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La chasse infernale

La chasse infernale

Titel: La chasse infernale
Autoren: Paul C. Doherty
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foules de colporteurs et de marchands. Corbett remonta la nef et s’arrêta devant l’entrée du jubé.
    — Un Daniel est donc venu au jugement !
    La voix de la recluse résonna dans l’église.
    — Vous êtes venu pour le jugement, n’est-ce pas ?
    — Comment le sait-elle ? s’étonna Ranulf.
    — C’est plus une affaire de foi que de déduction, expliqua Corbett. Je parie que cette pauvre femme prie tous les jours pour être vengée de Sparrow Hall. Oxford est une petite communauté : la mort d’Appleston doit à présent être de notoriété publique.
    Le magistrat fit une génuflexion devant la lampe du choeur et se dirigea vers la porte latérale par laquelle l’assassin de Passerel s’était faufilé. Il s’accroupit et examina le décrottoir fixé dans le sol pavé. Il était juste à l’entrée pour que les visiteurs puissent s’y débarrasser de la boue et des ordures collées à leurs bottes.
    — C’est là qu’a trébuché l’assassin de Passerel ! cria la recluse. Je l’ai vu, arrivant comme un larron dans la nuit, mais c’est ce qu’est la Mort, la voleuse silencieuse de nos âmes !
    Corbett négligea ses imprécations. Il ressortit de l’église, peu désireux d’entendre le nouveau cri de la recluse : « La justice de Dieu frappera les pécheurs comme une verge de feu ! »
    Ils traversèrent la rue, tournèrent et descendirent Retching Alley jusqu’à un petit estaminet où l’on vendait de la bière. La pièce, à l’intérieur, n’était pas plus grande qu’une masure de paysan. Sur la terre battue, on avait installé quelques tabourets et de larges cuveaux retournés en guise de tables. Néanmoins, la bière était savoureuse et mousseuse à souhait.
    — Eh bien ?
    Ranulf reposa sa chope.
    — Allons-nous faire le tour d’Oxford ou rester assis ici sur le cul en nous regardant tranquillement ?
    Corbett sourit.
    — Je pensais au hasard, Ranulf. À la chance, au jeu de dés. Prends la grande victoire d’Édouard sur Montfort, à Evesham ; certes, Édouard est un bon général, mais il a eu de la chance. On pense au meurtrier que nous avons pendu à Leighton. Comment s’appelait-il déjà ?
    — Boso.
    — Ah oui, Boso. Comment l’as-tu capturé ?
    — Il avait décidé de fuir, expliqua Ranulf, mais il a pris le mauvais sentier. On ne court pas bien vite quand on est prisonnier des marais.
    — Et s’il avait choisi un autre sentier ?
    — Il nous aurait échappé. Comme vous le savez, une armée pourrait se cacher dans la forêt d’Epping.
    — C’est la même chose ici, répliqua le magistrat. Nous pouvons user de logique et de déduction, mais ce qui est efficace, c’est la chance.
    — Vraiment, Messire ?
    Ranulf entoura sa chope de ses mains.
    — Dans quelques mois, nous serons en novembre, à la Toussaint. Je ne cesse de me remémorer l’histoire que vous m’avez racontée sur le meurtre dans votre paroisse quand vous étiez enfant. Pensez à tous les morts, toutes les victimes du Gardien qui réclament justice à Dieu.
    Corbett lui porta un toast silencieux avec sa chope de bière.
    — Un vrai théologien, Ranulf. L’intervention divine est une possibilité, mais Dieu aide aussi ceux qui s’aident eux-mêmes. Voyons la liste des victimes.
    Corbett reposa sa chope.
    — Copsale est mort dans son sommeil, probablement empoisonné ou étouffé, comme Appleston.
    — Et Ascham ?
    — Il a été assez imprudent pour ouvrir les volets de la fenêtre : il n’a sans doute même pas eu le temps de réfléchir.
    — Passerel ?
    — J’ignore pourquoi Passerel a été tué, mais comme lui et Ascham étaient amis intimes, le Gardien a pu redouter que l’archiviste ne partage ses soupçons avec Passerel.
    — Langton ?
    — Là encore, c’est très simple. Les gens étaient réunis dans la bibliothèque et des gobelets de vin se trouvaient sur la table ; cible facile. Ce que je ne comprends pas, c’est comment Langton avait une lettre pour moi, de la part du Gardien, dans son escarcelle.
    Corbett regarda un poulet qui picorait le sol de terre battue.
    — Et Appleston ? demanda Ranulf. Il a fallu que ce soit quelqu’un de déterminé pour maintenir l’oreiller sur son visage.
    Ranulf cria au cabaretier de remplir à nouveau leurs chopes.
    — Mais qui, Messire, et pourquoi ?
    — Selon Aristote, répondit Corbett, l’homme est naturellement bon. Cela troublait ton philosophe préféré, Augustin :
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