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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes
Autoren: William Dietrich
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Tom devait fouiller le bâtiment. J’avais si peu de
temps devant moi que je me laissai carrément tomber dans le
filet d’un pêcheur arabe à qui je chuchotai :
    « Au
rivage, tout droit… et une pièce de plus si tu vas liés
vite. »
    Je
repoussai moi-même la coque du Dangerous, et
le capitaine musulman se mit à godiller comme un fou furieux
vers le port de Jaffa. Deux fois plus vite que de coutume, quoique
deux fois plus lentement qu’il me tardait de le voir faire.
    Je
me retournai pour crier à Smith :
    « Vivement
qu’on se revoie ! »
    Un
fieffé mensonge, bien sûr. Sitôt que j’aurais
glané des nouvelles d’Astiza et satisfait ma curiosité,
au sujet du Livre de Thot, je m’éloignerais des Anglais
comme des français occupés depuis des siècles à
se trancher mutuellement la gorge. J’irais plutôt, avant
ça, visiter la Chine !
    D’autant
que Petit Tom avait retrouvé un Gros Ned rouge d’épuisement
et de rage, et que j’assistais, de loin, à un beau
tumulte, sur le maître-pont. Cette longue-vue de Sidney Smith
était une pure merveille : je distinguais nettement les
détails de la boue huileuse qui recouvrait les traits
convulsés de Gros Ned. J’entendais également sa
voix qui hurlait :
    « Reviens,
dégonflé, que je t’arrache bras et jambes ! »
    Je
lui renvoyai dans le même registre :
    « C’est
toi le dégonflé qui s’est planqué comme un
lâche !
    —  Tu
m’as eu, Américain de merde !
    —  J’ai
fait ton éducation ! »
    Mais
on ne pouvait plus s’entendre. Je vis Sir Sidney agiter son
chapeau en un large salut plein d’humour, et les marins
entreprendre de mouiller un canot de sauvetage.
    « Tu
peux aller encore plus vite, Simbad ?
    —  Pour
une autre pièce de plus, effendi. »
    Le
pêcheur n’avait aucune graisse superflue, mais il
souquait ferme et même s’ils descendaient un canot, avec
Ned toujours vociférant dressé en figure de proue,
j’avais désormais trop d’avance. Smith m’avait
expliqué que Jaffa ne possédait qu’un accès
terrestre et qu’il fallait un guide pour en ressortir. Parti le
premier, j’aurais largement le temps de disparaître.
    Quoique…
Nos poursuivants gagnaient sur nous et, sans consulter mon convoyeur,
je jetai à la mer un filet qui se chargea d’entraver
leurs avirons, sur tribord, les condamnant à pivoter sur place
en braillant des invectives à faire rougir un sergent
recruteur.
    Mon
pêcheur protestait, mais je n’en avais cure et promis de
le dédommager. Il continua de godiller et je le payai double
avant de sauter sur le quai. Fermement décidé à
retrouver Astiza ainsi qu’à résoudre tous mes
problèmes et, dussé-je vivre cent ans, à ne
jamais revoir ni Gros Ned, ni Petit Tom, ni leur élégant
capitaine.

3
    J affa
s’élève, tel un grand pain de sucre, à
partir de sa rive méditerranéenne dont les plages
incurvées s’étendent, désertiques, au nord
comme au sud, dans un même rideau de brume. Son importance, en
tant que port de commerce, lui a été ravie par Acre,
plus au nord. Quartier général de Djezzar-le-Boucher,
elle demeure, en revanche, une cité agricole très
prospère. Un flot ininterrompu de pèlerins à
destination de Jérusalem la traverse nuit et jour, croisant
celui des oranges, du coton, du savon et autres marchandises
exportées. Ses rues étroites sont un labyrinthe menant
aux mosquées, aux synagogues et aux églises juchées
sur sa crête. Des étages illégalement construits
les surplombent, çà et là. Des ânes
surchargés montent et descendent à grand bruit les
escaliers de pierre.
    Si
mal acquis que mes gains eussent été, ils se révélèrent
d’autant plus précieux lorsqu’un gosse me proposa
l’hospitalité illicite d’une sœur, hélas !
peu attrayante. L’argent ne m’en obtint pas moins une
tranche de pain d’agave, une portion de falafel, une orange et
surtout un balcon muni d’un store qui me permit de voir sans
être vu quand une bande de marins anglais outragés
parcourut les allées en quête de ma carcasse.
Bredouilles et à bout de forces, ils se réfugièrent
finalement dans une auberge chrétienne du port afin d’y
noyer ma perfidie dans quelque horrible vin de Palestine, tandis que
je troquais un peu de leur argent contre une djellaba rayée
marron et blanc, des chaussures légères et des braies
bouffantes beaucoup plus confortables, dans cette fournaise, que des
chausses ajustées à l’européenne.
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