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La Comte de Chanteleine - Épisode de la révolution

La Comte de Chanteleine - Épisode de la révolution

Titel: La Comte de Chanteleine - Épisode de la révolution
Autoren: Jules Verne
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alors dans la grotte ; une barque vint jusqu’à l’autel, sur lequel un homme s’élança :
    – Ah ! comte de Chanteleine, je te tiens, s’écria-t-il, saisissant le prêtre et le remettant à ses soldats ! Prêtre et noble ! ton affaire est bonne !
    Cet homme était Karval. Le billet déposé par Henry avait été saisi par un espion qui surveillait le pays. Aussitôt, Karval, instruit de l’affaire, partit sur un navire de Brest, et vint surprendre les malheureux.
    Kernan avait aperçu Karval ; mais à un cri du comte il repoussa vivement la barque, et se réfugia dans la partie la plus sombre de la grotte.
    Cependant, Karval avait eu le temps de reconnaître Marie, à son grand étonnement, car il la croyait morte ; il la fit donc chercher partout, quand la fumée fut dissipée, et pour échapper à ses ennemis, Kernan n’hésita pas à lancer la barque dans l’une de ces profondes cavités, où il risquait de périr faute d’air.
    Karval jurait, blasphémait en poursuivant ses recherches.
    – Rien ! rien ! la fille m’échappe ! Mais elle n’a donc pas été exécutée ? Par où ont-ils pu fuir ?
    Il se fit conduire en dehors de la grotte. Ceux des pêcheurs qui avaient pu gagner le rivage fuyaient dans toutes les directions ; Karval ne vit rien et dut se contenter de la prise du comte.
    Celui-ci fut mis à bord du brick, qui reprit la pleine mer et revint vers Brest.
    Cependant, la situation de Kernan était terrible ; la jeune fille, évanouie, gisait à ses pieds ; Henry se sentait étouffer. Enfin la barque de Karval quitta la grotte. Le Breton se hâta alors de fuir cette retraite funeste, et il fit revenir Marie en mouillant son visage décoloré.
    – Elle vit ! elle vit ! s’écria le jeune homme.
    – Mon père ! murmura Marie.
    Henry ne répondit pas, tandis que Kernan faisait un geste de menace et de colère.
    – Ah ! Karval ! dit-il, je te tuerai !
    Laissant alors Marie aux soins du chevalier, dont l’union n’avait pas encore été bénie, Kernan se jeta à la nage, et gagna le devant de la grève ; n’apercevant plus les républicains, il sortit peu à peu, et il arriva sur la plage ; il y avait là des cadavres et du sang ; il monta sur le haut des rocs, et rejoignit quelques malheureux qui se cachaient.
    – Eh bien ! leur demanda-t-il, les Bleus ?
    – Là.
    Ils lui montrèrent le brick, qui doublait en ce moment le cap de la Chèvre.
    – Et le prêtre ? demanda Kernan.
    – À bord, répondirent les pêcheurs.
    Kernan se laissa glisser du haut du talus sur la plage et rentra dans la grotte ; il plongea de nouveau, et il regagna la barque où Marie était étendue, respirant à peine.
    – Le comte ? demanda Henry.
    – Emmené à Brest.
    – Eh bien ! il faut aller à Brest, s’écria Henry, le délivrer ou mourir.
    – C’est mon avis, répondit Kernan ; d’ailleurs, nous ne pouvons retourner à Douarnenez, nous n’y serions plus en sûreté. Locmaillé ramènera la chaloupe, nous nous cacherons aux environs de Brest et nous attendrons.
    – Mais comment y aller ?
    – Il faut gagner par terre la rade de Brest.
    – Mais Marie ?
    – Je la porterai, dit Kernan.
    – Je marcherai, répondit la jeune fille en se relevant avec une force surhumaine. À Brest ! à Brest !
    – Attendons l’obscurité, dit Kernan.
    Toute la journée se passa dans les craintes et le désespoir ; les pauvres gens avaient été frappés d’un coup de foudre au milieu de leur bonheur.
    Kernan fit sortir la chaloupe à la marée du soir ; quand la nuit fut venue, il gagna la plage, serra la main au bonhomme Locmaillé, et, soutenant Marie, il prit à travers les champs.
    Une demi-heure après, les fugitifs arrivaient au village de Crozon, situé à une demi-lieue des grottes ; ils rencontrèrent sur la route des cadavres encore chauds. Ils marchèrent ainsi pendant plus d’une heure.
    Où allaient ces malheureux ? qu’allaient-ils faire ? qu’espéraient-ils ? Comment arracher le comte à la mort ? Ils n’en savaient rien, mais ils allaient. Ils passèrent ainsi les villages de Pen-av-Menez, de Lescoat, de Laspilleau, et arrivèrent enfin au Fret, qui est situé sur la rade de Brest, après deux heures de marche.
    Marie n’en pouvait plus ; heureusement, Kernan trouva un pêcheur qui voulut bien lui faire traverser la rade.
    On s’embarqua ; à une heure du matin, Kernan, Marie et Henry débarquaient, non pas à Brest, mais sur
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