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Kommandos de femmes

Kommandos de femmes

Titel: Kommandos de femmes
Autoren: Christian Bernadac
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le déporté, cette menace du kommando est permanente et c’est toujours avec angoisse qu’il reçoit une nouvelle affectation, même s’il veut se persuader que :
    — Là-bas ce ne peut être pire qu’ici.
    Car sous le nom de « kommando » se cachent d’autres « destinations » beaucoup plus inquiétantes que l’usine, la mine, le chantier : kommando du ciel (chambre à gaz et cheminée du crématoire), transport noir ou kommando sanatorium ou kommando de convalescence (camp où l’on abandonne les malades sans soins, les valides sans nourriture jusqu’à ce qu’ils s’éteignent), Bergen-Belsen, camp où l’on pratique les piqûres de benzine dans le cœur ou l’empoisonnement pur et simple (comme au « camp de jeunesse » de Ravensbrück), enfin kommandos fictifs, kommandos Mittverda de Ravensbrück (Mittverda n’a jamais existé) : les déportées sont chargées sur des camions, embarquent parfois dans des wagons, roulent quelques heures et descendent au point de départ pour être dirigées vers une chambre à gaz.
    Ce dossier, troisième et dernier Tome des Mannequins nus est consacré aux principaux kommandos de Ravensbrück vi  ; Ravensbrück, plaque tournante du travail des femmes, symbole de l’asservissement mais aussi de la Résistance, de la foi en la victoire des femmes de l’Europe.
    C. B.
    *
    * *

II
GENTHIN, LE CAMP SANS MORTS
    Elle sourit.
    Je ne peux l’imaginer que souriante.
    En quelques minutes j’ai compris l’étrange « pouvoir » de ce petit bout de femme, presque bourgeoise, boulotte, mais éclatante, à l’œil irisé. Elle est foi et force. Courage paisible.
    Le chat matois bondit sur les genoux :
    — Vous n’allez pas me prendre pour une mémère à chat !
    Je suis sûr que le chat rit aux anges.
    — …Vous ne direz pas que j’ai la rondeur d’une mémère… Et quand je dis rondeur ! Tout a commencé là-bas. Les autres maigrissaient et moi j’enflais. Une baudruche. Pour une déportée, quel paradoxe ! J’ai sûrement été la plus grosse déportée de toute l’histoire de la déportation et pourtant, je vous jure, que j’ai connu la faim. Plus qu’à mon tour.
    Et Suzanne Weinstein rit.
    Je me demande soudain si j’ai jamais vu rire le docteur Erling Hansen, ce jeune médecin protestant de Saint-Brieuc qui, aidé par un infirmier allemand – de l’administration concentrationnaire – sauva les malades du petit camp de Mulhausen. Mulhausen, le camp sans morts. Je croyais cette aventure unique vii … Elle le fut pour les camps de concentration réservés aux hommes. Cet « inimaginable » allait également se réaliser dans un camp de femmes, grâce au docteur Suzanne Weinstein.
    — Je suis arrivée viii à Ravensbrück le 3 février 1944… avec la diphtérie. Il fallait être « assez fébrile » pour avoir le droit d’aller au revier. Je n’ai été admise que le quatrième jour, après avoir eu trois syncopes pendant l’appel ; à la troisième, je ne me suis pas relevée : alors j’ai été conduite à l’infirmerie. Le fait que j’avais une maladie contagieuse m’a sauvée ; les Allemands avaient très peur de l’épidémie et quand ils voyaient arriver un cas typique de diphtérie ou de scarlatine, on l’enfermait tout de suite. J’avais une diphtérie très grave… prise au quatrième jour c’est déjà bien tard. J’ai commencé à faire des complications : névrite, myocardite, paralysie du foie et le docteur Zenka, une résistante tchèque, a été merveilleuse. Elle s’est arrangée pour se procurer de la strychnine à l’hôpital S.S. grâce à des complicités de détenues tchèques. Elle risquait très gros en volant cette strychnine. Et je l’ai revue pour la première fois l’année dernière… Ce sont des souvenirs.
    Un sourire. Les yeux se ferment. Éclat de rire pour brûler les larmes.
    — Enfin ! Guérie. Le 1 er  juillet 1944, toutes les femmes médecins disponibles sont rassemblées. Je suis réexpédiée au revier mais cette fois pour passer un examen de médecine. Les autorités S.S. voulaient avoir la confirmation que j’étais réellement médecin. Douze jours de « stage probatoire » et je suis expédiée dans le kommando des usines Silva à Genthin où l’on fabriquait des cartouches…
    — Ce n’était plus le grand camp… à peine mille femmes et je me suis trouvée un peu perdue parce qu’il n’y avait pas d’autre Française avec moi. Seule Française
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