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La chasse infernale

La chasse infernale

Titel: La chasse infernale
Autoren: Paul C. Doherty
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cris de son frère, sa jeunesse insouciante et fringante, passée à Oxford. La fille qu’il avait rencontrée et aurait dû épouser, regard désespéré et embué de larmes quand il avait tourné les talons et était parti ; Henry Braose, son grand ami, érudit, soldat et fondateur de ce même Sparrow Hall où il gisait maintenant, mourant. Tant de mal à présent ! Ressentiment, fureur et haine. Le Gardien proclamant la méchanceté du Démon et tentant de détruire tout ce qu’Henry avait construit.
    Ascham rouvrit les yeux. La bibliothèque était sombre. Il essaya à nouveau d’appeler, mais le cri s’éteignit sur ses lèvres. La chandelle, tremblotant sous son éteignoir sur la table, diffusait une petite flaque de lumière et Ascham aperçut le morceau de parchemin que l’assassin avait jeté sur la table. Il comprit pourquoi il mourait : il avait découvert la vérité, mais avait été assez stupide pour faire part de ses soupçons. Si seulement il avait de quoi écrire ! Ses mains se refermèrent sur la blessure qui bouillonnait dans sa poitrine. Sanglotant, il rampa avec difficulté sur le sol en direction de la table. Il s’empara du parchemin et, avec ce qui lui restait de forces, se hissa avec précaution pour esquisser les lettres – mais le rond de lumière semblait s’amenuiser. Il ne sentait plus ses jambes, raides comme des barres de fer.
    — C’est la fin, murmura-t-il. Ah, Jésus...
    Ascham ferma les yeux, toussa et rendit son âme à Dieu quand des bulles de sang s’échappèrent de sa bouche.

 
    CHAPITRE I
    — Le criminel debout sur la charrette du gibet esquissa un mouvement de tête quand la corde rugueuse lui enserra le cou. Il se racla la gorge, cracha et toisa Sir Hugh Corbett, autrefois messager et garde du Sceau privé, mais toujours puissant seigneur du manoir de Leighton, en Essex. Ranulf-atte-Newgate, ancien clerc de la Chancellerie de la Cire verte {2} , écuyer, bailli et intendant en chef, l’homme qui l’avait pourchassé, capturé et amené devant la cour de Sir Hugh, son maître, se tenait près de Corbett. Le malandrin humecta ses lèvres gercées et regarda Ranulf avec haine.
    — Eh bien, finissons-en, sale bâtard de rouquin ! cria-t-il. Pends-moi ou relâche-moi !
    Corbett fit avancer son cheval.
    — Boso Deverell, tu es un bandit de grand chemin, un loup enragé, un voleur et un assassin ! On a prouvé ta culpabilité et on t’a condamné à être pendu !
    — Allez au diable ! rétorqua Boso.
    Corbett se passa la main dans les cheveux et interrogea le père Luke, le chapelain du village, debout à côté de la charrette.
    — L’avez-vous confessé, mon père ?
    — Il a refusé, répondit le prêtre, le teint cendreux, le regard dur et étincelant de rage.
    Le père Luke observa le visage mat et rasé de près du seigneur du manoir, la chevelure noire striée de gris et le nez fin au-dessus des lèvres minces. Il croisa son regard : il connaissait le magistrat, rude en apparence, mais bienveillant en son for intérieur.
    — Vous n’allez pas lui faire grâce, n’est-ce pas, Sir Hugh ? dit-il à voix basse. Ni alléger son châtiment ?
    Le prêtre saisit les rênes du rouan de Corbett.
    — Il a tué deux femmes, siffla-t-il. Il les a violées puis éventrées de haut en bas comme des poulets.
    Le clerc acquiesça et déglutit avec difficulté.
    — Et ce n’est pas tout, reprit le chapelain implacablement. Il est coupable d’autres crimes.
    Le prêtre désigna les quelques villageois qui s’étaient rassemblés au point du jour pour voir la justice du roi à l’oeuvre.
    — Si vous montrez de la clémence, déclara-t-il, la main sur le genou de son seigneur, chaque loup enragé...
    Il fit un geste dramatique vers la forêt.
    — ... chaque loup enragé l’apprendra.
    Ses yeux s’emplirent de larmes.
    — Je ne veux pas avoir à enterrer une autre ouaille de mon troupeau. Je ne veux pas avoir à annoncer aux époux, aux pères, aux amoureux que leur femme, leur fille ou leur fiancée a été violée avant d’être égorgée ! Pendez-le !
    — Tenez-vous tellement à lui ôter la vie ? s’enquit Corbett sans quitter des yeux ceux de Boso.
    — C’est Dieu qui le veut !
    Le père Luke se tourna vers le bandit.
    — Es-tu prêt à mourir, Boso ?
    Celui-ci toussa, rejeta la tête en arrière et cracha à la figure du prêtre, l’atteignant à la joue. Ranulf poussa son cheval en avant.
    — Combien en as-tu
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