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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth
Autoren: Walter Scott
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mot, il lui donna toutes ces assurances que ne manquent jamais de prodiguer ceux qui sont décidés à faire un acte de témérité en dépit des conseils de leurs amis.
    Cependant il accepta l’invitation de son hôte, et il venait de finir l’excellent déjeuner qui lui avait été servi ainsi qu’à Gosling par la gentille Cicily, la beauté du comptoir, quand le héros de la soirée précédente, Michel Lambourne, entra dans l’appartement. Il avait donné quelques soins à sa toilette, car il avait quitté ses habits de voyage pour en prendre d’autres taillés d’après la mode la plus nouvelle ; et l’on remarquait une sorte de recherche dans tout son extérieur.
    – Sur ma foi, mon oncle, dit-il, vous nous avez bien arrosés la nuit dernière ; mais je trouve le matin bien sec. Je vous ferai volontiers raison le verre à la main. Comment ! voilà ma jolie cousine Cicily ! je vous ai laissée au berceau, et je vous retrouve en corset de velours, aussi fraîche qu’aucune fille d’Angleterre. Reconnaissez un ami et un parent, Cicily, et approchez-vous pour que je vous embrasse et que je vous donne ma bénédiction.
    – Un moment, un moment, mon neveu, dit Giles Gosling ; ne vous inquiétez pas de Cicily, et laissez-la songer à ses affaires ; quoique votre mère fût ma sœur, il ne s’ensuit pas que vous deviez être cousins.
    – Quoi, mon oncle ! me prenez-vous pour un mécréant ? Croyez-vous que je voudrais oublier ce que je dois à ma famille ?
    – Je ne dis rien de tout cela, Michel, mais j’aime à prendre mes précautions ; c’est mon humeur. Il est vrai que vous voilà aussi bien doré qu’un serpent qui vient de changer de peau au printemps ; mais, malgré cela, vous ne vous glisserez pas dans mon Éden ; je veillerai sur mon Ève ; comptez sur cela, Michel. Mais comme vous voilà brave ! en vous regardant, et en vous comparant avec M. Tressilian que voici, on croirait que vous êtes le gentilhomme, et que c’est lui qui est le neveu de l’aubergiste.
    – Il n’y a que des gens de votre village, mon oncle, qui puissent parler ainsi, parce qu’ils n’en savent pas davantage. Je vous dirai, et peu m’importe qui m’entende, qu’il y a dans le véritable gentilhomme quelque chose qui n’appartient qu’à lui, et qu’on ne peut atteindre sans être né dans cette condition. Je ne saurais dire en quoi cela consiste ; mais quoique je sache entrer dans une table d’hôte d’un air effronté, appeler les garçons en grondant, boire sec, jurer rondement, et jeter mon argent par les fenêtres, tout aussi bien qu’aucun des gentilshommes à éperons dorés et à plumet blanc qui s’y trouvent, du diable si je puis me donner leur tournure, quoique je l’aie essayé cent fois. Le maître de la maison me place au bas bout de la table, et me sert le dernier ; et le garçon me répond : On y va, l’ami, sans me témoigner ni égards ni respect. Mais que m’importe ? Je m’en moque, laissons les chats mourir de chagrin. J’ai l’air assez noble pour damer le pion à Tony Foster, et assurément c’est tout ce qu’il me faut aujourd’hui.
    – Vous tenez donc à votre projet d’aller rendre visite à votre ancienne connaissance ? dit Tressilian.
    – Oui sans doute, répondit l’aventurier. Quand une gageure est faite, il faut la tenir jusqu’au bout. C’est une loi reconnue dans tout l’univers. Mais vous, monsieur, à moins que ma mémoire ne me trompe, et je conviens que je l’ai hier presque noyée dans le vin des Canaries, il me semble que vous risquez aussi quelque chose dans cette aventure.
    – Je me propose de vous accompagner dans cette visite, répondit Tressilian, si vous consentez à m’accorder cette faveur, et j’ai déjà déposé entre les mains de notre digne hôte la moitié du montant de la gageure.
    – C’est la vérité, dit Giles Gosling, et en nobles d’or dignes d’être échangés contre un excellent vin. Ainsi donc je vous, souhaite beaucoup de succès dans votre entreprise, puisque vous êtes déterminés à faire une visite à Tony Foster. Mais, croyez-moi, buvez encore un coup avant de partir, car je crois que vous aurez chez lui une réception un peu sèche ; et si vous vous trouvez exposés à quelque danger, n’ayez pas recours à vos armes, mais faites-m’en avertir, moi Giles Gosling, le constable de Cumnor : tout fier qu’est Tony, je puis encore être en état de le mettre à la raison.
    Michel,
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