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La Comte de Chanteleine - Épisode de la révolution

La Comte de Chanteleine - Épisode de la révolution

Titel: La Comte de Chanteleine - Épisode de la révolution
Autoren: Jules Verne
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visitait les villages, tantôt Pont-Croix, tantôt Crozon, Douarnenez, Pouellan ; non seulement il se transportait au sein des paroisses, mais aussi dans les maisons les plus isolées.
    Il paraissait connaître parfaitement le pays et être au courant de ses besoins. À la naissance d’un enfant, il accourait ; il apportait des consolations et les derniers sacrements aux moribonds ; on le voyait peu, car sa figure était le plus souvent voilée ; mais on n’avait pas besoin de le voir, il suffisait de l’entendre pour reconnaître en lui le ministre d’une religion de charité.
    Ce fait, d’abord peu connu, ne tarda pas à attirer l’attention publique. Bientôt, on en causa à Douarnenez.
    – Cette nuit, il est venu chez la mère Kerdenan et il l’a administrée, disait celui-ci.
    – Avant-hier, il a baptisé l’enfant aux Brezenelt, répondait celui-là.
    – Profitons-en, pendant qu’il est là, répliquaient naïvement les autres, car il pourrait bien lui arriver malheur.
    Les habitants de cette côte, en somme de pieuses gens, étaient heureux de la présence de cet inconnu, qui, renouvelait la situation morale du pays.
    Il y avait un vieux tronc de chêne sur la route de Douarnenez à Pont-Croix, où ceux qui réclamaient les secours de la religion déposaient un billet, un mot, un signe quelconque, et, la nuit suivante, le prêtre mystérieux apparaissait.
    Vu leur isolement, les hôtes de Locmaillé ne connurent pas d’abord ce nouvel état de choses ; ils ne causaient guère avec leurs voisins, et ils s’enfermaient volontiers chez eux. Pendant deux mois, au moins, cette sainte mission fut exercée sans qu’ils en fussent instruits, sans qu’ils pussent en profiter pour leur compte.
    Cependant, le bonhomme Locmaillé apprit ce qui se passait ; il en dit quelque chose à Kernan ; le Breton n’eut rien de plus pressé que d’en parler à son maître ; un éclair de satisfaction brilla dans les yeux du comte.
    – Ma foi, dit Kernan, ce prêtre-là doit être un homme courageux et dévoué, car il faut du dévouement et du courage pour agir ainsi.
    – Oui, répondit le comte, mais il en est récompensé par le bien qu’il répand autour de lui.
    – Sans doute, notre maître, et je m’explique que les habitants de cette côte soient heureux de sa présence dans le pays ! Savez-vous que c’était dur de mourir sans confession !
    – Oui, répondit le comte.
    – Pour moi, reprit le Breton avec une conviction profonde, c’eût été la pire des douleurs ; l’enfant nouveau-né peut attendre son baptême, et chacun a le droit de remplacer le prêtre auprès d’un berceau ; les jeunes gens peuvent remettre le mariage à des temps plus heureux ! Mais mourir sans un confesseur à son chevet, il y a de quoi désespérer !
    – Tu as raison, mon pauvre Kernan.
    – Mais j’y pense, reprit le Breton, voilà qui fera plaisir à M. Henry ! Nous devons beaucoup à ce courageux jeune homme ; heureusement, il nous sera facile d’être reconnaissants envers lui ! Savez-vous que ma nièce aura là un mari sur lequel elle pourra compter ! Et certainement, en lui permettant de la sauver, le Ciel la lui réservait pour l’avenir !
    – Nous devons le penser, Kernan, répondit le comte ; puisse cette chère enfant être heureuse comme elle le mérite ! Elle a été assez éprouvée pour que le Ciel lui sonne désormais une existence heureuse. Mais avant de parler de ce prêtre au chevalier, Kernan, laisse-moi arranger cette affaire.
    Kernan promit de ne rien dire, mais le chevalier ne tarda pas à entendre parler de ce qui faisait la conversation de tout le pays. Aussitôt il vint entretenir Kernan de sa grande découverte, et le Breton ne put s’empêcher de sourire.
    – Parlez-en ce soir à souper, lui dit-il, et vous verrez ce qu’on vous répondra.
    Henry suivit le conseil de Kernan, et le soir même, après avoir tendu la main à Marie, il appelait le comte de Chanteleine du nom de père.
    – Mais ce prêtre, dit-il, qui le verra ?
    – Moi, dit le comte.
    Marie se jeta dans ses bras.
    – Cela va bien, cela va bien, dit Kernan, et cela nous portera bonheur. Je ne serais pas étonné que ce fût la fin de la fin. Ah ! monsieur Henry, vous nous l’aimerez bien.
    – Oui, mon oncle, répondit Henry en se précipitant au cou du Breton.
    Un long mois se passa encore ; le comte ne parlait plus du prêtre mystérieux. L’avait-il vu ? Henry osait à peine
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