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Khadija

Khadija

Titel: Khadija
Autoren: Marek Halter
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on dit seulement : « Ashemou de Loin. » Barrira veut qu'on m'appelle ainsi.
    Khadija approuva d'un sourire, offrant sa nuque à la douceur des jeunes mains qui l'aidaient à nouer ses cheveux d'une fine résille. Maintenant, elle se rappelait.
    Elle avait acquis cette fille au tout début de l'été, après que Barrira lui eut conté son histoire. Au printemps, Yâkût al Makhr, le mercenaire, l'avait capturée lors d'une razzia contre une caravane rejoignant Sohar, très loin dans les pays de l'Est. Yâkût assurait qu'elle était aussi vierge qu'une nouveau-née et, surtout, fille de seigneur. Ce qui était possible. Elle avait la peau très claire, les yeux en forme d'amande et cette distinction des filles élevées sans la crainte des puissants.
    « Elle est plus étrange que belle, avait précisé Barrira. Ce puant d'Al Makhr en demande cher. Trop cher. Personne n'en veut. Pourtant, cette fille n'est pas comme les autres, Khadjiî. Bien qu'elle soit entre les mains de ce malfaisant de Yâkût, elle ne trahit aucune peur. Peut-être ignore-t-elle ce qui l'attend si ce bonhomme ne la vend pas. »
    Khadija connaissait le cœur de Barrira et sa détestation d'Al Makhr, qui portait un égal mépris à tous ceux qu'il pensait inférieurs. Et elle savait aussi ce qui attendait les trop belles esclaves trop chères. Quelle femme aurait pu s'en réjouir ?
    « Achète-la, avait-elle ordonné. On pourra toujours la revendre au pays de Sham si elle ne convient pas. »
    En vérité, cela n'avait pas été une mauvaise affaire. L'achat avait rendu Yâkût al Makhr plus attentif lorsque Khadija, Al Sa'ib et le vieil Abu Nurbel avaient voulu louer ses services pour protéger leur prochaine caravane à destination du nord. Ce qu'il devait être en train de faire à l'instant même.
    Khadija enfila la robe de laine fine alourdie par les torsades de fil d'or.
    — Pour une fille de loin, dit-elle en ajustant ses manches sur ses bracelets d'argent et d'ivoire sculptés, tu parles plus que convenablement la langue du désert.
    — J'ai passé beaucoup de temps au pays de Morâd avec mon père. J'y retournais quand... il est arrivé ce qui est arrivé.
    Une pointe de tristesse s'était glissée dans sa voix à l'évocation de ce cruel moment. Mais aucune crainte ne se lisait sur son visage, où la jeunesse empêchait encore de deviner la femme. Barrira avait raison. Un joli caractère.
    Déjà la vieille nourrice claquait des mains, ordonnant aux servantes de se retirer. Un lourd frottement de sandales venu de l'escalier annonça les serviteurs porteurs des lampes.
    Khadija eut un geste vers la belle esclave.
    — Reste près de moi, fille de loin, réclama-t-elle.
    Les hommes apparurent, conduits par un grand Perse au crâne aussi brillant que du bronze et dont la main gauche était remplacée par un étui de cuir. D'un bref coup d'œil il jaugea la tenue de Khadija. Un fin sourire adoucit ses traits. Avec familiarité, il se tourna vers la vieille Barrira, levant un sourcil en une question muette.
    — Elle n'a pas voulu, grinça la nourrice en chassant les servantes.
    Le rire d'Abdonaï le Perse résonna jusque dans la cour.
    — Je te l'avais dit.
    — Que lui avais-tu dit ? s'étonna Khadija.
    Abdonaï désigna la magnifique tunique que Barrira tenait délicatement sur son bras.
    — Que tu ne voudrais pas porter cette splendeur devant Abu Sofyan.
    Il s'inclina, souriant avec cette assurance qui ne l'avait jamais quitté, pas même durant les années où il n'avait été qu'un esclave du défunt mari de Khadija. Douze ans avaient passé depuis la mort de ce maître qui lui avait tranché la main au combat avant de l'asservir. Il était redevenu un homme libre. Pourtant, quand Khadija lui avait proposé de retourner parmi les siens, en terre de Perse, il avait refusé.
    « Où serais-je mieux qu'ici, si tu veux encore de moi, saïda Khadija ? »
    Depuis, s'il était en ce monde un homme en qui elle pouvait avoir confiance, c'était lui, son garde du corps, son intendant, Abdonaï le Perse.
    Il ajouta :
    — Tout est prêt dans la salle du repas. Abu Sofyan a envoyé deux esclaves porteurs d'une offrande. Une chose lourde et haute enveloppée dans un tapis de Saba. Il ne va pas tarder. Il attend que la nuit soit complète afin que ses serviteurs lui ouvrent le chemin dans les rues de Ta'if avec des torches. Il aime se donner en spectacle.

Le piège des chamelles
    Tout alla vite.
    De nouveaux cris jaillirent
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