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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur
Autoren: Michel Zévaco
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accompagne jusqu’aux portes de la forteresse royale, mais pas plus loin. En route !… »
    Ils étaient partis à quinze ou vingt, troupe serrée, ardente, farouche, que les bandes populaires laissaient passer, les unes parce que l’aspect de cette troupe traçait un sillon d’épouvante, les autres, en plus grand nombre, parce qu’ils pensaient que c’était un groupe de combattants affiliés. Or, la petite troupe, d’instant en instant, se grossissait ; les Écorcheurs apostés un peu partout par Polifer entre la porte Saint-Antoine et la place de Grève pour assurer sa retraite hors de Paris, venaient le rejoindre ; près de la porte même, le chef des Écorcheurs avait laissé une cinquantaine de ses hommes dont le mot d’ordre était d’égorger la garde et de manœuvrer le pont-levis au moment où Polifer se présenterait pour fuir.
    Près de l’Hôtel Saint-Pol, Passavant et sa troupe furent heurtés par les Armagnacs en marche ; le chevalier vit la dame d’Orléans ; il comprit la suprême tentative du comte d’Armagnac ; il vit déboucher les Bourguignons dans la rue Saint-Antoine et il se dit : « Il faut que je sauve la dame d’Orléans !… »
    Entre lui, Polifer et Tanneguy du Chatel, il y eut un bref colloque. Puis Polifer détacha un homme vers la bande postée à la porte Saint-Antoine.
    Puis toute cette troupe armée d’épées, de piques, de dagues, de coutelas, fonça sur les Bourguignons, au cri de : « Passavant ! Hardi pour la dame d’Orléans !… »

XXVI – L’HÔTEL SAINT-POL
    Il y avait quelqu’un qui regardait tout ce grand massacre comme on peut regarder les images forcenées d’un cauchemar : c’était Laurence d’Ambrun, la mère de Roselys, en marche pour sauver celui qu’aimait sa fille !… Laurence arrêtée place de Grève par la vue de l’échafaud, Laurence bientôt certaine que cet échafaud était là pour Hardy de Passavant avait assisté de loin à la fabuleuse tentative dès Écorcheurs.
    Elle s’était mise en route vers l’échafaud, toute raide, sans voir, se frayant un chemin à travers l’énorme foule, ne se demandant nullement ce qu’elle voudrait ou pourrait faire, soutenue seulement par cette pensée obstinée qu’il lui fallait arriver à l’échafaud. Et elle n’en était plus séparée que par une vingtaine de pas lorsque les démons, figures d’un rêve impossible et pourtant réel, avaient envahi la plate-forme. Passavant était sauvé !…
    Alors, elle avait tenté de le rejoindre. Palpitante, obstinée, silencieuse, elle était entrée dans la rue Saint-Antoine. À chaque minute elle se croyait sûre d’atteindre. Passavant et de lui crier :
    – Où allez-vous ? Venez, venez avec moi, car Roselys vous attend !…
    À chaque fois, une nouvelle vague déferlait et la rejetait loin de celui qu’au prix de sa vie elle eût voulu étreindre en ses bras, car cet homme représentait la vie de Roselys.
    Par un phénomène très explicable, Laurence avait tout à fait oublié qu’elle avait vu le chevalier au logis d’Ermine. La transmutation de mémoire avait aboli tout ce qui, dans cet esprit, édifiait l’artificielle personnalité de Jehanne. Mais, du même coup, toute la mémoire de Laurence, tout son passé, toute sa vie s’étaient reconstitués.
    Laurence, donc, en ces brûlantes minutes où à travers vents et marées, vents d’émeute, marées d’humanités déchaînées, cherchait à se rapprocher du chevalier ; Laurence, disons-nous, évoquait l’époque lointaine où, pareille à un oiseau blessé revenant à l’ancien nid, pâle, désespérée, elle avait regagné l’hôtel Passavant et avait dit à l’enfant : « Y a-t-il place encore pour moi en ce logis d’honneur et de probité ?… Elle revoyait Hardy l’accueillant comme une sœur bien-aimée. Elle le voyait lever ses grands yeux curieux sur Roselys et murmurer : « C’est votre fille, n’est-ce pas ? Elle est belle comme un ange du livre d’heures de madame ma mère. »
    L’amour du chevalier de Passavant datait de cette lointaine minute, étoile tremblotante qui se perdait dans l’immensité des ciels qu’on nomme le Passé.
    Laurence pleurait. Mais c’étaient des larmes plus douces. L’impérieux besoin de se dévouer pour Passavant se fortifiait en elle.
    Que n’eût-elle pas donné pour lui offrir une marque éclatante de sa gratitude et de son amour maternel… oui, maternel, car le chevalier, dans son
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