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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia
Autoren: Juliette Benzoni
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compliments ! Tu comptes rester combien de temps à Paris ?
    — Trois ou quatre jours !
    — Oui… mais après ? Tu iras où ?
    — Quelle question ! Je rentrerai, bien sûr ! Où veux-tu que j’aille ?
    — Je ne sais pas moi !… Le Tibet ?… L’Alaska ?
    — Fait trop froid !
    — Alors le Mexique, la Colombie aux émeraudes… les îles Sous-le-Vent.
    — N’importe quoi ! Tiens, si tu es bien sage, j’essaierai de te ramener Cornélius ! Il est distrayant au possible !
    — À moins que ce ne soit lui qui t’emmène au bout du monde !
    Aldo fronça les sourcils. C’est qu’elle avait l’air d’y croire ! Quittant le ton de la plaisanterie, il emprisonna les épaules de sa femme dans ses mains tandis que Guy Buteau s’esquivait discrètement :
    — Qu’est-ce que tu as, Lisa ? On dirait que ce voyage à Paris te tourmente vraiment ?
    — N’exagérons rien ! Souviens-toi seulement que, la dernière fois, tu devais rester en Égypte cinq ou six jours et tu es resté quatre mois !
    — Encore heureux de ne pas y être resté définitivement ! fit-il un peu sèchement. Que veux-tu, il faut bien que je fasse mon métier et il m’oblige à voyager ! Je ne te propose pas d’envoyer Guy à ma place pour cette vente ! Elle est importante… et je ne devrais pas être obligé de te l’expliquer. Mina Van Zelden aurait compris sans qu’on soit obligé de lui faire un dessin !
    — Mais j’ai compris, rassure-toi ! Et puis tu pourras toujours revenir en compagnie d’Adalbert qui sera sûrement à Paris !
    — Pas sûr : il a un appartement à Londres !
    — Il m’étonnerait fort qu’il ne soit pas là ! Puisque tu vas chez Tante Amélie il s’arrangera pour que le « gang » soit au complet !
    Et, posant un baiser rapide sur le bout du nez de son époux, Lisa ramassa ses écrins et remonta dans sa chambre. Elle s’en voulait d’avoir donné libre cours à la vague inquiétude qui lui était venue en apprenant qu’il allait s’occuper de cet Américain, si sympathique soit-il.
    Elle n’avait rien contre l’Amérique en général et même elle y comptait des amis, mais ayant vécu auprès d’Aldo quelques années, d’abord sous un camouflage de secrétaire insipide puis comme épouse après la parenthèse du désastreux mariage polonais (2) , elle avait appris à le connaître à fond et savait que, tout en lui gardant son amour intact, il était sujet à des coups de cœur dont certains pouvaient être dangereux. Elle l’avait compris quand, au moment de l’affaire de Versailles, elle avait reçu une lettre de M me de Sommières (Tante Amélie), de style humoristique d’ailleurs, lui rappelant que, s’il était louable d’être une bonne mère, il n’était pas mauvais non plus que l’on sût qu’il existait une princesse Morosini avec qui Aldo formait un couple parfait. Il est vrai qu’à ce moment Lisa, qui venait de mettre au monde son petit Marco, ne s’occupait plus que de lui, allant même jusqu’à faire chambre à part afin de ne pas risquer de tarir son lait. Il serait bon, par exemple, écrivait la marquise, qu’elle fît une entrée fracassante au vernissage de l’exposition de sculpture d’une Américaine, Pauline Belmont, dans la galerie d’antiquités de leur ami Gilles Vauxbrun dont elle était la dernière passion…
    Lisa était trop fine pour ne pas deviner une mise en garde sous le ton d’affectueuse plaisanterie. Au beau milieu de la soirée, elle avait effectué l’entrée « sensationnelle » qu’on lui conseillait. Comme César, elle était venue, elle avait vu… qu’en effet Vauxbrun était très amoureux de l’artiste – une véritable, il fallait l’avouer ! – mais qu’il n’était pas payé de retour. En revanche, il y avait plus d’une chance que Pauline aime Aldo. Et c’était une femme remarquable : belle, intelligente, sensible, incroyablement sympathique, cultivée bien sûr, pourvue enfin d’un corps de statue grecque et d’un magnifique regard gris que Lisa avait bien cru voir s’adoucir en se posant sur son époux. Mais lui semblait si heureux de son arrivée fortuite qu’elle n’avait pas douté un instant d’un amour qu’on lui avait prouvé surabondamment trois heures après dans une chambre du Ritz.
    — Ne me prive plus jamais de toi, Lisa ! avait-il supplié avant de lui permettre de s’endormir. J’en souffre trop !… Et ce ne sont pas les nourrices qui manquent dans ton Helvétie natale ! Sans compter les vaches
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