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La chasse infernale

La chasse infernale

Titel: La chasse infernale
Autoren: Paul C. Doherty
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vacarme devint hurlements et invectives, et il entendit son nom. Il s’avança furtivement vers la croisée et jeta un regard à l’extérieur. Son coeur battit plus vite et il se mit à transpirer. Le rassemblement avait tourné à l’émeute. Les étudiants vociféraient et s’égosillaient en agitant le poing : leur chef, David Ap Thomas, mains aux hanches, aperçut Passerel qui les épiait par la fenêtre.
    — Le voilà ! hurla-t-il d’une voix qui portait comme une cloche. Voilà l’assassin d’Ascham ! Voilà ce parjure de Passerel ! Ce meurtrier de Passerel !
    On reprit ses paroles ; on jeta des poignées de boue et d’ordures, et une brique traversa la fenêtre à meneaux. L’intendant gémit et s’emmitoufla dans sa cape. Il sursauta quand la porte s’ouvrit brutalement. Léonard Appleston, maître en théologie à Sparrow Hall, fit irruption. Son visage carré, noirci par le soleil, était devenu cendreux et, dans sa peur, il se mordait les lèvres.
    — William, pour l’amour du Ciel, haleta-t-il en saisissant Passerel par le bras, fuyez !
    — Mais où ?
    L’intendant eut un geste d’impuissance.
    — Dans l’église, répondit Appleston.
    Il l’attira vers lui.
    — Prenez l’escalier de derrière ; vite. Allez !
    Passerel jeta un regard circulaire sur ses livres et ses manuscrits bien-aimés. Lui, un érudit, était obligé de s’enfuir comme un rat dans un caniveau. Il n’avait pas le choix. Appleston le chassait déjà de la pièce et le poussait dans le couloir. Dans l’escalier, il croisa Lady Mathilda Braose et lut la stupéfaction sur son maigre visage revêche ; à ses côtés se tenait Maître Moth, le sourd-muet qui la suivait partout comme un chien. Elle cria quelque chose, mais Appleston le pressa d’avancer. L’intendant, à présent aiguillonné par la peur, passa à toute vitesse dans la cuisine et la resserre, traversa le hall souillé d’urine et sortit. Un chat galeux surgit, dos arqué. Passerel lui envoya un violent coup de pied, se retourna et regarda à travers le porche. Appleston, à la porte, le suppliait de se hâter.
    — Pourquoi devrais-je fuir ?
    La lèvre inférieure de Passerel tremblait.
    — Pourquoi ? cria-t-il.
    Il entendit du bruit au débouché de l’allée et leva les yeux. Son coeur se serra. Un groupe d’étudiants s’y était rassemblé. Il espéra que, dans la faible lumière, ils ne le verraient pas. Il se fit tout petit, ferma les yeux et adressa une prière à sainte Anne, sa patronne.
    — Le voilà ! cria une voix. Passerel, le meurtrier !
    L’intendant se précipita dans l’allée et s’arrêta au bout. Où aller ? Prendre Bocardo Lane ? Peut-être au château ? Il entendit le martèlement des pas et changea de direction. Il courait de toutes ses forces, se frayant un passage parmi les étudiants et les marchands, écartant violemment des enfants qui jouaient avec une vessie de porc gonflée. Pantelant et soulagé, il vit le porche du cimetière de l’église St Michael. Derrière lui résonnaient des haros et la clameur s’amplifiait. Il crut avoir distancé ses poursuivants jusqu’à ce qu’une motte de terre vole tout près de sa tête. Il galopa dans le cimetière et entra en trombe dans l’église. Il claqua la porte derrière lui et la barra.
    — Que voulez-vous ?
    Une voix de femme descendit jusqu’à lui.
    Passerel, trempé de sueur, scruta les ténèbres. Il posa les yeux sur une lumière vacillant à travers une fente dans une cloison de bois surmontant la porte. Il crut d’abord qu’il avait entendu un fantôme jusqu’à ce qu’il se souvienne qu’il y avait une cellule de recluse construite juste au-dessus du porche principal. Dehors, il entendait des cris et des chocs.
    — Je demande asile ! haleta-t-il.
    — Alors sonnez la cloche, à gauche, ordonna la recluse. Vite ! L’église possède une porte latérale et ils vous couperont la retraite.
    Passerel tâtonna dans les ténèbres et tira sur la corde. Dans les hauteurs, la cloche se mit à sonner à toute volée.
    — Courez ! cria la recluse.
    L’intendant ne se le fit pas répéter. Il fonça dans la nef, glissant et dérapant sur le pavement de granit usé. Il parvint au lourd et massif jubé de chêne, trébucha à l’entrée du choeur et s’agrippa à l’autel. La cloche, qui se balançait toujours sous l’impact qu’il lui avait communiqué, résonnait encore. Passerel, sanglotant comme un enfant,
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