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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes
Autoren: William Dietrich
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Sans
oublier deux chemises, une ceinture, une veste et de quoi me
confectionner un turban. Selon la prédiction de Smith,
l’ensemble faisait de moi un membre exotique supplémentaire
de cet empire polyglotte, aussi longtemps que je me tiendrais à
l’écart des janissaires ottomans arrogants et
inquisiteurs en bottes rouges et jaunes.
    Je
découvris, très vite, qu’il n’existait
aucun moyen de transport dans la ville. Pas plus, d’ailleurs,
que la moindre chaussée pavée praticable.
    J’étais
trop prudent, sur le plan financier  – encore un conseil
de Ben Franklin  –, pour acheter et nourrir un cheval. Je
me contentai donc d’un âne largement suffisant pour
m’emmener où j’allais, et ne fis pas de folie, non
plus, dans le choix d’une arme. Juste un long couteau arabe à
lame incurvée, au manche en cuir de chameau. J’ai peu
d’expérience dans le maniement du sabre et je ne pouvais
me permettre d’acquérir un de ces longs mousquets
islamiques richement décorés et si peu maniables. Leurs
nombreux ornements à base de nacre sont très beaux,
mais j’avais pu mesurer leur inefficacité, durant la
campagne d’Égypte, face à des armes françaises
moins jolies, mais beaucoup plus légères.
    Et,
naturellement, aucun mousquet n’arrive à la crosse du
long rifle pennsylvanien que j’avais dû sacrifier, à
Dendérah, pour m’enfuir avec Astiza. Si ce Jéricho
était un vrai métallurgiste, peut-être
pourrait-il m’en confectionner un tout neuf ?
    Afin
de me rendre à Jérusalem, j’engageai, en qualité
de guide et de garde du corps, un grand gaillard barbu, dur en
affaires, nommé Mohammed, tout comme, semblait-il, la moitié
des musulmans de la ville. Grâce à mon arabe élémentaire
et le français primitif de Mohammed, appris au contact des
marchands de coton, mon guide et moi réussîmes à
communiquer. Toujours soucieux d’économie, j’espérais,
en partant tout de suite, diminuer d’une journée le
temps de son engagement. Je ne voulais pas non plus en traînant
à jaffa, prolonger le risque de retomber sur les marins
de Sa Majesté remplis de mauvais vin, mais toujours assoiffés
de représailles.
    « J’aimerais
partir vers minuit, Mohammed. Pour rimper au gros de la circulation
et profiter de la fraîcheur nocturne. Le monde est à
ceux qui se lèvent tôt, comme disait mon ami Ben.
    Si
tel est ton désir, effendi… Tu fuis des ennemis, sans
doute ?
    Bien
sûr que non. Je t’ai dit que tout le monde me trouvait
sympathique.
    Des
créanciers, alors ?
    Mohammed !
Je t’ai payé d’avance la moitié de ton
nuluire exorbitant. J’ai assez d’argent en poche pour…
    Alors,
c’est une femme ! Une vilaine épouse. J’ai vu
les épouses chrétiennes. »
    Non
sans un frisson rétrospectif, il secoua tristement la tête :
    « Même
Satan ne pourrait les calmer…
    Sois
prêt pour minuit, d’accord ? »
    En
dépit de mon chagrin d’avoir perdu Astiza et de ma hâte
de découvrir ce qui lui était arrivé, je
confesse qu’il m’avait traversé l’esprit de
m’offrir, à Jaffa, une petite heure de compagnie
féminine. Toutes les catégories de services sexuels,
des plus simples aux plus pervers, étaient disponibles, à
Jaffa, proposées avec persistance, au mépris de tout
interdit religieux, par de jeunes Arabes délurés au
langage plus commercial que poétique.
    Mais
je suis un homme, pas un moine, et ça faisait un sacré
bout de temps, si vous voyez ce que je veux dire. Mais le navire de
Smith mouillait encore non loin des côtes et si Gros Ned avait
de la suite dans les idées, je ne pouvais courir le risque de
m’adresser à une pute trop simple d’esprit pour
contrarier ses d é sirs
de vengeance. J’y renon ç ai
donc, purement et simplement, fier de mon abstinence et de ma volonté
de renoncement jusqu’à Jérusalem, même si
le désir de copulation en Terre sainte restait le genre de
péché proscrit par curés et pasteurs.
    En
vérité, d’ailleurs, cette loyauté
vis-à-vis d’Astiza me réchauffait le cœur.
Mes épreuves en Égypte m’avaient convaincu de
travailler dur à mon autodiscipline et j’avais passé
le premier test. « Une bonne conscience est un cadeau du
ciel », disait volontiers Ben Franklin, mon maître.
    Mohammed
me rejoignit avec une heure de retard, mais me guida finalement, à
travers le dédale de ces allées au tracé
capricieux, jusqu’au portail de sortie, riche en fumier
répandu. Il fallut payer, ici
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