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La canne aux rubans

La canne aux rubans

Titel: La canne aux rubans
Autoren: Jean Grangeot
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le
crâne d’une femelle qui bondissait sur moi et fais ensuite des moulinets.
J’appelle mon cocher qui, mort de peur, fait avancer ses chevaux. Tout se passe
ensuite très rapidement. Les loups reculent puis finalement battent en
retraite. J’entends pendant longtemps encore leurs hurlements. À Vaslui, le
cocher raconte à l’auberge l’attaque que nous avons subie et mon attitude. Les
clients me regardent avec respect. Je dépose le surlendemain mon rapport,
traduit par Julie, chez le banquier qui me remet mes honoraires.
    Durant la première année, je fais peu d’affaires, mais elles
se révèlent fructueuses ; tandis que mon merveilleux professeur me donne
des leçons de roumain. De temps à autre, des mots espagnols ou anglais me
viennent à la bouche et Julie s’en amuse. Goûtant une vie de couple parfaite,
je me sens heureux, choyé et j’essaie de trouver, d’inventer des attentions qui
la touchent. Je me suis inscrit à l’Union des Français et participe aux travaux
de la loge maçonnique « le Travail » qui se font en français.
    Le 8 mai, deux événements provoquent moult commentaires dans
le pays : une loi agraire que quatre-vingts pour cent de Roumains
attendaient, et la naissance du Parti communiste roumain. La loi agraire
annoncée, paraît-il, depuis 1917 tend à remédier à la misère de la couche
paysanne en lui permettant de racheter près de six millions d’hectares de
terre, c’est-à-dire plus de soixante pour cent des grands domaines. En réalité
et pratiquement, la loi ne prévoit aucun plan financier, pas plus que la
possibilité d’acquérir du matériel agricole. En définitive, la misère de la
population terrienne ne se modifie absolument pas. Seules quelques rares
familles peuvent se porter acquéreurs de lambeaux de terrains. Les grands
propriétaires continuent à tirer leurs profits de l’exportation du blé et du
maïs cultivés dans les riches plaines d’Oltenie et de Moldavie. Un vrai marché
de dupes. Par voie de conséquence, je comprends mieux, sans applaudir
aucunement, l’instauration d’un mouvement communiste dans cette nation.
J’assiste également au développement de la médecine préventive et à
l’amélioration des conditions sanitaires qui, les années suivantes,
provoqueront une poussée démographique. Julie partage mes conclusions. Il naît
dans sa charmante petite tête une idée qui va faire son chemin.
    — Pourquoi, Adolphe, n’achèterions-nous pas quelques
hectares du côté de Foscani. La terre y est excellente je la connais.
    Puis, se reprenant, et mettant la main devant sa bouche,
elle s’embrouille :
    — Ne pense pas surtout que… enfin… oui, mais mon
premier mari n’a plus de famille. Je te parle de cet endroit parce qu’il me
vient à l’esprit. Pardonne-moi, mon chéri.
    Je réfléchis un moment, puis la prends dans mes bras.
    — Non Julie, je ne te prête aucun calcul dû à des
réminiscences de ton passé. En allant à Vaslui l’hiver dernier, je me souviens
vaguement avoir observé ces plaines à perte de vue, recouvertes de neige. Je ne
pouvais me rendre compte de quoi que ce soit. Nous allons creuser ton idée,
nous renseigner, en tant qu’enfants de la terre et des bois. Cela dépend de ce
que nous planterons et à qui nous le vendrons. Prenons notre temps.
    — Oh ! Adolphe, j’y pense on a déposé un pli pour
toi.
    J’ouvre l’enveloppe et lis. Le message vient de
Corneliu :
    « T’attends demain 9 heures à mon bureau –
urgent. » Je montre le mot à Julie, qui est ravie qu’on me réclame au
ministère.
    À l’heure prévue, Yvan me fait entrer et, la mine chagrinée,
m’annonce :
    — Dans un mois nous fêterons le couronnement de
Ferdinand I er le Loyal et bien entendu sa Majesté se doit de
parcourir quelques villes de son pays. Or, Adolphe, le pont de Valea Larga sur
la Prahova, à quelques kilomètres de Sinaia s’est effondré. Sa Majesté veut
visiter Brasov qui se trouve sur l’autre rive. Peux-tu nous rétablir le passage
dans des délais très courts ?
    Je lui demande quelques renseignements et l’assure de ma
réponse sous quarante-huit heures, le temps d’aller voir sur place les dégâts.
Il accepte mais me précise encore l’urgence. Je repasse chez Julie pour prendre
ma valise et lui expliquer mon départ rapide, puis je bondis dans le train en
partance pour Ploiesti. Là, je trouve un taxi bringuebalant qui me conduit sur
les lieux. D’un seul coup
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