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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable
Autoren: Paul Harding
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ici.
    – Dans le cimetière ? s’insurgea Watkin.
    Un cliquètement : un carreau d’arbalète passa
entre lui et Pike et se ficha avec un bruit sourd dans le sol derrière eux.
    – Ne posez pas de questions, reprit la voix de
Valerian. Exécutez les ordres de la Grande Communauté. À genoux, tous les deux !
    Ils obéirent avec empressement.
    – Vous préparerez un fossé de quatre toises de
long et de trois pieds de profondeur près du mur.
    – Frère Athelstan nous demandera pourquoi.
    – Vous pourrez prétendre que c’est pour drainer
ou que vous voulez vous assurer que les fondations sont solides. C’est votre
problème, pas le nôtre.
    – Pourquoi un fossé ? interrogea Pike, méfiant.
    Il scruta l’obscurité. Il distingua deux silhouettes
assises sur une branche. Pike se détournait, dégoûté, quand un jet d’urine lui
éclaboussa la figure. Watkin tendit la main pour lui saisir le bras.
    – Nous ferons ce que vous voulez !
    Pike s’essuya le visage sur la manche souillée de son
justaucorps.
    – Quand commencerez-vous ? Nous sommes
vendredi aujourd’hui et c’est la fête de saint Oswald. Demain sera bien assez
tôt !
    – Devrons-nous creuser tout le fosse ?
    – Non ; vous œuvrerez le soir après le
travail. Le lendemain, vous le reboucherez et en ferez un autre bout. Vous avez
compris ?
    Watkin jeta un coup d’œil implorant vers la lueur qui
brillait dans le clocher.
    – Oh, au fait, Watkin et Pike, vos enfants sont
fort beaux. Retournez donc à votre gourde à présent et installez-vous sous l’if,
pour une bonne heure encore. D’ici là, nous serons partis !
    Hawkmere était une demeure isolée et sinistre
construite, prétendait-on, à l’époque du cruel roi Jean. Elle se dressait, à l’abri
de son haut mur d’enceinte, à l’est du prieuré de Clerkenwell. Jadis propriété
d’un baron, brigand qui rançonnait les voyageurs sur les routes menant et
partant de Cripplegate, Hawkmere avait connu des temps meilleurs. C’était un
lieu morne et hanté où, à présent, Jean de Gand, le régent, logeait les
prisonniers français capturés soit en France soit pendant les sanglantes
batailles engagées entre les bateaux anglais et français en Manche et en mer d’Irlande.
Les hommes qui y étaient détenus passaient vraiment par de dures épreuves. C’était
surtout le cas de Guillaum Serriem, ancien capitaine du St Sulpice, navire
de guerre arraisonné à Calais six semaines auparavant. Serriem, captif et otage,
avait été enfermé à Hawkmere pendant qu’en France ses amis tentaient de réunir
l’énorme rançon exigée par les Anglais.
    Étendu sur son étroite couchette, Serriem savait, au
fond de lui, qu’il ne reverrait jamais son castel près de Rouen, qu’il ne se
promènerait plus dans ses jardins, n’embrasserait plus son épouse et ne
jouerait plus avec ses fils dans le délicieux verger qui descendait vers la
Seine.
    Il se mourait. Il sentait le poison courir dans son
corps mais n’avait ni la force d’appeler ni celle de ramper vers l’huis et de
crier au secours. Il était couvert de sueur ; les horribles douleurs qui
montaient de son ventre à sa poitrine le faisaient se tordre et se convulser. Il
repoussa les draps crasseux et fixa, sans espoir, la porte barrée. À quoi bon ?
Les murailles étaient épaisses, l’huis clos, et Sir Walter Limbright, son
geôlier et gardien, avait dû se retirer dans ses appartements pour noyer ses
chagrins dans maintes coupes de clairet.
    Peut-être y avait-il quelqu’un dans la lugubre galerie,
un garde, un serviteur ? Serriem se traîna hors du lit et roula sur la
jonchée 1 sale. Il essaya d’avancer vers la porte mais ses forces le trahirent et il
suffoqua. Il comprit qu’un assassin mystérieux et rusé l’avait empoisonné mais
qui parmi ses compagnons, pouvait bien vouloir sa mort ? Les Godons 2 , ces maudits Anglois, malgré toute
leur cruauté, ne désiraient sans doute pas renoncer à la rançon ? Son
esprit s’égara. Il avait toujours espéré mourir dans son lit, entouré de sa
famille ou, à la rigueur, sur son bateau, en mer, comme un véritable combattant,
épée en main, l’oriflamme de France flottant au-dessus de lui. Et voilà qu’il
devait périr céans, dans cette pièce déserte et puante, prisonnier des Anglais,
abandonné et oublié même des siens.
    Il se retourna sur le dos et observa les poutres
tapissées de toiles d’araignée. Le délire s’empara de
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