ce qui ne va pas dans mon texte ?
    — C’est du bouche-trou…
    — Asseyez-vous, voici un crayon et un bloc, faites le texte…
    — Mais ce n’est pas mon métier !
    — Essayez, puisque vous êtes si malin. Claude François s’était mis au travail, avant de lui dire :
    — Il faudrait un texte qui sonne comme les cloches.
    Vline Buggy avait saisi la balle au bond. Cloche se disant bell en anglais, elle avait troussé en quelques minutes un nouveau refrain :
    Belles ! Belles ! Belles !
Comme le jour…
    Ce samedi, elle s’étrangle de rire entre deux gags des Monty Python quand, soudain, le projectionniste interrompt le film et vient annoncer :
    — Claude François est mort.
    Ils n’avaient pas retravaillé ensemble depuis des années, mais elle n’a pas eu le courage de regarder la fin du film.
    Depuis, elle ne l’a jamais vu.

    Tout son argent de poche y passe. Les 45 tours. Les 33 tours. Les albums
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