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La chasse infernale

La chasse infernale

Titel: La chasse infernale
Autoren: Paul C. Doherty
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s’accroupit dans les ténèbres. Il fixa la lumière rouge du tabernacle, une petite veilleuse dans une coupe de verre écarlate, qui vacillait sur son support sous le ciboire d’argent contenant l’hostie. La porte latérale s’ouvrit à grand bruit. Passerel gémit, terrorisé.
    — Que voulez-vous ? Que demandez-vous ?
    L’intendant plissa les paupières : une silhouette encapuchonnée se dressait à l’entrée du jubé. On alluma une mèche d’amadou et une chandelle baigna le choeur d’une flaque de lumière. L’homme qui se tenait devant lui avait un visage avenant aux cheveux en broussaille et des yeux tristes au milieu de ses rides. Passerel soupira de soulagement en reconnaissant le père Vincent, le prêtre de St Michael.
    — Je demande asile, geignit-il.
    — Pour quel crime ?
    — Aucun, répondit-il. Je suis innocent.
    — Tous les hommes sont innocents aux yeux de Dieu, rétorqua le prêtre.
    Il alluma un cierge sur l’autel ainsi que deux autres plus grands sur la table de l’offertoire près du lavarium.
    — Debout ! Debout ! ordonna le père Vincent. Vous êtes en sécurité ici !
    Passerel se releva en essayant de maîtriser le tremblement de ses jambes.
    — Je suis William Passerel, se présenta-t-il, intendant de Sparrow Hall. On m’a accusé d’avoir assassiné Robert Ascham, l’archiviste.
    — Ah !
    Le prêtre s’approcha de lui. Il leva une main autour de laquelle s’entortillait un rosaire aux grains noirs et polis.
    — J’ai entendu parler de la mort d’Ascham et de celle du régent, Sir John Copsale. C’était, tous deux, des hommes bons.
    — Aucun homme n’est bon ! cria la recluse du fond de l’église.
    — Chut, chut, Magdalena ! répondit le père Vincent. Sir John Copsale se montrait généreux en aumônes. Je suis au courant de la mort d’Ascham et des agissements du Gardien.
    Les paroles du prêtre, comme tous les sons, résonnaient dans l’église et il n’était pas surprenant que la recluse ait pu les entendre.
    — Le Gardien est venu céans ! gronda la recluse. Il a affiché sa proclamation à la porte de l’église. Il est venu sournoisement : yeux de souris et bouche close. Un esprit diabolique !
    — Silence ! Silence !
    Le prêtre mit la main sur l’épaule de Passerel.
    — Vos poursuivants sont partis. J’ai entendu sonner la cloche et je suis venu. Des bravaches, tous autant qu’ils sont. Amants plastronnant et vases vides sont toujours les plus bruyants, ajouta-t-il en souriant. Je les ai chassés de l’arpent du Bon Dieu. Ils n’ont pas le droit d’exercer la violence céans, mais ils surveillent l’entrée du cimetière et les environs. Si vous partez, ils vous tueront.
    Le prêtre se redressa, les yeux écarquillés.
    — C’est ce qui est arrivé au dernier homme qui s’est réfugié ici. Il est venu et reparti comme un voleur dans la nuit. Ils l’ont rattrapé près de Hog Lane et l’ont décapité.
    Passerel gémit de peur.
    — Mais vous êtes en sécurité ici, ajouta avec bonté le père Vincent. Regardez.
    Il saisit le bras de l’intendant qu’il conduisit jusqu’à une niche aménagée dans le mur.
    — Voici le lieu d’asile. Je vous apporterai un oreiller, des couvertures, du vin, du pain et du fromage. Vous pouvez rester ici quarante jours.
    Il regarda Passerel qui se tenait le ventre.
    — S’il vous faut vous soulager, sortez par la porte latérale. Il y a un petit caniveau près de l’une des tombes. Mais attention où vous marchez.
    Il gloussa.
    — Ne tombez pas dedans et ne prenez pas de lumière.
    Passerel s’assit dans la niche. Le prêtre s’éloigna doucement. Il revint quelques instants plus tard avec un gobelet d’étain fendu, un pichet de vin coupé d’eau, un tranchoir {9} de pain, des lamelles de bacon sec, du fromage et deux miches de froment plutôt dures. L’intendant se jeta avec voracité sur la nourriture et prêta l’oreille aux bavardages du prêtre qui lui tendit un rouleau de couvertures d’où émanait une odeur de pissat de cheval.
    — Voilà !
    Le père Vincent, satisfait, admira son oeuvre.
    — Gardez propre le lieu d’asile.
    Il désigna la lumière rouge qui tremblotait.
    — Le Seigneur vous voit et notre sainte mère l’Église vous protège. Je vous confesserai avant la messe du matin et vous pourrez me servir d’enfant de choeur. Demain, je prêcherai. Un très bon sermon, sur les dangers d’être riche.
    — À quoi cela
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