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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes
Autoren: William Dietrich
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sagesse ancienne ramené par
ses descendants en terre d’Israël. Jérusalem était
donc l’endroit le plus logique où porter les recherches.
Jusque-là, ce Livre de Thot et les rumeurs qui l’entouraient
n’avaient entraîné que périls et
déconvenues. Mais s’il renfermait vraiment les secrets
de l’immortalité et de la maîtrise de l’Univers,
je ne pouvais le chasser de mon esprit et Jérusalem restait
donc un champ d’investigation très plausible.
    Smith
s’imaginait m’avoir converti à sa cause, et,
jusqu’à un certain point, nos intérêts
convergeaient. Je l’avais rencontré dans le camp de
gitans où j’avais descendu Najac. La chevalière
qu’il m’avait donnée m’avait sauvé
d’une pendaison sommaire, quand on m’avait traîné
devant l’amiral Nelson après la catastrophe du Nil. Et
Smith était un héros véritable qui avait brûlé
des bateaux français et sauvé sa peau en appelant, à
travers les barreaux de sa prison parisienne, une de ses anciennes
compagnes de lit.
    Cueillir
un trésor de pharaon dans les entrailles de la Grande
Pyramide, le reperdre pour ne pas mourir noyé, lors de ma
chute en pleine mer avec le ballon dérobé à mon
savant ami Nicolas Jacques Conté, tout cela ne m’avait
permis de fuir les Français que pour me placer à la
merci des Britanniques. Et mon désir forcené de rentrer
aux Etats-Unis afin d’y mener une vie plus paisible, loin des
horreurs de la guerre, n’intéressait visiblement
personne.
    « Tout
en vous renseignant depuis la Palestine sur le sort de cette femme
dont vous êtes entiché, Gage, répétait
Sidney Smith, vous pourrez sonder le degré de résistance
des chrétiens et des juifs à l’invasion de
Bonaparte. Si jamais ils penchent en sa faveur, il faudra que nous
soutenions nos alliés turcs au maximum. »
    Et
m’entourant les épaules de son bras tutélaire :
    « Vous
êtes l’homme qu’il nous faut pour ce genre de
travail, Gage. Rusé, affable, sans racines et sans scrupule ni
croyances susceptibles d’entraver votre enquête. À
vous, les gens n’hésitent pas à se confier parce
qu’ils considèrent que c’est sans importance.
    —  Simplement
parce que je suis américain, pas français ou
britannique…
    —  Exactement.
La personne rêvée pour les besoins de notre cause.
L’engagement d’un homme aussi superficiel que vous l’êtes
va beaucoup impressionner Djezzar. »
    Djezzar,
dont le nom signifiait « le boucher », était
le pacha d’Acre, un être cruel et despotique sur qui les
Anglais comptaient pour combattre Napoléon.
    « Mais
mon arabe est très sommaire et je ne connais rien à la
Palestine.
    —  Aucun
problème pour un agent doté de votre esprit et de votre
énergie. La Couronne a sur place, à Jérusalem,
un confédéré connu sous le nom de Jéricho,
un forgeron de métier qui a servi naguère dans notre
marine. Il pourra vous aider dans votre quête d’Astiza et
l’ensemble de votre mission. Il a même des contacts en
Égypte ! Quelques jours à poser vos questions
avisées, l’occasion de marcher sur les pas de
Jésus-Christ en personne, et vous nous reviendrez sans autres
inconvénients qu’un peu de poussière sur vos
bottes, une sainte relique en poche et tous vos problèmes
résolus. Splendide que les choses tournent dans ce sens !
De mon côté, je vais aider Djezzar à organiser la
défense d’Acre pour le cas où, selon nos
prévisions, Bonaparte marcherait vers le sud. En deux temps,
trois mouvements, vous et moi serons des héros fêtés
dans toutes les assemblées londoniennes ! »
    Quand
les gens poussent la flatterie jusqu’à utiliser des mots
tels que « splendide », il est temps de
vérifier si l’on a toujours son escarcelle en poche.
Mais par les cloches de Big Ben, je brûlais de curiosité
au sujet de ce Livre de Thot et le souvenir d’Astiza était
comme un fer rouge enfoncé dans ma chair. Son sacrifice pour
me sauver avait été l’un des plus mauvais moments
de ma vie. Encore pire, je le jure, que l’explosion de mon
rifle pennsylvanien bien-aimé. Le trou dans mon cœur
était si large qu’un boulet de canon l’aurait
traversé sans me blesser davantage. Un joli madrigal que
j’espérais pouvoir lui dédier bientôt,
autrement qu’en rêve. Alors, bien entendu, je commis
l’imprudence de prononcer, en réponse aux suggestions de
l’Anglais, le mot le plus dangereux de sa langue :
« D’accord ! » Non sans
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