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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia
Autoren: Juliette Benzoni
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heures pour emplir toutes les embarcations. Les éloigner fut presque aussi difficile. Des hommes se jetaient à l’eau (à - 2°!) et tentaient de s’y accrocher. Tous n’étaient pas pleins. Le canot 1 était parti avec cinq passagers, six soutiers et une vigie qui l’avaient pris d’assaut. Résultat : les canots n’emportèrent que 700 personnes alors que leur capacité totale était d’environ 1 200 ! Quand le dernier s’éloigna, il en restait 1 500 à bord. Le commandant Smith rejoignit sa passerelle. Thomas Andrews, l’architecte, s’était retiré dans le fumoir. Il avait jeté son gilet de sauvetage et, immobile devant un tableau représentant L’ Avènement du Nouveau Monde qu’il contemplait les bras croisés, il n’entendit même pas le steward qui le pressait de fuir… John Jacob Astor allumait une nouvelle cigarette… et l’orchestre jouait toujours. Mais cette fois c’était « Autumn », un cantique…
    Soudain, le Titanic se souleva à la verticale, y resta immobile pendant une minute environ, les lumières s’éteignirent, un bruit violent se fit entendre quand les machines éclatèrent et enfin le beau navire plongea… sans faire de vagues.
    Quand, vers 4 heures, le Carpathia arriva sur les lieux du drame, il trouva l’océan lisse moucheté de petits icebergs et d’embarcations qui semblaient à la dérive…
    Une fois à bord, Helen, confiant un moment Madeleine à une passagère, entreprit de faire le tour des rescapés, cherchant sa meurtrière – en vain.
    Pensant qu’elle faisait peut-être partie des victimes, elle fit un signe de croix et rejoignit celle qui avait besoin d’elle…

Première partie
UN JOYAU FUGUEUR

1
Un client peu ordinaire…
    L’Américain regardait autour de lui et Aldo Morosini regardait l’Américain. De toute évidence aucun d’eux ne s’attendait à ce qu’ils voyaient. Pour l’un, c’était la somptuosité – mesurée mais d’autant plus imposante ! – du décor : le haut plafond aux poutres enluminées, la fresque de Tiepolo, le bureau Mazarin de bois précieux, d’écaille et de cuivre avec d’admirables bronzes dorés, les sièges et les longs rideaux de velours d’un jaune doux, le portrait d’un doge entre deux fanaux de navires, l’immense tapis de la Savonnerie aux nuances assorties et quelques rares mais très beaux objets comme ce vase Kien-Long empli de feuillage roux et d’une poignée de chrysanthèmes jaunes. Seul le personnage assis derrière le bureau ne l’étonnait pas : il l’avait déjà vu dans un journal…
    Pour Morosini, ce fils des États-Unis ne ressemblait en rien à ceux qu’il avait rencontrés, et il y en avait beaucoup. En fait, Cornélius B. Wishbone avait l’air d’un ange farceur un peu âgé habillé par un tailleur connaissant son métier…
    Sous des moustaches grises, légères et frisottantes, et une courte barbe en éventail se séparantpar le milieu, il avait un visage ouvert, une bouche aux coins retroussés, des yeux d’un bleu candide regardant bien droit, un front à moitié dégarni et, brochant sur le tout, un chapeau de feutre noir à larges bords qu’il portait en arrière comme une auréole et dont il semblait avoir le plus grand mal à se séparer : il ne l’avait ôté qu’un instant, pour saluer avant de le remettre en place. Maintenant qu’il était assis, on ne remarquait plus ses jambes légèrement arquées annonçant un cavalier. En fait il venait du Texas où il possédait un ranch gigantesque.
    Patiemment, le prince-antiquaire et expert en joyaux rares attendit que le regard de son visiteur, examen local terminé, revînt se poser sur lui et sourit :
    — Cela vous plaît ?
    — Faudrait être difficile ! Un vrai palais !
    Morosini faillit lui dire qu’on l’appelait comme ça à Venise mais se contenta de répondre :
    — Un petit alors ! Ce n’est pas Versailles !
    — Ver… sailles ? Connais pas !
    Aldo pensa qu’il tenait là une rareté. Les Américains qui débarquaient en Europe inscrivaient toujours la demeure du Roi-Soleil dans les premiers rangs des sites qu’il fallait à tout prix visiter. Peut-être pour s’assurer que les dollars investis par leur compatriote Rockefeller dans la réfection du monument ne l’étaient pas à fonds perdus !
    — C’est sans importance, concéda-t-il. À présent, si vous m’appreniez ce que vous attendez de moi ?
    Pour l’encourager, il présenta un coffret à cigares que l’on refusa :
    — Merci
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