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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable
Autoren: Paul Harding
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s’en
privait pas, faire rouler sous la table tous les chalands du Cheval pie. Il
jurait comme un soldat. Bien des hommes influents de la ville suivaient ses
avis. On prétendait même que le jeune roi s’en remettait à sa volonté, mais Cranston
ne pouvait rien faire si son secrétaire n’était pas à ses côtés.
    Pike interrompit le cours de ses méditations :
    – Combien de temps crois-tu que nous allons
attendre ?
    Watkin étendit les jambes et jura. La bière, dans son
estomac, tournait à l’aigre. Il avait saisi le coup d’œil d’avertissement de
Joscelyn et il maudit en silence sa participation grandissante dans les plans
fous de son compagnon. Tout Southwark avait ouï parler de la Grande Communauté
du Royaume ! Du Conseil secret des chefs paysans et de leurs cruels hommes
de main qui glissaient comme des ombres le long des postes de guet, apportant
messages et instructions qu’on ne pouvait ignorer. Quand on faisait partie de
la Communauté, on la défendait ou on périssait.
    – Penses-tu que ce soit sage ? interrogea
Watkin. Je veux dire d’attendre céans ? Si Athelstan nous découvre, il
nous en baillera des belles, des vertes et des mûres ou encore pis, ajouta-t-il,
morose. Il nous regardera avec tant de peine que nous finirons par tout avouer.
    – Je suis membre de la Communauté, déclara Pike d’un
ton de défi en levant les yeux vers le ciel. Et toi aussi, Watkin !
    Ce dernier déplaça son large postérieur et gratta son
nez bulbeux. Bien que lui et son compagnon fussent rivaux au sein du conseil
paroissial, Pike l’avait à présent attiré dans ses complots secrets. Avait-il agi
de propos délibéré ? Pour être à l’abri du courroux de frère Athelstan si
par hasard le prêtre de leur communauté découvrait un jour quelque chose ?
    – N’oublie pas ce qui est arrivé à Ricaud ! rappela
le fossier non sans malice.
    Watkin frissonna. Ricaud était un colporteur qui
proposait ses articles à Shoemakers Lane. On prétendait qu’il avait aussi vendu
les secrets de la Grande Communauté aux espions du régent : et un matin, on
avait retrouvé Ricaud, ou plutôt sa tête, empalée sur un piquet dans les
marécages bordant la Tamise.
    – Quand Adam bêchait et qu’Ève filait, chantonna
Pike, qui, alors, était un noble ? Réfléchis-y, Watkin.
    Le fossier s’allongea dans l’herbe.
    – Imagine un royaume sans princes, sans évêques, sans
grands seigneurs, où les humbles hériteraient pour de bon de la terre.
    – Parfois, objecta son interlocuteur d’un ton sec,
je crois que tout ce que nous gagnerons, Pike, c’est ce sur quoi tu es couché. Le
cou tordu à Smithfield et une tombe peu profonde.
    Pike claqua des lèvres. Watkin savait que c’était le
préambule d’un de ses discours.
    – J’ai besoin de pisser, grommela-t-il, et, se
levant tant bien que mal, il traversa la pelouse en direction du grand sycomore
qui se dressait près du mur d’enceinte du cimetière.
    Là, il délaça les aiguillettes de ses chausses. Après
s’être soulagé, il était sur le point de faire demi-tour quand il ouït du bruit
au-dessus de sa tête.
    – Bonsoir, ramasseur de crottin !
    Bouche bée, il fixa les branches sombres.
    – Je m’appelle Valerian, annonça la voix basse et
rude. Domitian m’accompagne !
    Watkin recula en titubant.
    – Ces noms ne te diront rien, siffla la voix, mais
nous t’apportons le salut fraternel de la Grande Communauté.
    – Ne te sauve pas ! ordonna une autre voix.
    Watkin entendit cliqueter une arbalète.
    – Appelle ton ami.
    – Pike ! obtempéra Watkin en hâte. Pike, viens
ici !
    Le fossier se releva et s’approcha d’un pas mal assuré,
la gourde encore en main.
    – Qu’est-ce que… ?
    – Bonsoir, frère Pike.
    Ce dernier lâcha la gourde.
    – Nous sommes ici depuis un certain temps, reprit
la voix. À écouter vos rots et vos pets. Vous soutenez toujours la Cause, n’est-ce
pas ?
    – Bien sûr, bafouilla Pike. Vous le savez bien !
    – Ce n’est pas comme Ricaud, se gaussa la voix. Il
a crié comme un goret quand on lui a coupé les parties. Valerian, ici présent, entendait
les lui fourrer dans la bouche après l’avoir décapité mais…
    – Que voulez-vous ? l’interrompit Watkin d’une
voix qu’il espérait ferme.
    – Que vous creusiez, lui fut-il répondu, que vous
creusiez sans poser de questions.
    – Que nous creusions ! s’exclama le fossier.
Où ?
    – Mais
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