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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur
Autoren: Michel Zévaco
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improbable, mystérieuse, et profondément émouvante… Que s’était-il passé ?…
    Presque rien : un incident familier à la plupart des figurants de ce drame :
    Une fanfare lointaine, dans le palais du roi, venait de se faire entendre…
    Une fanfare composée sûrement d’une trentaine de trompettes, au moins ; car, stridente, déchirante, elle perçait si, nous pouvons dire, les voiles épais de tous les tumultes flottants…
    Et c’était la fanfare de Charles VI…
    C’était la marche de triomphe qui se jouait seulement aux jours solennels où Charles VI, en grande pompe, venait occuper ce trône qui, là, au fond de cette salle, semblait l’attendre ?
    Jean sans Peur trembla convulsivement, leva son épée rouge et gronda :
    – Par le tonnerre de Dieu, je…
    Il n’acheva pas. Les deux portes monumentales, de chaque côté du trône, s’ouvrirent ! Un huissier, d’une voix tragique, lança le cri que voulait l’étiquette.
    – Le roi !… Place au roi !…
    La fanfare éclata plus stridente. Par la porte de droite, Charles VI entra et monta sur son trône en grand costume de cérémonie {3} , suivi d’Isabeau de Bavière, défaillante, chancelante, écumante de rage et de terreur, suivi de ses gentilhommes en costume de cour, et tout ce monde brillant, somptueux, vision d’un splendide effet décoratif, prit place autour de l’estrade, tandis que par la porte de gauche entrait Savoisy portant le costume de capitaine des gardes, et suivi de toute la garde royale : archers, pertuisaniers, hallebardiers, piquiers, quatre compagnies complètes de deux cents hommes chacune, – des hommes rouges de sang, les vêtements déchirés, encore tout échauffés de la bataille soutenue à la grand’porte de l’Hôtel Saint-Pol où ils avaient coupé la colonne des Bourguignons, laissant entrer Jean sans Peur, et repoussant ensuite le reste.
    C’était l’œuvre de Brancaillon !…
    C’était l’œuvre de Gringonneur !…
    Dans la rue Saint-Antoine, dans la marche à l’Hôtel Saint-Pol, Jean de Bourgogne avait pris les devants avec environ deux cents des siens et une foule populaire. Un vaste remous d’émeute avait, quelques minutes, arrêté le gros des forces bourguignonnes. Et quand ce gros s’était présenté au pont-levis, la garde royale était déjà là !…
    Cette garde avait été assemblée par Savoisy, nommé sur l’heure capitaine général de l’Hôtel Saint-Pol. Les chefs qui avaient trahi furent remplacés. De tous les palais de l’Hôtel, sortirent des gentilshommes qui, voyant la tournure que prenait la chose, se rangèrent résolument autour du roi. Isabeau fut saisie et gardée à vue. Le coup de théâtre fut préparé en une heure, et lorsque Jean sans Peur crut entrer dans la forteresse où il allait être proclamé roi de France, il entrait dans une chambre de mine dont la mèche était allumée.
    *
    * *
    L’entrée du roi, des gardes, l’envahissement de la salle, la mise en place de cet énorme et magnifique ensemble scénique demanda quelques secondes pendant lesquelles Jean de Bourgogne sentit que la folie allait l’envahir. Convulsé, hagard de terreur, d’étonnement, il bégaya :
    – Vivant !… Charles est vivant !…
    Puis, tout à coup, la fureur le fit grelotter. Il se tourna vers ses guerriers. Il allait jeter un ordre, – un ordre à lui : l’ordre d’attendre… Presque aussitôt, l’un des courtisans du roi s’approcha de Jean sans Peur et lui murmura :
    – Monseigneur, vous êtes ici pour livrer au fou le meurtrier d’Orléans, qui a échappé à l’échafaud et provoqué une émeute contre le roi. Parlez, monseigneur. Dites cela, rien que cela. Toutes les portes de l’Hôtel Saint-Pol sont gardées, et il y a cinq mille archers en bataille, dans la grande cour. Parlez. C’est l’ordre de la reine.
    Jean sans Peur, avec cette mobilité de sentiments qui était à la fois sa force et sa faiblesse, avec l’instantanéité du noyé qui saisit la corde qu’on lui jette, Jean sans Peur lança à Isabeau un regard éperdu qui voulait dire : J’ai compris !… Et il acheva de crier l’ordre :
    – Qu’on saisisse cet homme, et qu’on le porte devant Sa Majesté le roi ! Vive le roi !…
    – Vive le roi ! hurlèrent les Bourguignons qui, eux aussi, comprirent la manœuvre.
    En un instant, Passavant fut traîné jusqu’au pied du trône.
    Et Jean sans Peur, blême d’épouvante et de rage, l’esprit
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