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La Comte de Chanteleine - Épisode de la révolution

La Comte de Chanteleine - Épisode de la révolution

Titel: La Comte de Chanteleine - Épisode de la révolution
Autoren: Jules Verne
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la côte qui mène à Recouvrance, près de Porzik, à la porte d’une mauvaise auberge, où ils purent trouver une chambre.
    Kernan, le lendemain, alla aux nouvelles, et il apprit le retour du brick Le Sans-Culotte , qui avait fait une prise importante sur les côtes de Bretagne.
    Kernan revint donc à l’auberge.
    – Maintenant, Henry, dit-il, je vous laisse à votre fiancée ; je vais à la ville, je veux savoir à quoi m’en tenir.
    Kernan partit, suivit la côte, entra par Recouvrance, arriva au port de Brest, le traversa en bateau et remonta du côté du château, autour duquel il rôda toute la journée.
    Brest était en proie à la plus épouvantable terreur ; le sang coulait à flots sur ses places publiques. Un des membres du Comité de salut public, Jean Bon-Saint-André, y exerçait les plus horribles représailles.
    Le Tribunal révolutionnaire fonctionnait sans relâche. On faisait même guillotiner par les enfants, « pour leur apprendre à lire dans l’âme des ennemis de la République ».
    La folie se mêlait à l’ivresse du sang.
    Kernan, en interrogeant l’un et l’autre, apprit que le comte avait été emprisonné et condamné à mort. Seulement, on retardait son exécution pour un motif atroce.
    Karval voulait que la jeune fille fût guillotinée sous les yeux de son père, et il avait juré de s’en emparer à tout prix.
    « Cela ne peut pas avoir lieu, se dit simplement Kernan, il y a des choses que le Ciel ne permettrait pas ! »
    Quoi qu’il en soit, Karval, après avoir reçu les félicitations des clubs et du proconsul, retourna à Douarnenez le jour même, et continua ses recherches.
    Kernan revint le soir au Porzik ; il apprit aux deux jeunes gens que l’exécution du comte était retardée, sans leur dire pour quelle raison, et il annonça son intention d’aller chaque jour à Brest savoir ce qui s’y passait. Mais, par-dessus toutes choses, il leur recommanda de ne pas mettre le pied au-dehors.
    Marie, d’ailleurs, était couchée et mourante. Cette dernière épreuve l’avait brisée.
    Pendant treize jours, Kernan partit le matin et revint le soir sans rapporter aucun fait nouveau. La plupart des pêcheurs arrêtés à Morgat, avec leurs femmes et leurs enfants, avaient été exécutés. Quant au comte, un miracle seul pouvait le sauver.
    Le soir du treizième jour, le 26 juillet, Kernan, parti le matin, suivant sa coutume, ne rentra pas, et Henry passa la nuit dans une mortelle inquiétude.

XV – LA CONFESSION
     

    Le retour de Kernan avait été, en effet, retardé par une rencontre inattendue. Il était neuf heures du soir ; il revenait désespéré ; on annonçait pour le lendemain l’exécution du ci-devant comte de Chanteleine. Karval, ne pouvant retrouver la jeune fille, avait enfin ordonné le supplice.
    Kernan était décidé à employer les moyens extrêmes pour enlever le comte à la fatale charrette qui le conduirait à l’échafaud. Mais, avant de prendre un parti, il voulut revoir le chevalier et sa nièce Marie, pour la dernière fois peut-être. Il marcha donc à grands pas, après avoir longtemps rôdé autour de la prison.
    Déjà il avait traversé le port de Brest, et il remontait les rues roides et détournées de Recouvrance, quand il aperçut, marchant devant lui, un homme dont la tournure le frappa. L’obscurité n’était pas encore assez grande pour qu’il pût s’y méprendre. Certains détails lui firent venir la pensée que cet homme était celui qu’il haïssait tant. Bientôt, il ne put en douter.
    « Karval ! se dit-il, Karval ! »
    La haine, la colère, le désir de la vengeance l’aveuglèrent un instant, au point qu’il fut prêt à se jeter sur le misérable et à le tuer sur place. Mais il parvint à se contenir.
    – Je le tiens, dit-il, du sang-froid !
    Kernan se prit à suivre Karval ; il ôta ses souliers ; il le laissa prendre une certaine avance sur lui pour n’être pas remarqué, et, courant pieds nus quand son ennemi venait à tourner l’angle d’une rue, il reprenait sa piste comme un sauvage des prairies d’Amérique.
    Karval s’engagea dans les petites ruelles montantes si nombreuses dans ce quartier de la ville. L’obscurité s’accroissait peu à peu, et les rues devenaient désertes ; Kernan dut se rapprocher de Karval pour ne pas le perdre de vue. D’ailleurs, le misérable, ne soupçonnant pas la présence du Breton dans la ville, ne l’aurait pas reconnu. Cependant, il ne
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