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Il était une fois le Titanic

Il était une fois le Titanic

Titel: Il était une fois le Titanic
Autoren: G.A. Jaeger
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ou trois rouleaux de plans. Aux murs, des gravures et des photographies de navires illustraient chacun des combats gagnés par le maître des lieux depuis qu’il avait pris la direction de Harland & Wolff. Sa passion pour les navires était partout, elle envahissait sa vie.
    Joseph Ismay était le fils aîné d’un armateur intègre que le milieu maritime avait toujours respecté 10 . Son épouse Margaret, née Bruce, l’avait mis au monde le 12 décembre 1862. En 1889, après avoir fourbi ses armes à New York en tant qu’agent maritime, il avait pris les commandes de la White Star Line, dont le nom avait été racheté par son père pour mille livres vingt ans plus tôt.
    Depuis près de quarante ans, la Star et le chantier de Belfast avaient rivalisé de prouesses pour concevoir et construire des navires performants et sûrs, sans tomber dans les excès de la course au titre du plus beau bateau du monde. La philosophie de Joseph Ismay était plus prudente et consensuelle que celle de son mentor, mais il sentait qu’il devrait bientôt céder aux sirènes de la compétition qui se profilait.
    — J’ai sur ce bureau les esquisses d’une nouvelle génération de paquebots à l’épreuve du temps, lança fièrement William Pirrie. Les trois géants que nous attendions pour déclasser les Cunarders 11  !
    Ismay fut pris au dépourvu par la soudaineté du propos. Les plans des trois navires projetés par les ingénieurs irlandais provoquèrent en lui un curieux mélange d’inquiétude et de fascination. Puis, dans un réflexe que
commandait sa fonction d’armateur, il s’enquit de ce qu’il devrait débourser.
    Pirrie, dont le chantier serait le premier bénéficiaire de ce programme, s’attendait à cette objection détournée. C’est donc avec un large sourire qu’il lui annonça la bonne nouvelle :
    — M. Pierpont Morgan lancera l’année prochaine un emprunt obligataire de 2,5 millions pour la réalisation de ce projet. Je viens d’en avoir confirmation. La White Star Line n’aura donc pas à s’endetter pour mettre sur cale nos futurs Léviathan.
    Une fois de plus, Morgan s’était directement adressé à lord Pirrie. Il ne restait à Joseph Ismay qu’à entériner les décisions. Il en prit à peine ombrage, puis il se pencha sur les croquis ébauchés par le bureau d’études. Mais ses sourcils se froncèrent et son visage s’empourpra lorsqu’il prit conscience de la réalité du projet. Aussitôt, il releva les dimensions extraordinaires des unités qu’il avait devant les yeux. Leur longueur dépassait de 67 mètres leurs principaux concurrents. Quant aux 46 000 tonneaux 12 pour un déplacement 13 de 52 000 tonnes, ils constituaient un nouveau record de jauge !
    James Pirrie se plut à souligner qu’en dépit de l’énormité de ces chiffres ces navires seraient plus économiques que leurs prédécesseurs en termes de consommation et d’entretien.
    — Vu que leurs machines de 42 000 chevaux ne les propulseront qu’à la vitesse de 22 nœuds 14 …
    Ismay acquiesça sans poser de question.
    — Je crois également, poursuivit Pirrie, que pour assurer notre avenir il nous faut privilégier le confort des quelque dix mille personnes que ces trois paquebots pourront accueillir globalement.

    Ismay avait besoin de visualiser ses explications, de les projeter dans son imagination pour mesurer l’ampleur du programme qu’on lui soumettait.
    — Il faut nous démarquer de nos rivaux car nous serons vite trop nombreux sur le segment du transport des passagers à destination de New York, expliqua William Pirrie pour écourter ce silence.
    Les États-Unis, qui avaient reçu plus d’un million d’immigrés par an jusqu’en 1902, avaient en effet limité ce nombre une première fois et s’apprêtaient à le réduire encore.
    — Il est donc nécessaire de s’assurer cette clientèle en lui offrant un accueil digne de notre réputation.
    Du fait qu’elle appartenait à un trust étranger, la flotte de la White Star Line n’était pas liée au cahier des charges de la Navy. Si bien que les ingénieurs de Belfast pouvaient donner à leurs trois nouvelles unités de référence un dénominateur commun : la satisfaction des passagers. La nouvelle philosophie voulait en effet que la quiétude du voyage palliât les aléas de la navigation.
    — Mon cher Ismay, dit le baron Pirrie en le prenant par les épaules, l’avenir appartient à notre clientèle. Nous nous devons de l’attirer
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