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La chasse infernale

La chasse infernale

Titel: La chasse infernale
Autoren: Paul C. Doherty
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ainsi que votre frère vous appelait il y a bien longtemps, Mathilda, quand vous et lui combattiez pour le roi contre Montfort ? Vous, comme vous l’avez reconnu, serviez d’espion au roi à Londres où vous rassembliez les pamphlets et les feuillets des partisans de Montfort pour les envoyer à votre frère. «  Per manus P.P. »
    Corbett regarda les yeux d’un noir de jais de Lady Mathilda.
    — J’ai remarqué ces mots griffonnés au dos de plusieurs pamphlets dans le livre que j’ai trouvé dans la chambre d’Appleston. «  Per manus P.P. » , « de la main de son parva passera  » : de son « petit moineau », comme votre frère vous appelait. J’ai consulté les autres volumes de la bibliothèque, continua le magistrat, comme l’a fait Ascham. Mais, bien que vous ayez tenté de supprimer toutes les lettres qui trahissaient le doux nom que votre frère vous donnait, vous, son petit moineau, vous avez oublié un endroit.
    Corbett s’interrompit.
    — Il avait une Vie des saints, dans laquelle Ranulf a voulu s’informer sur Monique, la mère d’Augustin. La première sainte évoquée sous la lettre M était Mathilda et sous ce prénom votre frère avait inscrit : «  Soror mia, Passerella mia  », ma soeur, mon petit moineau. Ascham le savait, n’est-ce pas ? Et en mourant, l’esprit confus, c’est ce mot qu’il a essayé de griffonner sur un morceau de parchemin.
    — Sir Hugh...
    Lady Mathilda reprit sa broderie et manipula l’aiguille comme si c’était un poignard.
    — Êtes-vous en train de m’accuser d’être le Gardien ? D’essayer de détruire ce qu’a construit mon frère ? Êtes-vous en train de dire que moi, affaiblie et usant d’une canne, j’ai tué mes compagnons, ici, à Sparrow Hall ?
    — C’est exactement ce que j’avance, Lady Mathilda : c’est pourquoi j’ai demandé à Moth de nous laisser. Dans mon message à Bullock, je lui ai demandé de garder Maître Moth près de lui et de prendre son temps avant de venir ici. Moth est plus dangereux qu’il n’y paraît : c’est l’assassin silencieux. Il est même inutile que vous lui fassiez ces étranges signes ; il saurait, juste en lisant sur votre visage, que vous êtes en grand danger et agirait en conséquence. Avant qu’il ne revienne avec notre bon shérif, j’en aurai terminé et vous, Lady Mathilda, serez arrêtée pour haute trahison et meurtre.
    — C’est absurde ! rétorqua Lady Mathilda avec fiel. Je suis une amie fidèle du roi. Son sujet le plus loyal.
    — Vous étiez une amie fidèle du roi et un sujet loyal, déclara Corbett. À présent, Lady Mathilda, votre âme bouillonne de méchanceté. Vous voulez vous venger : vous venger du roi ; vous venger de ceux, ici, à Sparrow Hall, qui, quand vous mourrez – et vous mourrez un jour –, oublieront rapidement la mémoire de votre frère, changeront le nom de votre précieux Sparrow Hall et obtiendront l’autorisation royale pour des statuts et des règlements différents. D’une certaine façon, la malédiction de la recluse folle s’accomplira.
    — Une sorcière, l’interrompit Lady Mathilda. J’aurais dû m’occuper d’elle il y a des années...
    Elle s’arrêta et sourit.
    — Qu’alliez-vous dire, Lady Mathilda ?
    — Quelles sont vos preuves ? demanda-t-elle vivement. Quelles preuves avez-vous ?
    — Quelques-unes. Assez pour que la justice royale commence à enquêter.
    Corbett dévisagea cette petite femme passionnée. Des années auparavant, à St Paul, un prêtre, armé d’un poignard, l’avait attaqué dans un confessionnal. Corbett savait que Lady Mathilda, malgré son apparente fragilité, était tout aussi dangereuse. Le meurtre ne demande pas toujours la force brute – simplement la volonté de le mener à bien.
    — Je vous ai demandé vos preuves, Sir Hugh.
    — J’y viendrai petit à petit, Lady Mathilda. Retournons à la racine et à la cause de tout ceci, il y a quarante ans, quand Henry Braose et sa soeur Mathilda décidèrent de soutenir le roi. Ils étaient tous les deux adroits, impitoyables et déterminés. Henry était un soldat courageux et Mathilda, qui adorait son frère comme si c’était Dieu incarné, était aussi une femme accomplie. D’une grande intelligence et fourberie, maîtrisant parfaitement la lecture et l’écriture, elle servait d’espionne au roi à Londres. Elle et son frère étaient des opportunistes et leur ambition était celle des aigles : monter
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