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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable
Autoren: Anne Tremblay
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lui-même sa combinaison, l’avait fait descendre sur ses genoux
     et s’était recouché sur Julianna. Son sexe avait alors oublié toute douceur et
     s’était enfoncé dans celui de sa nouvelle épouse. Julianna avait grimacé de
     douleur. François-Xavier s’était immobilisé, inquiet.
    — J’te fais mal ? avait-il voulu savoir.
    — Un peu, avait répondu la jeune femme avec un sourire crispé, incertaine de
     trouver agréable cette intrusion en elle.
    — Tu vas toujours m’aimer ? avait demandé François-Xavier avec dans les yeux un
     air de réelle crainte.
    Julianna avait eu un petit rire doux. Cela faisait au moins vingt fois qu’il
     lui posait la même question. Avec tendresse, elle l’avait étreint et lui avait
     répété ce qui deviendrait sa réponse habituelle :
    — J’pourrai jamais arrêter de t’aimer, même si je le voulais…
    François-Xavier ne pouvait plus se retenir. Il avait plongé plus profondément
     encore en elle et, malgré lui, avait laissé ses sens l’emporter en une
     prodigieuse explosion de plaisir. « C’est fait pour aller là » s’était-il dit en
     souriant béatement un peu après. Il avait perdu bien vite son sourire lorsque,
     baissant les yeux sur Julianna, il avait lu sur le visage bien aimé une évidente
     déception.
    François-Xavier avait roulé sur le dos et regardé le plafond sans un mot.
    Avec pudeur et froideur, Julianna avait réajusté son vêtement de
     nuit et remonté les couvertures jusque sous son menton. Ne sachant quelle
     attitude adopter, François-Xavier s’était levé. Comment aborder un sujet si
     délicat ? Il aurait voulu la reprendre dans ses bras, l’embrasser, lui dire des
     mots d’amour, des compliments. Au lieu de cela, il avait préféré la fuite. Il
     s’était dirigé vers la porte. Sèchement, Julianna lui avait demandé où il s’en
     allait. Sans même se retourner, François-Xavier avait marmonné qu’il devait se
     rendre à la royale bécosse. Voyant que son mari quittait la pièce sans plus de
     cérémonie, Julianna s’était redressée et d’un ton hargneux s’était
     écriée :
    — Ben tant qu’à aller dehors, rentre donc du bois pour allumer le poêle !
    François-Xavier avait fait signe qu’il le ferait.
    — Pis fais bouillir de l’eau, avait-elle ajouté. J’voudrais de l’eau chaude…
     pour me laver un peu, avait-elle fini les larmes aux yeux.
    Il avait de nouveau acquiescé avant de s’éloigner, désolé d’avoir causé de la
     peine à sa jeune femme et d’avoir ruiné leur nuit de noces.

    François-Xavier secoua la tête et revint à la contemplation de la tourelle de
     son ancienne demeure. Les barreaux de protection en fer forgé affichaient des
     taches de rouille. Ah ! sa belle tour, que de fois il s’y était réfugié, fuyant
     une jeune épouse qu’il ne parvenait pas toujours à comprendre… Sa femme était si
     différente des autres. Ils avaient vécu à peine un an et demi ensemble dans
     cette maison. Y résider avec Julianna avait été comme vivre une perpétuelle
     saison de printemps. Un jour, il faisait beau et on croyait l’été arrivé, le
     lendemain, une folle neige recouvrait les nouvelles pousses d’herbe verte et un
     vent glacial se levait. Autant elle était vive, passionnée, autant elle pouvait
     se montrer renfermée, hautaine et froide. Pour des broutilles, elle boudait des
     jours entiers. Ce silence dans lequel elle sedrapait était une
     véritable torture pour lui et jamais il ne s’y était habitué. Il détestait ce
     côté de sa personnalité. Il trouvait cette attitude déloyale et désarmante
     aussi… Il avait tout essayé, mais il ne savait jamais comment mettre un terme à
     cet enfer dans lequel son mutisme les plongeait. S’il revenait vers elle pour
     essayer de l’enlacer, elle se détachait de lui brusquement et s’éloignait, son
     petit nez en l’air, comme s’il avait osé le pire affront. Alors il avait choisi
     de se taire et d’attendre que sa princesse daigne lui adresser la parole. Mais
     alors, elle lui reprochait de n’avoir rien fait et se plaignait que c’était
     toujours à elle de faire les premiers pas. D’une façon ou d’une autre,
     François-Xavier sortait toujours perdant de ces querelles. Il avait béni le ciel
     d’avoir eu l’idée de génie de construire cette tourelle sans se douter que ce
     belvédère lui servirait de refuge si souvent.
    Il se décida à entrer
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