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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon
Autoren: Gérald Messadié
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trouva donc supplanté par les besoins du corps.
    Comment, d’ailleurs, une femme délicate eût-elle pu être amoureuse d’Alexandre de Beauharnais ? Aimer est un don que l’on fait à autrui ; or ce Beauharnais s’aimait tant que c’eût été du gâchis que d’y ajouter. Les fats se suffisent à eux-mêmes.
    Soucieux de rester proche de Versailles, afin d’y courir au premier mandement, Alexandre louait un appartement à Paris, avec un valet de chambre pour toute domesticité. Marié, il dut s’installer dans l’hôtel de son père, rue Neuve-Saint-Charles, où Mme Renaudin faisait office de maîtresse des lieux, Rose régissant le train de maison et veillant à ce que la cave fût approvisionnée en bois et en vin et que la réserve d’eau fraîche fût régulièrement renouvelée à la fontaine voisine.
    Rose dut se monter une garde-robe et commença à courir les marchandes de mode. Elle y prit plus de goût, trop même au gré de son mari. Mais elle était, ironie du sort, conseillée par Mme de Vassogne, aussi paya-t-il sans trop rechigner les factures des faiseuses. Habituée aux tuniques fluides des tropiques, qui faisaient valoir sa sveltesse, elle dut se résigner à s’accoutrer de ces vastes robes à paniers et de ces manteaux assez vastes pour abriter trois personnes. Elle tenait à se montrer digne de l’intérêt affectueux que lui témoignait toujours la marquise de Montesson et à faire bonne figure quand celle-ci invitait le jeune couple à l’une de ses soirées. Le seul point sur lequel elle ne céda pas fut la coiffure : elle refusa les pièces montées sur le crâne suggérées par Mme de Vassogne et garda sa chevelure courte, des boucles sombres qui encadraient son front comme des lauriers naturels.
    Rose aspirait à être présentée à la cour. Tel était pour elle l’accomplissement de la vie d’une personne bien née. Le voeu tarda à être exaucé. Le résultat des ardeurs sporadiques du vicomte en recula l’échéance : elle fut enceinte. Le 3 septembre 1781, elle mit au monde son premier enfant. Ils l’appelèrent Eugène. La fierté du père raviva sa tendresse : il demeura auprès de Rose tout le temps qu’elle se remît de ses couches. Mais il n’était pas homme à rester au coin du feu : le 1 er novembre suivant, il partit pour l’Italie. Il n’en revint que le 20 juillet de l’année d’après.
    Elle l’accueillit avec joie, mais ses illusions fondaient ; elle comprenait que toute vicomtesse de Beauharnais qu’elle fût, elle faisait office de ce qu’on appelait « une fiancée de garnison ». Elle arrivait à dix-huit ans, l’âge où les rêves d’éternelle idylle s’empoussièrent. Il eût été naïf de penser que, pendant ses neuf mois d’absence, Alexandre avait été continent. Le petit bonheur conjugal que la naissance d’Eugène avait offert au couple s’évapora : quarante jours après son retour d’Italie et la tête pleine d’ambitions glorieuses, le vicomte repartit, cette fois pour l’outremer. Il lisait Voltaire et les libelles des libertins ; acquis à leurs idées, il brûlait de participer à la guerre d’indépendance des Américains contre les Anglais.
    Il s’embarqua donc. Il écrivit des lettres affectueuses, peut-être tendres. À son retour, il dut lanterner à Brest ; ce fut là qu’il apprit la naissance d’un deuxième enfant, une fille née le 10 avril 1783, que sa mère avait fait baptiser sous le nom d’Hortense.
    Quand il arriva à Paris, leurs premiers échanges stupéfièrent Rose : il l’accusa, en effet, d’adultère. Quels ragots avaient donc pu lui faufiler pareil soupçon dans la tête ? Car il paraissait furieux et convaincu. Il repartit en coup de vent comme à son habitude.
    Rose, effarée, prévint Mme Renaudin, qui se désola et conseilla de s’expliquer quand l’orage serait passé. Mais il ne passa pas ; deux lettres, l’une du 12 juillet, l’autre du 20 octobre, réitéraient les accusations, ajoutant l’injure à l’outrage : assurant qu’il disposait de preuves accablantes, le vicomte traitait son épouse d’« infâme », et lui ordonnait de se retirer dans un couvent, sous peine de sanctions terribles. Le marquis lui-même, M. de La Pagerie et Mme Renaudin intervinrent et se portèrent garants de la vertu fidèle de Rose : en vain. Le vicomte ne voulait plus habiter sous le même toit que sa femme. Dans sa nouvelle manie, il se brouilla avec tout le monde,
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