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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable
Autoren: Anne Tremblay
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pas besoin de frapper pour
     entrer chez nous.
    Il eut à peine le temps de pénétrer dans la pièce que ses deux petits neveux
     lui sautèrent au cou.
    — Mononcle ! s’exclamèrent-ils, heureux de le voir.
    François-Xavier regarda encore plus affectueusement que d’habitude les deux
     garçons de son beau-frère. Il leur ébouriffa les cheveux et, avec un grand
     sourire, les yeux brillants, il déclara d’un ton triomphal :
    — Chus venu pour vous annoncer une grande nouvelle !
    — Ben parle, bateau, t’attends-tu le messie ou quoi ? s’impatienta
     Ti-Georges.
    François-Xavier passa ses pouces sous ses bretelles de pantalon et annonça la
     primeur.
    — Les p’tit gars, vous allez avoir un cousin !
    Marguerite se détourna. Ti-Georges comprit que sa femme était au courant. Il
     félicita son ami.
    — Chus ben content pour toé, dit-il chaleureusement.
    Marguerite lui offrit à boire et à manger. François-Xavier hésita. Il ferait
     mieux d’aller retrouver Julianna. Elle devait être dans tous ses états.
    — Assieds-toé, lui intima Ti-Georges. J’voulais justement te parler.
     Marguerite, sers-nous à boire.
    François-Xavier n’eut d’autre choix que d’accepter l’invitation.
    — Juste cinq minutes, dit-il en prenant place dans l’autre chaise
     berçante.
    Jean-Marie se risqua à demander :
    — Demain, y va-tu pouvoir jouer avec moé pis Elzéar, notre nouveau
     cousin ?
    François-Xavier s’esclaffa. Le petit Elzéar, qui ne comprenait
     rien à la situation, rit à gorge déployée juste pour faire comme son oncle.
     Ti-Georges remit à l’ordre ses fils.
    — Montez-vous coucher pis laissez-nous jaser tranquilles.
    Marguerite tendit aux deux hommes leur verre d’alcool.
    — Allez, les enfants, dites bonne nuit à votre père pis à votre oncle.
    Jean-Marie et Elzéar s’exécutèrent poliment. Ti-Georges ne leur jeta même pas
     un coup d’œil et s’adressa à son ami tandis que sa femme entraînait ses enfants
     à l’étage.
    — Alors mon François-Xavier, que c’est que tu dis de la loi du lait ?
     demanda-t-il.
    — La loi du lait ? répéta François-Xavier.
    — Tu sais ben, on en a parlé l’autre fois. Taschereau, y veut rendre
     obligatoire la pasteurisation du lait d’ici l’année prochaine, s’impatienta
     Ti-Georges. Depuis ton mariage, t’as pus toute ta tête, toé…
    — Oh, cette loi-là ! J’trouve que ç’a ben du bon sens. De toute façon, y en a
     pas mal qui le font déjà… J’pensais que t’allais encore me casser les oreilles
     avec tes histoires de barrage.
    — Bateau, François-Xavier, t’attends-tu qu’y nous arrive la même chose qu’à
     Saint-Cyriac ?
    — C’est quoi qui leur est arrivé là-bas ? questionna Marguerite en redescendant
     à la cuisine.
    — Ben voyons, sa femme, tout le monde sait ça ! V’là deux ans, à cause de la
     construction d’un autre de leur maudit barrage, la compagnie a inondé le village
     de Saint-Cyriac au complet. Tous les habitants ont été obligés de vivre le grand
     dérangement pis y ont tout perdu. Saint-Cyriac, y est disparu de la map  !
    — Nous autres c’est pas pareil, affirma François-Xavier d’un ton léger. Tu sais
     ben que la compagnie a promis que le niveau du lac serait pas trop élevé pis
     qu’y aurait pas de dommage. Faut faire un peu confiance dans la vie…
    — J’te le répète, François-Xavier, ça sent pas bon cette
     histoire-là.
    Le visiteur cala son verre et se leva. Il n’avait vraiment pas envie de parler
     de ce foutu barrage. Il ne désirait qu’une chose, c’était d’aller prendre sa
     femme dans ses bras.
    — Bon ben moé, j’m’en retourne trouver Julianna. A doit s’inquiéter.
    — C’est ça, sauve-toé mon peureux… dit Ti-Georges en l’agaçant. Ça s’en fait
     pas qu’une compagnie construise de gros barrages, mais ça tremble de se faire
     chicaner par sa femme.
    — Ti-Georges ! s’indigna Marguerite.
    — C’est pas grave, la rassura François-Xavier. Mon défunt père disait que quand
     des niaiseries sortent de la bouche de quelqu’un, y faut faire comme s’y avait
     rien dit, parce que dans l’fond ça revient au même.
    D’un petit salut de la tête, il quitta la ferme de son ami. Tout en retournant
     vers sa maison, il se rendit compte que c’était la première fois qu’il
     mentionnait à voix haute le souvenir de son père sans que cela l’anéantisse. En
     fin
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