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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable
Autoren: Anne Tremblay
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pas de jouer, mais François-Xavier perçut que les
     touches étaient moins malmenées. Il continua ses caresses et Julianna perdit le
     rythme de sa mélodie.
    Il sourit en sentant la victoire proche. Cette première nuit avait été un
     désastre. À la demande de Julianna, il avait fait chauffer un peu d’eau avant de
     remonter à la tour. Il avait besoin de réfléchir et il voulait lui laisser un
     peu d’intimité. Lorsqu’il s’était décidé à la rejoindre, elle s’était recouchée,
     recroquevillée sur le côté, face au mur. Il était allé s’étendre également. Elle
     s’était tassée le plus près possible du bord. Il avait eu peine à trouver le
     sommeil. Il sentait dans l’obscurité la colère de Julianna. Des paroles, des
     gestes se bousculaient dans sa tête, mais comment avouer à sa jeune femme qu’il
     savait très bien qu’il l’avait déçue ? Comment lui dire qu’elle était si belle,
     que lorsqu’il la touchait, une tempête se déchaînait en ses reins ? Comment lui
     dire qu’il ne connaissait rien à un corps de femme ? Ils’était
     endormi sans s’en rendre compte et sans avoir trouvé de solution. C’était le son
     du piano qui l’avait réveillé.
    Lentement, François-Xavier fit glisser ses mains le long des bras de Julianna
     et emprisonna les doigts fins dans les siens, arrêtant ainsi le massacre
     musical.
    — Ma princesse, lui murmura-t-il, tu aurais dû épouser Henry Vissers…
    — Henry, mon prétendant de Montréal ?
    Julianna retrouva sa douceur et toute trace de colère disparut de son
     visage.
    Mais quel pouvoir avait-il donc sur elle pour qu’elle se laisse attendrir
     ainsi ? Elle n’avait pas dormi de la nuit, rageant, bouillant, jurant qu’il ne
     l’emporterait pas au paradis. Julianna n’en revenait pas. Alors comme ça,
     c’était ces cinq minutes qui constitueraient sa nuit de noces ? Toute cette
     attente pour ça ? Pourtant, lorsqu’il avait goûté à sa poitrine, une chaleur et
     un serrement avaient enflammé le bas de son ventre, sa respiration s’était
     accélérée et elle avait vraiment désiré que François-Xavier aille plus loin.
     Elle était si amoureuse de lui !
    Il avait préféré la laisser seule et à son retour, il avait trouvé le moyen de
     s’endormir ! Elle était certaine que tout espoir de bonheur lui était totalement
     interdit, qu’elle traînerait sa peine jusqu’à ce qu’elle soit une vieille femme,
     que des années d’enfer sans amour l’attendaient, et voilà que son mari n’avait
     qu’à lui faire une caresse et lui parler de son ancien fiancé pour que sa vie
     s’éclaire à nouveau…
    Amoureusement elle murmura :
    — C’est toé que j’aime…
    François-Xavier releva sa jeune épouse du petit banc de bois et l’entraîna vers
     leur chambre. Debout, à l’entrée de la pièce, il la retint un instant. Il pencha
     la tête vers elle.
    — Mes beaux yeux verts, souffla-t-il.
    Ils s’embrassèrent longuement. Julianna mit fin à l’étreinte en repoussant
     légèrement son mari. Les yeux pleins de malice, elle lui dit :
    — Pis Henry a des dents de cheval… J’aurais été ben mal prise
     d’embrasser ça pendant cinquante ans !
    C’est en riant que les deux nouveaux amants basculèrent sur le lit. Cette fois,
     Julianna ne fut pas déçue…

    — Surprise !
    François-Xavier figea à l’entrée de la cuisine et son cœur battit la chamade.
     Qu’est-ce que sa femme avait encore inventé ? Le jeune couple s’était marié au
     début de l’été. Ils auraient dû nager en plein bonheur, vivre d’amour et d’eau
     fraîche. Hélas, le père de François-Xavier était tragiquement décédé. Ernest
     Rousseau avait été écrasé à mort dans le puits qu’il creusait avec son fils et
     Ti-Georges pour la nouvelle maison. Depuis un mois que ce terrible accident
     avait eu lieu, François-Xavier ne réussissait pas à surmonter sa peine. Julianna
     semblait s’être donné pour mission de lui changer les idées. Chaque fois qu’il
     revenait de la fromagerie après une grosse journée de travail, elle était là à
     l’accueillir avec effusion. Quelquefois, elle l’attendait avec un souper qui se
     voulait hors de l’ordinaire mais qui se révélait aussi raté que les autres. Car
     Julianna trouvait le moyen de faire brûler de l’eau. Ou encore elle inventait
     des jeux stupides. Comme la fois où elle s’était cachée dans la
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